Diaspora

Retour « volontaire » versus « forcé » : le parcours de deux migrants sénégalais rapatriés de Belgique

Derrières les chiffres des retours « volontaires » et « forcés » se cachent des réalités parfois contrastées. Pour mieux comprendre, le journaliste de la VRT, Stijn Vercruysse, s’est rendu au Sénégal, un pays vers lequel la Belgique pratique des retours volontaires et forcés.

« Ne pas revenir les mains vides »
Au coeur de Dakar, la capitale sénégalaise, Pape Gueye s’est vu forcer de revenir ici après avoir été expulsé de Belgique. Ce Sénégalais de 25 ans tente de joindre difficilement les deux bouts en travaillant dans cette petite entreprise.  » Ici on tente de réparer les ordinateurs qui sont en panne « , explique-t-il en montrant un tas de pièces informatiques.

Pape Gueye fait partie de ces Sénégalais qui ont embarqué dans un bateau en direction de l’Europe pour tenter une vie meilleure. Il a dépensé 5000 euros pour venir en Belgique. En séjour illégal, il vendait des chaussures de seconde main à Bruges avant d’être arrêté et expulsé.  » Ils m’ont menotté jusqu’à l’avion. S’ils avaient laissé mes mains libres, j’aurais fui, parce que je ne voulais pas retourner ici, lance le jeune homme. J’ai dépensé toute ma fortune pour cette traversée. Tout mon argent y est passé. Je ne voulais pas revenir ici les mains vides. « 

Sans bagage ni argent
Après son expulsion à Dakar, Papa Gueye explique qu’il a été livré à lui-même. Il vit aujourd’hui avec son frère mais il lui a fallu des mois avant d’oser revoir sa famille.  » Mon grand-frère doit de l’argent à tout le monde « , insiste son frère. La réintégration dans sa ville natale a été compliquée après son expulsion forcée de Belgique.

Entre honte d’être endetté et traumatisme d’avoir été expulsé, la réintégration dans le pays d’origine est un véritable défi pour les migrants. « Quand ces gens, parfois ces enfants, reviennent à la maison, il y a cette tendance à les traiter comme s’ils avaient échoué, explique Michele Bobassei de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Les isoler, les couper de la vie en communauté, c’est important de changer cela « , poursuit encore cet expert.

Retours volontaires
Selon l’OIM et les autorités belges, des problèmes de ce type se posent moins en cas de retour volontaire. Badara Ndiaye a effectué un retour volontaire vers le Sénégal après avoir séjourné illégalement en Belgique, entre débrouille et stress permanent.  » J’ai choisi de revenir dignement, sans menottes à l’aéroport « , explique-t-il. Ce Sénégalais a bénéficié d’une prime de 2000 euros accordée par les autorités belges via l’accompagnement de l’OIM. Une somme qu’il a investie dans une entreprise de construction où il travaille désormais.

Encouragés par le gouvernement belge, les retours volontaires sont pourtant en perte de vitesse ces dernières années. Le nombre de demandeurs d’asile et de migrants qui rentrent dans leur pays d’origine via un  » retour volontaire  » est passé de près de 4700 à un peu plus de 3000 en 2017. En matière de  » retour forcé  » aussi, les chiffres sont à la baisse. Leur nombre a diminué ces dernières années, passant de 8000 à près de 6000.

« Aides » au retour volontaire
Selon le site de Fedasil, ceux qui acceptent de repartir  » volontairement  » chez eux peuvent bénéficier d’un coup de pouce financier. Outre le billet d’avion et leur ticket de bus, les migrants ont droit à une prime d’installation de 250 euros par adulte et 125 euros par enfant. Et s’ils démontrent un projet sérieux de réintégration dans leur pays d’origine qui les aidera à trouver un emploi sur place, les migrants peuvent compter sur un soutien financier plus important.

Avec RTBF

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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