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Ain Husniza Saiful Nizam,une ado malaisienne dénonce sur TikTok le harcèlement des jeunes filles à l’école

Ain Husniza Saiful Nizam, une adolescente malaisienne, a été propulsée leader d’un mouvement contre le harcèlement sexuel à l’école après avoir protesté contre une blague douteuse de l’un de ses professeurs sur le viol.

La jeune fille âgée de 17 ans a raconté cet incident dans une vidéo sur le réseau social TikTok, vite devenue virale et qui a généré des milliers d’autres témoignages d’élèves sur leurs propres expériences de harcèlement verbal ou physique.

Ain a ensuite lancé la campagne en ligne #MakeSchoolASaferPlace (Rendons les écoles sûres) malgré de nombreuses réactions hostiles, une menace de viol et un avertissement d’exclusion de son établissement.

« Quand j’en ai parlé, j’ai reçu tellement de messages haineux, je ne sais pas pourquoi », explique-t-elle à l’AFP. « Il s’agit juste de rendre les écoles plus sûres, qu’y-a-t-il à débattre? »

Ces réactions ont renforcé sa détermination à se battre contre ce qu’elle voit comme un traitement humiliant des jeunes filles par le système éducatif malaisien.

« On ne peut pas laisser ce système abusif continuer dans nos écoles ».

Ain avait enregistré en avril sur son téléphone une vidéo — qui compte 1,8 million de vues à présent — après une blague de son professeur de sport qui l’avait révoltée.

Devant son miroir, elle décrit dans sa vidéo comment son professeur a commencé à discuter de la lutte contre le harcèlement sexuel contre les élèves, filles ou garçons.

Il a rappelé les lois protégeant les mineurs contre les agressions sexuelles et a remarqué que si les garçons voulaient commettre un viol, ils devraient plutôt s’attaquer à une femme d’au moins 18 ans.

« Culture toxique »
« Il a vraiment dit ça, et les filles sont restées silencieuses », dit-elle. « Mais les garçons, oh, ils rigolaient, comme si c’était drôle de faire une blague sur un viol ».

La vidéo d’Ain a déclenché une réaction immédiate et poussé de nombreux jeunes à parler de leurs propres expériences de harcèlement tandis que des militants des droits des femmes l’ont félicitée d’avoir pris la parole.

La vidéo a vraiment appuyé sur un point sensible, remarque-t-elle, parce que ce harcèlement « touche des élèves partout en Malaisie ».

« Ca prouve qu’il ne s’agit pas juste d’un plaisanterie d’un professeur, mais que cela affecte le système éducatif dans son ensemble ».

Des ONG soulignent que le harcèlement dans les écoles est un problème de longue date, avec des plaintes contre des attaques verbales ou physiques mais aussi parfois des palpations intrusives des sous-vêtements des jeunes filles pour vérifier si elles ont leurs règles.

Les jeunes filles musulmanes des écoles islamiques sont dispensées de prière quand elles ont leurs règles, mais certaines encadrantes les soumettent à ces vérifications humiliantes.

Pour l’organisation de protection des droits des femmes Awam, la vidéo d’Ain est arrivée à un moment où le harcèlement sexuel à l’école suscitait de plus en plus d’inquiétude et a constitué l’étincelle nécessaire pour démarrer un débat national.

Cet incident « a été si choquant qu’il a forcé les gens à reconnaître » le problème et il « a mis l’accent sur une normalisation de la culture du viol dans les écoles », selon la dirigeante de l’association Nisha Sabanayagam.

Elle appelle à des réformes urgentes pour « s’attaquer à une culture toxique de harcèlement sexuel dans les écoles ».

Mais Ain a reçu aussi beaucoup d’attaques, dont beaucoup à connotation sexuelle, et peu de soutien des autorités.

« Ceux qui parlent sont sanctionnés », déplore-t-elle.

Après sa vidéo, elle a arrêté de fréquenter son école de Puncak Alam, proche de la capitale Kuala Lumpur, craignant pour sa sécurité, et a été menacée d’expulsion.

« Ils s’en moquent »
« Beaucoup de jeunes de mon âge et de militants se battent pour attirer l’attention sur ces questions », observe-t-elle. Mais « j’ai vraiment été choquée de voir que les officiels, ceux qui ont le pouvoir (…) s’en moquent ».

Le ministère de l’Education a expliqué que la lettre menaçant la jeune fille d’expulsion avait été envoyée automatiquement après ses absences.

La police a lancé une enquête et le professeur mis en cause a été transféré de l’école temporairement.

Le ministère a insisté « donner la priorité à la sécurité et au bien être des élèves ».

« Je voudrais vraiment que les adultes écoutent mon histoire et fassent ce qui est bien pour nous, les enfants », espère Ain.

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