Cryptomonnaie

Sam Bankman-Fried, la chute vertigineuse d’une superstar des cryptomonnaies

Hier superstar du secteur des cryptomonnaies, aujourd’hui comparé à Bernard Madoff, l’auteur de la plus grande escroquerie financière de l’histoire: Sam Bankman-Fried est tombé de son piédestal après la faillite de sa plateforme FTX.

Changpeng Zhao, le patron de la plateforme concurrente de cryptomonnaies Binance, l’a qualifié de « psychopathe ». C’est un « menteur compulsif », selon le député démocrate Ritchie Torres, un « escroc » pour l’éditorialiste Jim Cramer.

L’été dernier pourtant, le prestigieux magazine Fortune se demandait encore si l’entrepreneur de 30 ans était le « prochain Warren Buffet », légendaire milliardaire américain comparé à un oracle pour ses conseils en investissement.

« SBF » s’était forgé, en seulement quelques années, une réputation de patron à succès et de généreux philanthrope. Il avait participé à populariser auprès du grand public les devises virtuelles, devenant une coqueluche des médias et un interlocuteur privilégié du monde politique et des régulateurs.

Chevelure abondante, souvent vêtu d’un T-shirt et d’un bermuda, il s’était en effet fait le chantre d’une meilleure régulation du secteur des cryptomonnaies.

Mais la brutale implosion en novembre de FTX, encore valorisée 32 milliards de dollars en début d’année, a révélé un personnage aux pratiques managériales déconcertantes, au train de vie dispendieux et au comportement erratique.

« Jamais dans ma carrière je n’ai vu un échec aussi complet des mécanismes de contrôle d’une entreprise et une absence aussi flagrante d’informations financières fiables », a fustigé le mois dernier dans un document judiciaire John Ray, qui a remplacé Sam Bankman-Fried à la tête de FTX après le dépôt de bilan.

M. Ray, qui a supervisé plusieurs procédures de faillite dont celle de l’ex-géant énergétique Enron, a décrit le fonctionnement déroutant de l’entreprise sous SBF: d’après lui, des notes de frais étaient validées par des emojis, et des employés avaient pioché dans la caisse pour acheter des résidences aux Bahamas où FTX est basé.

Sam Bankman-Fried se voit surtout reprocher d’avoir utilisé indûment l’argent déposé par des utilisateurs de FTX pour financer des paris risqués d’Alameda Research, un fonds spéculatif qu’il a aussi créé. Plusieurs milliards de dollars apportés par des clients de FTX restent à ce jour introuvables.

Au total, la justice américaine a émis huit chefs d’inculpation, dont fraude par voie électronique et blanchiment d’argent, contre Sam Bankman-Fried. Arrêté en début de semaine aux Bahamas, il risque une longue peine de prison.

« J’ai merdé »
M. Bankman-Fried, qui s’est répandu dans les médias et sur les réseaux sociaux ces dernières semaines en dépit des lourdes menaces judiciaires, nie toute escroquerie.

« Je voudrais commencer par déclarer formellement et sous serment: j’ai merdé », avait-il néanmoins prévu de déclarer mardi à des députés américains lors d’une audition, à laquelle il n’a pas participé à cause de son arrestation.

Son air contrit des dernières semaines offrait un contraste saisissant avec la posture confiante qu’il affichait jusqu’alors.

Originaire de Palo Alto en Californie, M. Bankman-Fried a travaillé pour un fonds de Wall Street après des études au Massachusetts Institute of Technology (MIT), puis a lancé Alameda Research en 2017 et FTX en 2019.

Fort de son succès éclair, il a noué de prestigieux partenariats avec la légende du football américain Tom Brady, la top modèle brésilienne Gisèle Bundchen, ou encore le comédien Larry David, apparu dans une publicité pour FTX diffusée pendant le Super Bowl, l’événement sportif le plus regardé aux Etats-Unis.

M. Bankman-Fried s’était aussi posé en chevalier blanc d’un secteur parfois à la dérive, venant à la rescousse de plusieurs sociétés en cryptomonnaies en difficulté.

Ce vegan revendiqué était par ailleurs une figure de proue de l’altruisme efficace, une doctrine philosophique incitant les plus riches à redistribuer leur argent pour des causes qu’ils jugent primordiales.

Il avait également utilisé ses deniers personnels pour contribuer à des campagnes électorales de candidats démocrates et républicains. Des donations désormais soupçonnées de lui avoir servi à s’attirer les faveurs de la classe politique.

Estimée un temps à plus de 20 milliards de dollars, la fortune de M. Bankman-Fried s’est presque entièrement volatilisée ces dernières semaines.

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