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Coup de force des militaires maliens, Ibrahim Boubakar Keïta et le Premier Ministre arrêtés

Des militaires ont pris mardi le contrôle du camp de Kati, d’où était parti un coup d’Etat au printemps 2012.

Après l’annonce de la prise de contrôle du camp de Kati, des manifestants se sont rassemblés sur la place de l’Indépendance de Bamako.

Dans un pays traversant depuis deux mois une profonde crise politique, l’événement ne manque pas de susciter des craintes, comme dans les pays voisins. Des militaires maliens ont pris mardi le contrôle d’une garnison proche de Bamako, faisant s’interroger sur un éventuel renversement du président Ibrahim Boubacar Keïta. Un acte que la France condamne «avec la plus grande fermeté » par la voix de Jean-Yves Le Drian, son ministre des Affaires étrangères.

De son côté, la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), médiatrice au Mali, déclare suivre « avec une grande préoccupation » la situation, « avec une mutinerie déclenchée dans un contexte socio-politique déjà très complexe ».

L’organisation régionale appelle « les militaires à regagner sans délai leurs casernes » et « rappelle sa ferme opposition à tout changement politique anticonstitutionnel », invitant les « militaires à demeurer dans une posture républicaine ».

En milieu d’après-midi, la situation restait confuse dans la capitale malienne et sa banlieue. Une certitude : des militaires ont pris le contrôle dans la matinée du camp Soundiata Keïta, situé à Kati, à une quinzaine de kilomètres de Bamako. « Des militaires en colère ont pris les armes au camp de Kati et ont tiré en l’air. Ils étaient nombreux et très nerveux », a expliqué un médecin de l’hôpital de la ville.

A Bamako, une situation « volatile »
Les raisons de ce coup de colère n’étaient pas immédiatement claires. Ces militaires ont ensuite bouclé les accès de la garnison, selon un correspondant de l’AFP sur place. Un militaire faisant partie de ceux ayant pris le contrôle du camp a affirmé qu’ils détenaient « plusieurs hauts gradés de l’armée, arrêtés par les frondeurs ».

Plusieurs chancelleries occidentales ont fait état de l’arrestation de personnalités politiques, dont des ministres. Celles-ci n’ont pas pu être confirmées de sources officielles, pas plus que celles concernant les hauts gradés. Ni la présidence, ni les services du Premier ministre n’avaient encore communiqué en milieu d’après-midi sur la situation. Celle-ci est « toujours volatile à Bamako », a tweeté l’ambassade de France, en répétant ses consignes de prudence.

Après l’annonce de la prise de contrôle du camp de Kati, des manifestants se sont rassemblé sur la place de l’Indépendance de Bamako pour réclamer à nouveau le départ du président Keïta.

Des manifestations ont dégénéré le mois dernier
Le Mali est confronté à une grave crise socio-politique qui préoccupe la communauté internationale, dont les médiations n’ont jusqu’alors pas abouti. Depuis juin, une coalition hétéroclite d’opposants politiques, de guides religieux et de membres de la société civile multiplie les manifestations pour réclamer le départ du président Keïta, accusé de mauvaise gestion. A cela s’ajoute une « situation sociale délétère », selon la dirigeante syndicale Sidibé Dédéou Ousmane.

Le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques du Mali (M5-RFP), qui mène la contestation, a refusé jeudi dernier une rencontre avec le président Keïta, fixant notamment comme préalable la fin de la « répression » contre ses militants. Le weekend du 10 juillet, une manifestation à l’appel du Mouvement du 5 juin a dégénéré en trois jours de troubles meurtriers.

La crise politique actuelle est partie de l’invalidation par la Cour constitutionnelle d’une trentaine de résultats des législatives de mars-avril, dont une dizaine en faveur de la majorité du président Keïta.

Ibrahim Boubacar Keïta, son fils et le Premier Ministre arrêtés
Le président malien a été arrêté par des militaires, ce mardi en fin de journée à Bamako, quelques heures après le début d’une mutinerie au camp de Kati.

Des militaires « nombreux et nerveux » ont affirmé à l’AFP avoir arrêté le président et le Premier ministre du Mali, laissant les pays voisins et les puissances étrangères craindre pour la stabilité du pays.

Ibrahim Boubacar Keïta se trouvait dans sa résidence de Sebenikoro, à Bamako, lorsqu’il a été arrêté par des militaires mutins, vers 16h30, heure locale. Il était alors en compagnie du Premier ministre, Boubou Cissé, et de son fils, le député Karim Keïta.

Une mutinerie il y a huit ans
C’est du camp de Kati, le 21 mars 2012, alors que les rebelles touareg avaient lancé une offensive majeure dans le nord du Mali et que les djihadistes affluaient en provenance des pays voisins, que des soldats s’étaient mutinés contre l’inaptitude du gouvernement à faire face à la situation. Sous la direction du capitaine Amadou Sanogo, ils avaient chassé le président Amadou Toumani Touré.

Dans les mois qui ont suivi leur coup d’Etat, Kati a été le lieu de nombreuses violences commises contre des militaires considérés comme fidèles au président renversé, ainsi que contre des hommes politiques, des journalistes et des membres de la société civile.

Le coup d’Etat avait précipité la chute du nord du Mali aux mains de groupes islamistes armés, qui ont occupé cette région pendant neuf mois avant d’en être en partie chassés par une intervention militaire internationale lancée par la France en janvier 2013 et toujours en cours. Sous la pression internationale, la junte avait fini par céder le pouvoir à des autorités civiles intérimaires.

Malgré les interventions étrangères, les violences djihadistes, souvent mêlées à des conflits communautaires et à du banditisme, se poursuivent et se sont même étendues depuis 2015 au centre du Mali et aux pays voisins, Burkina Faso et Niger.

Les États-Unis s’opposent à «tout changement extra-constitutionnel de gouvernement» au Mali
Les Etats-Unis s’opposent à tout changement de gouvernement en dehors du cadre légal au Mali, y compris par l’armée, alors que des soldats ont pris mardi le contrôle d’un important camp militaire proche de Bamako, a indiqué l’émissaire américain pour le Sahel, Peter Pham.

«Nous suivons avec inquiétude l’évolution de la situation aujourd’hui au #Mali. Les #USA s’opposent à tout changement extra-constitutionnel de gouvernement, que ce soit par ceux qui sont dans la rue ou par les forces de défense et de sécurité», a déclaré Peter Pham sur Twitter.

Dakarecho

Digital Manager - Chef de projet chez Alixcom Dakar | E-mail: saliou@dakar-echo.com | +221 77 962 92 15

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