A mesure que le patriarche Teodoro Obiang Nguema perd de la vigueur, son épouse Constancia met en place le dispositif politique qui permettra à leur fils Teodorin de prendre sa suite.
La puissante première dame de Guinée équatoriale, Constancia Mangue Nsue Obiang, travaille à la nomination de nouveaux cadres au sein du gouvernement et du parti au pouvoir, le Partido Democrático de Guinea Ecuatorial (PDGE). Leur principale tâche sera d’accompagner son fils, l’actuel vice-président Teodorin Obiang Nguema, vers le fauteuil suprême.
Son père, le président en exercice Teodoro Obiang Nguema – 78 ans dont plus de quarante au pouvoir -, donne de plus en plus de signes de fatigue. Constancia Mangue peut compter sur le patron du PDGE, Jeronimo Osa Osa Ecoro. Ce dernier pousse pour la formation durant l’été d’un nouveau gouvernement composé uniquement de proches du dauphin désigné pour lui transmettre les clés du pouvoir, alors que les fonctions actuelles de Teodorin se limitent aux questions de défense.
Afin d’accroître l’efficacité de son lobbying au sein du parti, Osa Osa s’était, ces derniers mois, appuyé sur le vice-président de l’Assemblée, Santiago Nsobeya Efuman Nchama, décédé le 8 juillet. Nchama s’était porté garant du transfert de tous les pouvoirs institutionnels dont Teodorin aurait besoin dans sa course à la présidence. Il a aussi travaillé dans les coulisses à aligner la vieille garde du parti derrière l’actuel vice- président. La bataille au sein du PDGE ne sera cependant pas chose aisée.
Certains de ses notables font tout pour éviter que Teodorin ne soit le prochain président, faisant valoir qu’il détruirait la respectabilité du régime. C’est notamment le cas du propre frère du président et ancien ministre de la défense Armengol Ondo Nguema.
Teodorin au cœur des enjeux de sécurité
Selon nos sources, le vice-président est actuellement en train de négocier d’importants contrats de défense avec l’Etat chinois. Israël essaie également de pousser son avantage afin d’obtenir de nouveaux contrats de sécurité auprès du vice-président.
Teodorin envisage ces négociations comme un moyen d’assurer sa propre sécurité en cas de montée sur le trône. Il sait qu’il a de nombreux détracteurs, y compris dans sa famille. Il est notamment la cible de son demi-frère, le ministre du pétrole Gabriel Obiang Lima, que les caciques du pouvoir rendent responsable de la baisse de la production pétrolière.
Au cas où les fonctions de son demi-frère deviendraient plus importantes, Gabriel Obiang Lima pourrait perdre son portefeuille au profit de Pastor Micha Ondo Bilé, actuellement ministre des petites entreprises. Très apprécié des ambassades occidentales, Ondo Bilé pourrait par ailleurs devenir un éventuel président de transition en cas d’empêchement de l’actuel chef de l’Etat, et ainsi préparer Teodorin Obiang Nguema à prendre les rênes du pays.
Alors que Gabriel était jusqu’à peu le chouchou des pétroliers américains (ExxonMobil, Marathon Oil, Noble Energy), Teodorin a tout fait pour se rapprocher ces dernières semaines de l’ambassadrice américaine, Susan N. Stevenson, grâce à sa gestion de la crise sanitaire du Covid-19 dont il est le grand ordonnateur. De quoi lui faire gagner des points de respectabilité auprès de Washington.
Constancia tente de neutraliser l’opposition externe
La première dame a déjà tout prévu en cas d’accélération de la succession et/ou de la mise en place d’un futur gouvernement à la main de son fils. Elle a, à ce titre, discuté avec l’opposition équato-guinéenne exilée en Espagne afin de lui promettre des garanties si certains de ses membres revenaient dans le pays, y compris l’ouverture de certains postes ministériels.
Objectif : éviter qu’elle ne se dresse de façon trop véhémente contre son fils, condamné à plusieurs années de prison avec sursis, notamment en France, dans l’affaire des « Biens mal acquis ». Cette affaire concernait l’utilisation de fonds d’Etat pour l’achat de biens et de voitures en France.
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