CybercriminalitéVu sur Twitter

Ils se font passer pour le président nigérian sur Twitter… et déclarent la guerre à Donald Trump

Un groupe d’internautes français, mis au défi par des camarades, a récupéré un compte nigérian certifié et s’est amusé à déclarer la guerre aux États-Unis au nom du président Muhammadu Buhari.

La blague nocturne aurait pu mal tourner. Une série de comptes Twitter français a été suspendue vendredi matin après qu’un de leurs propriétaires s’est amusé, via le réseau social, à déclarer la guerre aux États-Unis au nom du président nigérian Muhammadu Buhari.

C’est un twitto (un utilisateur de Twitter) français, surnommé Kira, qui est à l’origine de la supercherie. Jeudi soir, il est parvenu à récupérer les accès d’un compte certifié et inactif appartenant à un petit parti nigérian nommé « United Democratic Party » (UDP). Un compte qui n’est pas affilié à Muhammadu Buhari, leader du Congrès des progressistes (APC). « Il a décidé de garder le compte pour ramener ses abonnés dessus, sans idée derrière la tête », raconte Nathfurax, un ami du hacker, qui a suivi l’histoire, au Parisien.

Pour dégoter les codes, pas besoin de logiciels complexes. Tout s’est fait à partir d’une « base de données » Twitter divulguée en 2013, explique un autre twitto membre du groupe, surnommé le « FC Hagra », instigateur de la plaisanterie. « Avec l’aide d’autres bases de données, on peut retrouver les informations des comptes en faisant un minimum de recherches », assure-t-il.

Une blague visant Donald Trump
Nathfurax a donc suggéré à son ami de faire une blague. « Pour rire, je lui ai dit de changer son profil pour avoir l’air du président du Nigeria, vu que le profil était certifié et que c’était crédible de déclarer une guerre en mentionnant un pays. Il a donc mentionné Donald Trump », raconte l’internaute.

C’est ainsi qu’à 22h52 est apparue, dans un anglais approximatif, une déclaration de guerre destinée au président américain. « Je, Muhammadu Buhari, déclare la guerre aux États-Unis ce jour en promettant de détruire les citoyens adhérant à la politique de Donald Trump. @realDonaldTrump, vous avez été prévenu », peut-on y lire.

En l’espace de quelques minutes, les retweets se sont multipliés par centaines. Effrayé par l’ampleur de la réponse, Kira a fini par supprimer le message. Trop peu de temps, donc, pour obtenir une réaction du président américain.

Plus tard, c’est un nouvel internaute, extérieur au FC Hagra, qui a décidé d’usurper, cette fois, l’identité de l’UDP. « Il doit être noté que, bien que ces prétendus hackers aient essayé de s’attaquer à nos ressources via des méthodes enfantines, ces jeunes criminels n’ont en aucun cas les moyens de faire face à la supériorité technologique du Nigeria. Il est impossible pour eux de nous pirater », assurait ce compte parodique, dont le propriétaire n’est pour l’instant pas identifié.

Une « provocation », pour le FC Hagra qui, en réponse, affirme au Parisien avoir ensuite piraté un site faisant partie du domaine du gouvernement nigérian. Ils sont également parvenus à mettre hors ligne le site de l’UDP ainsi que, pendant un temps, le site de la présidence nigériane, rétabli en fin de matinée vendredi.

Une blague passible d’un an de prison
Ces jeunes hackers, qui ont entre 13 et 24 ans, ont-ils peur des représailles ? Pas vraiment, disent-ils. « Je ne pense pas que le gouvernement réagisse », confie l’un d’eux. D’autres proches de Kira plaisantaient encore à ce sujet sur Twitter vendredi matin. Contacté, le ministère des Communications nigérian n’a pas encore pu répondre à nos demandes.

Selon un lanceur d’alerte très présent sur Twitter, et qui a longtemps dénoncé les actions du FC Hagra, le groupe est un aficionado des vols de compte et des actions en masse. Cependant, « c’est la première fois qu’ils font ce coup politique », précise-t-il. Le service de communication de Twitter, contacté par nos soins, ne nous avait pas encore répondu vendredi après-midi.

L’usurpation d’identité en ligne, si elle fait l’objet d’une plainte, peut être punie d’un an de prison et de 15 000 euros d’amende, précise le site de la Commission nationale informatique et liberté (Cnil). Le piratage, quant à lui, peut être puni de « trois ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende », précise le Code pénal.

Paméla Rougerie avec Le Parisien

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