EditorialPoint de vue

Ode pour des hommes à la recherche du temps perdu… Par Jean Pierre Correa

« Si La Mélancolie n’existait pas….Les Rossignols roteraient…» E. Cioran

Quand le Professeur Occultis essayait de déraciner et d’égarer les Baobabs , Et que Matar Khaly Mbaye veillait.
J’appartiens à cette génération qui, avec le Certificat d’études, pouvait écrire un roman.

Cette génération dont la maitrise de la langue française était l’objectif forcené de ses administrations d’écoles. Ma génération a ingurgité l’Esprit et la Lettre de la langue et malgré les coups et le fameux Symbole qui les interdisaient, maitrisait et perpétuait la beauté de ses Langues Mères.

Ma génération a eu la Chance et l’honneur de se retrouver avec de grands et pédagogiques esprits, de l’élémentaire au Supérieur, des Esprits issus de cette volonté de Rigueur et d’excellence, des Maîtres et Professeurs rompus aux Codes et Arcanes de la recherche – passion, des Cheikh Anta Diop, Iba Der Thiam, Cheikh Ba, Omar Kane, Mbaye Gueye , Pathe Diagne, Abdoulaye Batchily, Semou Pathe Gueye, Kasse, Boye, Arame Fall, et, des Coopérants de Talents comme Jean Laplanche, Jean Leborgne, Marcel Leroux qui a créé l’École de Dakar de Climato avec la théorie des Alizés, l’immense Paul Moral qui dessinait et écrivait à la main, ses cartes et Polycopiés de soutien et illustration, mieux que leurs machines perfectionnées, avec Ceux et Celles que tu connais plus près de toi…

J’appartiens à cette génération d’étudiants qui, en un cycle de deux ans appelé DUEL ou DUES, ont appris les Fondamentaux et les Rudiments de la recherche et de l’enseignement de leur discipline.

J’appartiens à la génération Culturelle de Senghor le Poète et de ses compatriotes du Front Culturel qui ont réveillé les fibres nationales et nationalistes et l’âme des langues nationales que le colonisateur rangeait au rang de vernaculaires. Ces Courages qui ont donné à leurs jeunes frères, l’envie insatiable de retrouver et de révéler leur culture.

J’appartiens à la génération de Serigne Fallou et de Serigne Cheikh Fall Baayu Góor, de Mame Abdou et de son fils Al Maktoom, celle de Barkhama Niasse, de Mame Rane et de Baye Abdoulaye au verbe Laye Laye, de Saidou Nourou l’héritier de l’apôtre, Elhadj Ibou Sakho l’éloquence, de Monseigneur  » Yaa SELL  » Thiandoum et de Père Michel.

La génération bercée par les prodiges de Baye Cheikh Ndaw alors qu’il y avait Baye Ginaar et Sekou à Colobane  » où s’était renversée la bouteille d’huile de palme qui interdisait d’affronter le Mandiago « , tant de figures populaires de la Parole et de la Transmission ont versé dans nos jeunes mémoires , les goûts, les verbes et les Couleurs que nous fîmes nôtres.

Nous avons écouté Cherif Fall nous amener les Grands griots de cette grande Nation, broder la grande Histoire de notre peuple et de ses héros de Légende, sur les notes des derniers des grands Gawlo , Alioune Fall dirigeait alors la RTS.

Nous avons admiré Alassane « Alou » Ndiaye, Golbert Diagne, Balla Basse Diallo , Laye Diaw… Et les Divas que Radio Sénégal faisait entrer dans chaque foyer. Nous avons écouté les derniers Bardes, les derniers Conteurs du cru, Mame mon ami Mapenda Sarr, Génération Mame Gorgui Ndiaye, l’enfant Chéri de Dakar, Robert Diouf, Doudou Baka Sarr, Fode Doussou Ba et Falaye Baldé, Yande Koddu et les 4 femmes dans le vent.

Hommage à mon grand Cheikh Tidiane Tall, Sombel Faye et Lalo Keba, Penda Madam, Gallaye Ali Fall.

Combien êtes-vous qui nous avez bercés de vos harmonies ?

Nous sommes presque les derniers à avoir vécu dans les grandes concessions où tout se partage avec Grand-mère et Grand-père, alors que les femmes ne rêvaient pas encore d’appartements égoïstes….

Nous avons marqué combien de  » Polo « … Nous avons dansé à combien de  » Ndiago Bars  » … Nous de la rue 67 x 62, qui hurlions nos joies quand Mbemba Dieme les terrassait à  » Làmbi Joola  » de Fass…

J’appartiens à la génération Khardiata Bodiel, qui guérissait sorciers et mangeurs d’âmes…

Génération Sanfoune et Thialang qui chantait  » Demoo Baraasaa di xool « …

J’appartiens à la génération des  » petits Camps « , des soirées dansantes et  » bals poussière  » où Labbah régnait dans les oreilles et dictait  » Aminata  » jusqu’au village…

Quand les duels des équipes fanions animaient nos quartiers des petits déjeuners aux diners…

La rivalité amicale des Ténors des courses automobiles, Goettel, Dumoulin, Daniel Thiaw , Daniel Andrade et l’âge d’or du Vélo avec les frères Barboza…

Père Ndiaye faisait du Faux lion, un Vrai qui nous pourchassait dans les rues propres de Dakar où le service d’hygiène faisait vraiment sa loi jusqu’au Canari des Chambres de nos mères , remplis par les HONDO du Fuuta et de la Mauritanie , dont l’un est devenu Milliardaire…

Lecteurs de Zembla , Akim et Rodeo, et de « Salut les Copains  » qui nous faisait adorer les Stars d’Occident , nous, alors photocopieurs de modes d’ailleurs et d’idées de gauche pour frimer dans les grands places avec Marx et Gramsci.

Nous qu’on nourrissait de beignets Coppati et de Pain thon, qui portions  » Pattes d’éléphants  » et chemises cintrées sur  » Têtes de Nègres  » cirées à la sueur…

C’est nous-mêmes qui nous sommes réveillés de dérapages et de perditions ratées et nous sommes réconciliés avec les nôtres.

Et nous avons mis sur la table de chevet nos Paroles et Livres…

Et je suis retourné m’abreuver à l’école de nos Grands Maîtres de Langues…
Sëriñ Moor Kayre
Sëriñ Mbay Jaxate
Sëriŋ Samba Jaara Mbay
Sëriñ Aadi Ture
Seex Musaa Ka
Et la verve de Njaga Mbay

« Yàlla may la loxo
Nga di ci lekk te feyoo ko dara …. » chantait Baay Iba Jëmb à cette Kébemer de mon temps…

Où sont les « Jogg léen waaj …waaj jot na !!! » ?

J’appartiens à ta génération….

Babacar Mbaye Ndaak rural urbain…Poète Nostalgique

Digital Manager - Chef de projet chez Alixcom Dakar | E-mail: saliou@dakar-echo.com | +221 77 962 92 15

Articles Similaires

1 sur 39

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *