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Faure Gnassingbé en route pour un quatrième mandat

L’actuel chef de l’État togolais va briguer un 4e mandat à la tête du pays. Il a été investi, ce mardi 7 janvier, par son parti, l’Union pour la République. 

Au Togo, c’est officiel, Faure Gnassingbé, l’actuel président, 53 ans, a été investi ce mardi 7 janvier par son parti l’Union pour la République pour briguer un nouveau et quatrième mandat lors de l’élection présidentielle du 22 février prochain.

Pas de surprise
Réunis au siège du parti à Lomégan-Agbalepedo dans le quartier nord de la capitale, responsables et militants ont exprimé leur volonté de voir le chef de l’État rempiler à son poste. « Je dis oui », a lancé Faure Gnassingbé devant les militants et sympathisants. « J’ai été informé du souhait des militants de me voir porter encore les couleurs de notre parti à l’élection présidentielle, j’ai remercié et, en toute humilité, j’ai accepté », a déclaré, tout sourire, Faure Gnassingbé, en costume bleu, la couleur du parti. Son dossier devrait être adressé dans la journée à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), informe le média d’État en ligne Republicoftogo.com alors que le dépôt des candidatures s’achèvera demain mercredi 8 janvier.

En poste depuis 2005
Investi président du Togo le 7 février 2005 par l’armée qui l’avait choisi pour succéder à son père, Gnassingbé Eyadema, deux jours après l’annonce officielle du décès de ce dernier après trente-huit ans de règne et en dépit des pressions internationales pour que la légalité constitutionnelle soit respectée à la tête du Togo, Faure Gnassingbé, né le 6 juin 1966 à Afagnan, selon sa biographie officielle, avait dû repasser par la case élection quelques mois plus tard. Près de 25 000 personnes avaient alors manifesté le 19 février 2005 contre ce que de nombreux Togolais appellent encore aujourd’hui un « coup d’État » militaire. Depuis, Faure Gnassingbé a été réélu en 2010 et 2015 et il a finalement fait modifier la Constitution de 1992 amendée en décembre 2002 sur mesure pour feu le général Eyadema.

Une réforme constitutionnelle qui ouvre la voie
Avec la dernière réforme constitutionnelle votée par les députés en mai 2018 ( soit 90 députés sur 91 inscrits), le compteur du nombre de mandats est remis à zéro. Dans ce texte, l’Assemblée nationale a bien introduit une limitation du mandat président : « Deux mandats, pas plus ! » De même, la durée du mandat présidentiel, le quinquennat, est conservée au lieu du septennat proposé dans le projet de réforme. En résumé : le président de la République est élu pour un mandat de cinq ans, renouvelable une seule fois.

Sauf que, le texte n’étant pas rétroactif, il ne s’applique pas pour les trois derniers mandats du chef de l’État. Il peut donc se représenter le 22 février 2020, mais aussi en 2025. Passé par le lycée militaire de Saint-Cyr et l’université Paris-Dauphine en France, Faure Gnassingbé est titulaire d’un master of Business Administration (MBA) obtenu au George Washington University aux États-Unis. Loin de la politique jusqu’à la fin des années 1990, il a longtemps misé sur ce parcours d’économiste et de gestionnaire. C’est encore sur ce terrain qu’il compte engager la nouvelle campagne électorale qui doit débuter le 6 février.

Le président togolais voudrait mettre en avant des indicateurs économiques qui ont valu à son pays quelques applaudissements ici et là des institutions internationales. Comme le souligne RepublicofTogo : « Il veut incarner un Togo qui avance et qui se développe. […] Infrastructures, investissements privés, emploi, éducation, santé, ces secteurs ont connu des avancées notables ces dernières années. Les finances publiques sont gérées avec rigueur et le taux de désendettement a connu un pic historique. » Avec son parti l’Unir, qu’il a fondé en 2012, dans le but de se départir de l’ancienne formation politique du père le Rassemblement du peuple togolais (RPT) – en ordre de bataille le chef de l’État sortant se présente comme un candidat difficile à battre, jeune, et entouré d’une nouvelle génération de ministres et conseillers.

Une opposition pas en ordre de bataille
Surtout que l’opposition est divisée. Le nombre de candidats déclarés officiellement n’est pas encore tout à fait déterminé, mais deux ténors de l’opposition sont déjà dans les starting blokcs. Il s’agit de Jean-Pierre Fabre, le chef de l’Alliance nationale pour le changement, déjà candidat en 2010 et 2015. Il avait été à chaque fois battu par Faure Gnassingbè. Mais on note une évolution puisqu’un candidat « unique » a été finalement désigné. Il s’appelle Agbéyomé Kodjo, il est le chef du Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement (MPDD, ex-Obuts).

S’il se présente comme le candidat unique de l’opposition, désigné par les Forces démocratiques et surtout par l’archevêque émérite de Lomé qui a lancé l’initiative en ce sens – rien n’est fait. Car Agbéyomé Kodjo n’est pas un novice en politique et n’a pas toujours été dans le camp de l’opposition. Il est connu pour avoir été Premier ministre sous Éyadéma père et ensuite président de l’Assemblée nationale. Il a longtemps plaidé pour un dialogue national inclusif et appelé à la suspension du processus électoral se rapprochant un temps du président sortant, mais en vain. « Je pense et je le sens que l’alternance est là en 2020.

Et l’alternance au Togo doit se faire avec tout le monde, y compris avec Jean-Pierre Fabre [le leader de l’ANC, NDLR], car il veut aussi l’alternance. Tout ce que je demande c’est de nous mobiliser pour aller massivement voter. Faites confiance au prélat et au candidat choisi que je suis », a indiqué l’ancien Premier ministre, cité par la presse togolaise.

 Le Point Afrique

Digital Manager - Chef de projet chez Alixcom Dakar | E-mail: saliou@dakar-echo.com | +221 77 962 92 15

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