PolitiqueSociété

Promotion de la bonne gouvernance: quand le procureur de la république fait écran

Après la publication par l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) des interrogations demeurent sur le traitement que le procureur de la République va accorder aux cinq demandes d’ouverture d’une information judiciaire. En effet, depuis mai 2016, date de la publication du premier rapport d’activités, les recommandations de l’Ofnac au procureur de la République n’ont jamais été suivies d’effet.

Dans le cadre de ses deux rapports d’activités (2017 et 2018) remis au chef de l’Etat, le vendredi 28 février dernier, l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) a informé avoir transmis au Procureur de la République cinq dossiers pour les besoins de l’ouverture d’une information.

Au lendemain de la publication officielle de ces documents, tous les yeux sont rivés vers le Palais de justice Lat Dior de Dakar où se trouvent les locaux du maitre des poursuites. Plusieurs personnes s’interrogent notamment sur la suite à donner aux cinq demandes d’ouvertures d’une information judiciaire requise par Seynabou Ndiaye Diakhaté, présidente de l’Ofnac et son équipe.

En effet, depuis 2016, année de la publication du premier rapport d’activités de cet organe de contrôle créé en décembre 2012 par le président de la République pour prévenir et lutter contre la fraude, la corruption, les pratiques assimilées et les infractions connexes, les recommandations de l’Ofnac au procureur de la République n’ont jamais été suivies d’effet.

Dans son premier rapport d’activités 2014-2015 rendu public, le 24 mai 2016, soit deux ans après sa création, l’Ofnac avait épinglé la gestion de plusieurs personnalités publiques proches du président de la République.

Toutefois, aucune suite n’a été donnée à ces supposées fautes de gestion.
Au contraire, on a même assisté à une sorte de prise de position du maitre des poursuites pour ces personnalités proches du président de la République lors de la conférence de presse qu’il avait convoquée sur l’affaire de la Caisse d’avance de la ville de Dakar.

Interpellé par des journalistes sur le sort réservé à ce rapport de l’Ofnac, le 3 mars 2017, Serigne Bassirou Gueye pour ne pas le nommer, tout en confirmant les propos de l’ancienne présidente de l’Ofnac qui avait annoncé que sa structure, conformément à la loi, a transmis 9 dossiers à la justice, a toutefois tenu à minimiser.

«Je sais qu’il y a beaucoup de bruit autour de cette question. Vous verrez que c’est comme un mauvais gruyère, y a plus de trous que de fromage», avait-il déclaré. Interpellé 12 juin dernier lors d’une autre conférence de presse sur l’affaire Pétro-tim notamment les contrats pétroliers et gaziers, Serigne Bassirou Guèye contre toute attente, avait annoncé que ce dossier avait été retourné à l’envoyeur pour non-respect du principe de contradiction. Toutefois, cette réponse n’a pas tardé à faire sortir de sa réserve la présidente de l’Ofnac.

En effet, s’exprimant le 26 juin en marge de l’atelier de validation technique du rapport sur la stratégie nationale de lutte contre la corruption, Mme Seynabou Ndiaye Diakhaté a formellement rejeté les arguments du procureur de la Répu­bli­que, Serigne Bassirou Guèye.

«J’ai beaucoup de respect pour mon collègue, le procureur de la République. Mais, ça m’étonnerait qu’il puisse nous retourner un dossier. La procédure pénale à l’Ofnac n’est pas celle qui est prévue dans le Code de procédure pénale. Ensuite, l’Ofnac ne travaille ni sous l’autorité ni sous la direction du procureur de la République. Ce sont les officiers et les agents de Police judiciaire qui travaillent sous son autorité. L’Ofnac n’est ni l’un, ni l’autre. Le dossier du Coud a été transféré au procureur de la République depuis quatre ans. Lui-même, il le dit. Il nous dit qu’il a reçu 19 dossiers de l’Ofnac et aucun dossier n’a été exploité. Je l’invite plutôt à exploiter les dossiers de l’Ofnac pour prendre une décision. Si je devais contribuer à son travail, je lui aurais suggéré de saisir son juge d’instruction qui, par voie de délégation judiciaire, pourrait saisir son officier de Police judiciaire et de lui demander de poser des actes. Ce que le procureur ne peut pas faire vis-à-vis de l’Ofnac», avait-elle martelé.

Pour rappel, parmi les dossiers transmis par l’Ofnac et qui dorment dans les tiroirs du procureur de la République depuis maintenant des années, il y’a autres l’affaire des 94 milliards F CFA, l’affaire Petro-tim relative aux contrats de cessation des blocs pétroliers et gaziers de Cayar offshore profond et Saint-Louis offshore profond, l’affaire du Coud, de la Poste pour ne citer que celles-là. Et le dénominateur commun de toutes ces affaires reste le lien de proximité que partagent les responsables épinglés avec le président de la République.

Nando Cabral Gomis

Digital Manager - Chef de projet chez Alixcom Dakar | E-mail: saliou@dakar-echo.com | +221 77 962 92 15

Articles Similaires

1 sur 306

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *