Economie

Croissance mondiale révisée en hausse, les pays pauvres à la traîne déplore mardi la Banque Mondiale

« Les économies avancées vivent leurs meilleurs jours, les pays à faible revenu les pires »: l’économie mondiale va enregistrer cette année sa plus forte croissance en 80 ans mais les pays pauvres, en manque de vaccins contre le Covid, continuent d’être à la traîne, déplore mardi la Banque mondiale.

L’institution de Washington a relevé de 1,5 point à 5,6% sa prévision de croissance mondiale 2021, tirée par un fort rebond de « quelques économies majeures » avancées dont les Etats-Unis.

De leurs côtés, les économies émergentes et en développement vont enregistrer une croissance de 6%.

En théorie, « c’est plutôt (un taux) impressionnant », a réagi Ayhan Kose, vice-président de la Banque mondiale au cours d’un entretien avec l’AFP. « Mais c’est que la Chine joue un rôle important », avec une croissance attendue de 8,5%, explique l’économiste.

Hors Chine, la croissance de ces pays ne sera plus que de 4,4% et si l’on prend uniquement les pays à bas revenus, la croissance tombe légèrement au-dessous de 2%, a-t-il détaillé.

« Les économies avancées vivent leurs meilleurs jours, les pays à faible revenu les pires », dit-il.

La Banque mondiale a en effet amélioré les prévisions pour presque toutes les régions et pays, exception faite des pays à faible revenu.

Les décideurs doivent garder à l’esprit qu’il est « absolument essentiel de vacciner rapidement et de vacciner partout, pas seulement dans les économies avancées ».

La vaccination a pris trop de retard et « nous devrions nous inquiéter de nouvelles vagues » de Covid, a encore commenté M. Kose.

« Bien qu’il y ait des signes encourageants de reprise mondiale, la pandémie continue d’infliger pauvreté et inégalités aux populations des pays en développement du monde entier », a résumé de son côté le président de la Banque mondiale, David Malpass, dans un communiqué.

Inflation et dette
Quelque 90% des économies avancées devraient retrouver leurs niveaux de revenu par habitant d’avant la pandémie d’ici 2022. Seulement environ un tiers des pays émergents et en développement devraient en revanche y parvenir.

En conséquence, l’écart de revenu par habitant entre économies avancées et pays les plus pauvres, qui se réduisait avant la pandémie, va stagner, voire se creuser davantage.

Les Etats-Unis ont bénéficié à la fois d’importants plans de relance et d’une campagne de vaccination rapide et efficace. La Chine profite, elle, d’une forte demande avec la reprise des échanges commerciaux.

Pour autant, malgré le rebond historique, le Produit intérieur brut mondial sera d’environ 2% inférieur aux projections d’avant la pandémie pour cette année, a également détaillé la Banque mondiale.

Les économies à faible revenu cumulent, elles, les difficultés puisqu’elles subissent aussi une aggravation de l’insécurité.

D’autres risques brouillent en outre l’avenir des pays émergents, notamment l’inflation, souligne la Banque mondiale.

« Nous pensons que l’accélération de l’inflation va être temporaire », a indiqué Ayhan Kose.

Mais pour l’heure, les pays à faible revenu sont aux prises avec la hausse des prix des aliments, qui représentent environ la moitié de la consommation des ménages. Et cela conduit à une insécurité alimentaire croissante dans ces pays, met en avant le rapport de la Banque.

L’institution surveille donc cet indicateur comme le lait sur le feu, d’autant que « si l’inflation n’était pas temporaire et que les Banques centrales réagissaient (en augmentant les taux d’intérêt), cela aurait des implications pour les économies émergentes », souligne M. Kose.

Avec une reprise économique désynchronisée à travers le monde, une remontée brutale des taux d’intérêt, en particulier aux Etats-Unis, fragiliserait encore un peu plus ces pays qui seraient confrontés à l’augmentation des coûts de refinancement de leur dette.

David Malpass rappelle qu’avant même la pandémie, la moitié des pays à faible revenu étaient confrontés à des difficultés de remboursement de leur dette ou étaient « à haut risque » de ne plus pouvoir honorer leur dette.

Il exhorte donc à « une coopération mondiale continue » et à une participation du secteur privé pour alléger la dette des plus pauvres des pays.

Par le biais du G20, la Banque mondiale et le FMI ont poussé l’initiative de suspension du service de la dette pour des dizaines de pays à faible revenu. Mais ce dispositif expire à la fin de l’année.

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