PolitiqueSociétéVedette - La UNE

Après le refus de Macky Sall d’augmenter les salaires des fonctionnaires: Les syndicalistes ripostent…en se tirant dans les jambes !

Au lendemain du refus catégorique du président de la République d’augmenter les salaires des travailleurs du public, des syndicalistes, en guise de réponse aux propos présidentiels, ont échangés des propos aigres- doux, se balançant allègrement des missiles ! Ce plutôt que de viser l’adversaire…

Face aux leaders syndicaux mercredi dernier 1er Mai, jour de la fête des travailleurs, le président de la République avait tenu un dis- cours de guerre aux centrales syndicales en leur faisant comprendre qu’il ne va pas augmenter les salaires des fonctionnaires de l’Etat. D’ailleurs, il avait demandé qu’on ne lui parle plus de cette question.

Une décision qui a créé une polémique au sein de l’opinion et des syndicalistes en particulier. Mody Guiro, secrétaire général de la Cnts (Confédération nationale des travailleurs du Sénégal), première centrale du pays en termes d’effectifs, a tenu à mettre les points sur les i.

A l’en croire, en effet, la demande des centrales syndicales pour l’augmentation des salaires des travailleurs ne concerne pas le secteur privé mais plutôt le secteur public. Par conséquent, estime-t-il, le président de la République s’est trompé en parlant du secteur privé.

D’après Mody Guiro, il n’y a aucune ambiguïté à leur niveau en tant que dirigeants syndicaux. Cela dit, et toujours selon lui, l’autre question qui touchera le secteur public, c’est essentiellement la révision du système de rémunération des employés de la fonction publique. « Nous ne sommes pas dans le sensationnel. Les revendications, nous les posons régulièrement. Les discussions sont en cours en ce qui concerne les salaires conventionnels. Et je suis persuadé qu’à ce niveau, nous trouverons des solutions.

Mais, sachez-le, les travailleurs sont très bien organisés. En l’absence de dialogue, nous saurons quoi faire. Le deuxième élément est que, sur l’ensemble des questions posées, il y a des questions sectorielles. Sur ce plan également, nous attendons d’avoir des réponses notamment pour le cas de certains travailleurs qui sont renvoyés abusivement dans certains secteurs relevant de l’Etat.

Il y a également la question de l’habitat social et celle de la convention nationale interprofessionnelle. Sur ces deux questions essentielles les centrales attendent des réponses claires, une satisfaction de ces revendications dans des délais très raisonnables », martèle le patron de la première centrale syndicaliste du pays.

Sidiya Ndiaye, secrétaire général de la Fgts (Fédération générale des travailleurs du Sénégal), lui, semble botter en touche les allégations de son collègue. A en croire le redoutable syndicaliste, le président Macky Sall, en prenant cette décision de ne plus augmenter les salaires des travailleurs du public, sait bien que les centrales syndicales n’oseront pas se battre. Car, à l’en croire, leur comportement laisse à désirer.

D’ailleurs, souligne- t-il, mercredi, quand le président de la République a dit qu’il n’augmenterait pas les salaires, il y a certains syndicalistes qui ont applaudi. Ce qui, selon lui, pose problème. Cela veut aussi que les centrales syndicales ont les mains liées. Il faudra par conséquent, estime Sidiya Ndiaye, se poser la question de savoir quelle est l’utilité des centrales syndicales au Sénégal ?

« Vous allez le 1er mai au Palais pour déposer solennellement un cahier de doléances, et récolter des fins de non-recevoir. Et pourtant le chef de l’Etat a dit que le patronat du secteur privé continue les négociations avec les syndicats pour qu’ils revoient leurs copies. Mais, en même temps, l’Etat refuse d’augmenter les salaires.

Cela pose la responsabilité des centrales syndicales. Ou elles se battent, ou elles disparaissent. Les travailleurs, je leur lance un appel solennel à reprendre les instruments de lutte, à mettre à l’écart les dirigeants compromis qui sont incapables d’ouvrir la bouche pour communiquer. L’Etat a aujourd’hui réussi à complètement inhiber l’action revendicative de ces leaders syndicaux-là. En les enrichissant. Les centrales syndicales ne servent plus à rien.

Ce sont les professionnels dans l’Education, la Santé, etc., qui se battent. Pendant ce temps, les centrales syndicales on leur donne 300 millions de francs. Donc, eux, ils mettent 300 millions de francs dans leurs poches et disent que les travailleurs n’ont qu’à circuler, il n’y a rien à signaler. Ils avaient menacé de déposer un préavis de grève. Ils sont maintenant tenus de le déposer et d’engager un bras de fer ou une grève générale. Si elles ne le font pas, les travailleurs devront abandonner », pense le tonitruant patron de la Fgts. A l’en croire, lui et ses camarades vont, à leur niveau, organiser une campagne de dénonciation « contre ces centrales amorphes qui ont presque vendu les travailleurs au patronat et au gouvernement ».

Répliquant à Sidya Ndiaye, Mody Guiro soutient que les préavis de grève, on peut les déposer à tout moment. Il répète que les organisations ont leurs stratégies, leurs plannings, leurs revendications et leurs objectifs. Il y a ce, selon lui, qu’on appelle l’alerte.

L’alerte, c’est, à l’en croire, de crier sur les toits et dire que voilà ce que nous voulons. Si on ne le fait pas, martèle-t-il, voilà ce que nous allons faire.

Sidya Ndiaye : « Nous avons en face de nous des faux-lions » Maintenant, pour la mise en oeuvre, explique-t-il, les gens quand ils verront le déroulement des négociations, ils assumeront leurs responsabilités. Selon M. Guiro, personne ne veut la grève, « que ça soit l’Etat ou les syndicats ». Mais, c’est, pense-t-il, une arme fatale qu’il faut utiliser en dernier recours.

Poursuivant, Mody Guiro pense que le plus important, c’est de s’asseoir autour de la table avec des arguments de taille, convaincants et de trouver des solutions. A défaut de solutions, chacun va assumer ses responsabilités. « S’il n’y a pas satisfaction, on peut aller jusqu’au bout. Vous savez, il n’y a pas à crier sur tous les toits ce qu’on va faire. On a toujours su assumer nos responsabilités. J’ai entendu certains syndicalistes parler. Mais je leur dis que, durant la règne du président Abdoulaye Wade, il n’y a que notre organisation accompagnée par la CSA, qui a osé déclencher une grève générale. Et en le faisant, on a assumé nos responsabilités.

Donc, ce n’est pas des questions sur lesquelles on va s’appesantir », évacue le leader de la Cnts. Hélas ! Revenant à la charge, Sidya Ndiaye soutient que les leaders des autres centrales sont des faux-lions qui n’oseront jamais se battre contre le gouvernement. Parce qu’ils n’ont, à l’en croire, ni la force encore moins la capacité à elles seules de se battre. « Ce du fait qu’elles sont dans la compromission. On a humilié leurs leaders comme des gamins. Et il y en avait pourtant qui applaudissaient. Ce qui montre qu’ils sont tétanisés financièrement.

Ces gens-là ils ne sont pas des syndicalistes, ils sont plutôt des affairistes », cogne le teigneux patron de la Fgts. Réplique sévère de Mody Guiro qui pense que ce sont uniquement les pêcheurs de voix qui sont en train de crier sur tous les toits, en disant que nous allons faire ceci ou cela. Ce qui n’est pas, selon lui, le style de la Cnts.

Mody Guiro : « Seuls les syndicalistes pêcheurs de voix passent leur temps à crier sur tous les toits »

A en croire le successeur du père Madia Diop, « les syndicalistes qui crient partout que nous devons nous battre sont juste dans leur rôle de mauvais perdants. Quand vous êtes devant, vous devez bien accepter de recevoir les coups de ces gens-là surtout de ceux-là qui ne comprennent rien de ce que fait le mouvement syndical. Aujourd’hui, on pense que le syndicalisme, c’est du n’importe quoi, c’est de crier et de parler. Nous, nous sommes une organisation suffisamment responsable. Nous savons ce que nous voulons et où est-ce que nous allons ».

Sidya Ndiaye quant à lui, après avoir souligné que sa centrale n’est pas concernée par ses hausses de salaire puisqu’elle a simplement de- mandé que les indemnités des fonctionnaires soient nivelées.

« Nous allons y revenir et, nous, personne ne pourra nous empêcher de nous battre. Je vous dis bien, personne ne nous empêchera de revendiquer ! Le jour où on nous empêchera de le faire, cela voudra dire que nous sommes plus des syndicalistes », conclut Sidya Ndiaye.

Bassirou DIENG

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

Articles Similaires

1 sur 353

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *