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Escroquerie par le biais d’un système informatique: 13 jeunes Nigérians risquent un an de prison ferme

Emmanuel Pédro, Samuel Ikatue, Ehi- megbe Gidéon, Abdullah Sanusi, Ibharo- khone Charles, Illuobé Shedrack, Akahomhen Ozézélé, Chidiebéré Ibeabuchi, Oshapi Humphery, Azotama Chibuebzé, Esezorbor Godstime, Polycarp Uzor, Uchenna Odurukwé ont comparu hier à l’audience des flagrants délits du tribunal de grande instance de Dakar.

Les 13 ressortissants nigérians répondaient des faits d’association de malfaiteurs, escroquerie par le biais d’un système informatique, usurpation d’identité numérique, collecte illicite de données à caractère personnel, détention de drogue et de signes monétaires contrefaits. Le procureur a requis 2 ans de prison dont un an ferme contre eux. L’affaire est mise en délibéré pour le 30 octobre prochain.

Les malfrats nigérians ont comparu hier à la barre des flagrants délits du Tgi de Dakar pour les infractions d’association de malfaiteurs, introduction frauduleuse dans un système informatique en vue d’obtenir de bénéfices économiques, collecte de données à caractère personnel au préjudice de tiers non encore identifiés, usurpation d’identité numérique, détention de chanvre indien et de 55 faux billets.

Entendus à la barre, ils ont tous nié les faits qui leur sont reprochés. Ce bien que huit d’entre eux aient été arrêtés pratiquement en flagrant délit dans un appartement situé à Hamo 6- Guédiawaye. Tout est parti d’une dénonciation anonyme reçue par le commissariat de Thiaroye sur les activités illicites des ressortissants nigérians dans la localité.

Arrêtés avec du matériel dont trois ordinateurs et une imprimante, entendus durant l’enquête préliminaire, les prévenus dont la plupart sont des étudiants ont nié les accusations portées contre eux pour faire porter le chapeau à leur frère rentré au Nigéria.

La perquisition et l’exploitation du matériel saisi ont permis de découvrir de faux comptes Facebook avec des noms et des profils de nationalités asiatiques, des virements frauduleux portant sur un à 10 millions de dollars, des faux documents, des photographies de passeports etc.

La pèche en ligne, le business des ressortissants nigérian pour arnaquer des gens sur internet
Le mode opératoire des prévenus consistait à exposer divers problèmes à des correspondants basés dans des pays nantis pour se faire envoyer de l’argent par Western Union avant de fermer les faux comptes.

« Toutes les personnes qui habitent dans l’appartement s’adonnent à cette activité frauduleuse pour arnaquer des gens dans l’internet. Ce qu’ils appellent la pêche en ligne », a expliqué un des prévenus aux enquêteurs. Poursuivant, deux des prévenus ont déclaré de la drogue pour soigner leur ulcère, des maux de tête et de ventre. « Je n’ai jamais usurpé personne, je suis venu au Sénégal sur l’invitation de mon grand frère pour chercher un visa pour la France » a prétendu le nommé Samuel Ikatue.

Dans son réquisitoire, le procureur a indiqué que le matériel trouvé dans l’appartement montre que les 13 présents à la barre s’adonnaient à la « pêche en ligne » pour arnaquer et usurper des personnes à profil réel sur les réseaux sociaux. Demandant la relaxe des prévenus des délits de détention de chanvre indien et de faux billets de banque, le maître des poursuites a requis une peine de deux ans dont un an ferme contre les 13 ressortissants nigérians.

Justement, les avocats de la défense ont dénoncé une persécution et un acharnement qui viserait les ressortissants de ce grand pays anglophone. Ce bien que vivant dans le même espace Cedeao que nous. « Il faut qu’on se respecte et qu’on n’ait pas des préjugés et des clichés pour les gens des autres nationalités vivant parmi nous. On ne peut pas quand même trouver un ordinateur et coller à son propriétaire le délit d’usurpation d’identité numérique. Le regroupement des gens d’une même communauté dans un pays étranger est un réflexe naturel, cela ne peut constituer une association de malfaiteurs », a estimé Me Tall.

Selon lui, ce n’est pas parce qu’on a créé un faux compte qu’il y a usurpation d’identité, le faux profil ou un faux compte n’est pas un délit. Le seul tort des prévenus, ironise-t-il, c’est d’être de nationalité nigériane car aucune personne ni aucune partie civile ne s’est plainte des agissements des prévenus. Selon Me Daff, on doit rendre une justice équitable. Pour lui, au-delà de la matière juridique et de l’infraction, il faut respecter les droits humains.

« Lors de leur interpellation au commissariat de Guédiawaye et à la police de la cybercriminalité, les prévenus ont été entendus sans un interprète agréé. Ils ont été accusés de tous les péchés d’Israël mais le faux ne se décrète pas, il se prouve avec un homme de l’art », termine Me Daff.

Au terme de leur plaidoirie, les conseils des Nigérians ont demandé le renvoi de leurs clients des fins de la poursuite sans peine ni dépens. L’affaire est mise en délibéré pour le 30 octobre prochain.

Mamadou SY

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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