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Front uni du G5 Sahel et de la France contre les jihadistes, Emmanuel Macron s’indigne des discours anti-français

Confrontés à une escalade des attaques jihadistes, les présidents de cinq pays sahéliens et Emmanuel Macron ont convenu lundi de renforcer leur coopération militaire contre les jihadistes, tandis que le président français dénonçait avec colère des discours « indignes » anti-français portés notamment par des « puissances étrangères ».

Comme le leur réclamait le président français, les dirigeants des pays G5 Sahel qu’il avait conviés à Pau (sud-ouest de la France) ont signé une déclaration commune où ils ont « exprimé le souhait de la poursuite de l’engagement militaire de la France au Sahel ».

Une réponse très attendue par Paris à la montée du sentiment anti-français en particulier au Mali et au Burkina. Lors de leur conférence de presse commune lundi soir, ces derniers n’ont cependant fait aucun commentaire sur le sujet.

Les participants ont aussi convenu des évolutions stratégiques de la lutte anti-jihadiste, concentrant leurs efforts sur certains points, augmentant les efforts de formations des armées du Sahel et appelant tous les pays et partenaires souhaitant contribuer à participer à une « Coalition pour le Sahel ».

Alors que les Etats-Unis envisagent un désengagement de leurs troupes en Afrique, les pays du G5 Sahel ont aussi « exprimé leur reconnaissance à l’égard de l’appui crucial apporté par les Etats-Unis et ont exprimé le souhait de sa continuité ».

« C’est un allié important que nous devons sauvegarder, a insisté le Burkinabè Roch Kaboré, président en exercice du G5 Sahel. Leur désengagement « serait une mauvaise nouvelle pour nous », a renchéri Emmanuel Macron. « J’espère pouvoir convaincre le président Trump que la lutte contre le terrorisme se joue aussi dans cette région », a-t-il déclaré.

Pour démontrer la détermination de la France, Emmanuel Macron a annoncé l’envoi de 220 hommes supplémentaires, qui viendront renforcer les troupes françaises de Barkhane, déjà fortes de 4.500 hommes.

Lui qui avait évoqué un possible retrait des soldats français dans la région, critiqués par une partie des opinions publiques africaines, a assuré avoir été pleinement rassuré sur ce point par ses homologues africains.

Interrogé par un journaliste malien qui rapportait les doutes d’une partie de la population de son pays sur les raisons de la présence militaire française, Emmanuel Macron a dénoncé avec colère les discours antifrançais.

« Les discours que j’ai pu entendre ces dernières semaines sont indignes » parce qu’ils servent d’autres intérêts, « soit ceux des groupements terroristes, soit ceux d’autres puissances étrangères qui veulent simplement voir les Européens plus loin, parce qu’elles ont leur propre agenda, un agenda de mercenaires », a dénoncé le président français, dans une possible allusion notamment à la Russie.

« Moi je sais qui est tombé pour la sécurité des Maliennes et des Maliens, des Nigériens et des Burkinabè: des soldats français », a-t-il martelé, en référence aux 41 militaires français tués au Sahel depuis 2013.

Commandement conjoint

Le président français et ses homologues africains – Roch Marc Christian Kaboré (Burkina), Ibrahim Boubacar Keïta (Mali), Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani (Mauritanie), Mahamadou Issoufou (Niger) et Idriss Déby (Tchad) – ont surtout décidé de davantage coordonner leur action militaire en la concentrant sur la zone des trois frontières (Mali, Niger, Burkina), et en visant en priorité l’EIGS (Etat islamique au Grand Sahara).

Cette coordination s’effectuera « sous le commandement conjoint de la force Barkhane et de la force conjointe du G5 Sahel », précise la déclaration commune, qui évoque aussi des mesures pour restaurer la présence de l’Etat, des administrations et des services publics dans de vastes zones où elle n’est plus, notamment au Mali, et la poursuite des efforts en matière d’aide au développement, un des autres axes stratégiques du G5.

Le sommet se concluait par un dîner de travail auquel s’est joint le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki, et le président du Conseil européen, Charles Michel.

L’occasion pour les Africains et leur allié français de plaider pour un appui renforcé des Européens encore frileux à s’investir pleinement dans la lutte anti-jihadiste au Sahel.

Ce sommet s’est tenu au lendemain de l’annonce des pires pertes subies par l’armée nigérienne jeudi dans une attaque jihadiste: 89 soldats tués, dans le camp de Chinégodar, près du Mali.

Selon l’ONU, plus de 4.000 personnes ont été tuées dans des attaques terroristes en 2019 au Burkina Faso, au Mali et au Niger.

Un nouveau sommet associant les Etats du G5 Sahel et la France se tiendra en juin 2020 à Nouakchott, « rendez-vous » pour faire le point sur la stratégie annoncée.

« Il nous faut des résultats probants et rapides, nous jouons tous la crédibilité de chacun de nos pays et de la coalition », a conclu le président Kaboré.

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