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Ces maux silencieux et sournois banalisés dans la société sénégalaise

Une bonne partie de la population en souffre surtout les jeunes garçons et filles, les femmes, en silence. Allant jusqu’à créer un manque de confiance en soi, une phobie et du stress permanent, à perturber leur quotidien, leur scolarité, entre autres.

Le «body shaming» est une pratique très répandue de nos jours. Cette pratique qui consiste en la propension des personnes de se moquer de l’apparence (physique) d’autres est devenu monnaie courante, surtout sur les réseaux sociaux. Perdant peu à peu toute confiance en elles, les personnes qui en sont victimes développent, au fur du temps, de l’anxiété, des troubles du comportement… allant jusqu’à être dépressifs. Quid du «bashing» également, qui consiste au «dénigrement» ? Radioscopie de maux silencieux !

Le «body shaming» est une expression venant de l’anglais et qui consiste à critiquer quelqu’un en raison de sa forme, de sa taille ou de l’apparence de son corps. Dans sa définition, le dictionnaire en ligne linternaute.fr note que le «body shaming», un nom masculin, «désigne le blâme que subit une personne par une autre personne ou un groupe d’individus (souvent sous forme de mots cruels), à cause de l’apparence de son corps, lequel peut être jugé trop gros, trop maigre, trop musclé, etc.

Exemple : Le body shaming témoigne de la trop grande importance que la société accorde au physique». En plus du «body shaming», ces personnes subissent souvent du «bashing» également, un terme qui signifie «dénigrement». Il est dérivé de l’anglais (le verbe) «bash» veut dire frapper, cogner. Mais le «bashing», c’est le fait de «se défouler en critiquant, insultant, colportant des rumeurs et mensonges sur quelqu’un, un groupe ou quelque chose». Dans notre société actuelle, que l’on soit gros ou mince, de petite taille ou de gabarit imposant etc., on a au moins une fois été confronté au «jugement» de l’autre.

Des paroles, signes ou même des gestes renvoyant au physique qui peuvent être blessants pour la plupart du temps. Dans une société où on ne se livre pas beaucoup, où on ne partage pas et ne se confie pas par rapport à ce genre d’attaques (la culture du tabou aidant), certaines de ces paroles moqueurs, à la longue, peuvent directement mener à la dépression.

Le «body shaming» est alors devenu, en l’espace de quelques années, un mal sociétal qui menace l’épanouissement des personnes et qui, avec le développement des réseaux sociaux, s’est répandu un peu partout dans le monde. Pis, certaines remarques peuvent être le fait de membres de la famille, des amis et parfois même d’inconnus, avec les conséquences dévastatrices qui peuvent s’en suivre.

DES CONSEQUENCES SUR LA SANTE
Beaucoup minimisent les insultes, les moqueries relatives au physique de l’autre. Et pourtant, ces humiliations à répétitions et les remarques peuvent créer une vraie détresse psychologique chez certaines personnes, allant jusqu’à la dépression, la dysmorphie (obsession sur un défaut physique), la baisse/manque de confiance en soi, entre autres.

Mais pire encore, des troubles alimentaires peuvent même survenir, après ce genre de phénomène. Selon une étude de l’Université de Pennsylvanie, les personnes qui sont victimes de «body shaming» sont également celles qui ont une santé fragile. Il est à noter que le body shaming ne concerne pas seulement la gente féminine, même si les femmes et les filles sont les plus touchées par ce phénomène qui a pris une proportion démesurée, surtout sur les réseaux.

EN PLUS DES RESEAUX SOCIAUX, LE MAL DES REMARQUES DEPLACEES AU SEIN DE LA FAMILLE
Sur les réseaux sociaux, les personnalités publiques, et pas seulement, sont constamment épiés et reçoivent fréquemment des remarques sur leur physique. Lassées d’être attaquées, ces derniers, pour faire taire certaines rumeurs ou critiques, prennent la parole et se défendent contre leurs détracteurs. Et au Sénégal, ils sont nombreux à subir ce genre de moqueries sur leurs physiques. Et malgré leur désarroi, les détracteurs continuent toujours de s’acharner sur eux.

Faire l’objet de remarques sur son physique a toujours été le quotidien de Maty Samb. «Depuis toute petite, j’ai toujours été fine. Au début, cela ne me dérangeait pas ; mais, au fur et à mesure que je grandissais, j’ai commencé à faire l’objet de remarques du genre : « tu es trop maigre » ou « Te ne manges pas assez ». Et on me comparait souvent avec d’autres personnes. Ce que je ne supportais pas du tout. Peu à peu, j’ai perdu confiance en moi. Le regard des autres pesait beaucoup. Je sortais rarement et même quand je sortais, je fuyais le regard de tout le monde».

Toutefois, Maty nous confie qu’elle était plus touchée par les critiques venant des membres de la famille. «Je me rappelle, un de mes oncles n’arrêtait pas de me critiquer à tel point que je ne voulais plus aller à la maison familiale. Rien qu’en y pensant aujourd’hui, ça me rend triste parce que ça été une période sombre de ma vie.»

LE MOUVEMENT « BODY POSITIVITY » EN REPONSE ET CONTRE LE « BODY SHAMING »
Par contre, pour d’autres, les remarques n’ont pas eu d’effets sur eux. C’est le cas de Mbaye qui nous révèle : «On m’a toujours taxé de grosse-tête. Certains même me taxaient de « kilos bop liibaru yaram ». Au tout début, ça me faisait mal ; mais en grandissant, cela ne m’a plus du tout affecté».

Monsieur Mbaye d’ajouter que «lorsqu’ils ont remarqué que cela ne m’affectait plus, ils ont arrêté. J’en profite pour encourager ceux qui en sont victimes et leur dire qu’il est nécessaire de faire un travail d’acceptation de soi-même, d’avoir un mental d’acier, de tel sorte que ce que disent les autres ne nous atteigne pas». Certaines personnes critiquent sur le physique, alors que d’autres, par contre, aiment critiquer sans raison.

Conscient des dangers du body shaming et en réponse à ce fléau, s’est développé le mouvement du « body positivity » ou « positivité corporelle » qui promeut que tout le monde mérite d’avoir une image corporelle positive, indépendamment de la façon dont la société et la culture populaire perçoivent la forme, la taille et l’apparence idéales.

Adjaratou Marieme Diaw MBAYE 

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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