Italie

Matteo Salvini en campagne anti-migrants sur l’île de Lampedusa

« Lampedusa ne peut pas être le camp de réfugiés de l’Europe »: le leader italien d’extrême droite Matteo Salvini, en campagne pour les législatives du 25 septembre, a défendu jeudi sa politique antimigrants sur l’île italienne, qui continue d’enregistrer des milliers d’arrivées.

« Lampedusa est la porte d’entrée de l’Europe, ce ne peut pas être le camp de réfugiés de l’Europe », a déclaré Salvini à la presse à l’issue d’une visite au centre d’accueil de l’île jeudi après-midi.

« Qui a le droit de venir en Italie, vient en avion, pas sur une embarcation au risque de sa vie. Qui n’a pas le droit, ne vient pas », a ajouté le leader de la Lega, qui souhaite que les demandes d’asile se fassent dans des centres à partir des pays d’émigration, en Afrique du Nord.

Ces derniers jours, des dizaines d’embarcations précaires et surchargées sont entrées dans les eaux de Lampedusa, un rocher de 20 km² situé à une centaine de kilomètres à l’est des côtes tunisiennes, au coeur de la Méditerrannée.

Comme souvent durant les mois d’été, lorsque le temps plus clément réduit le risque du voyage depuis l’Afrique du Nord, le centre d’accueil de l’île est submergé, avec plus de 1.500 personnes recensées pour une capacité quatre fois moindre.

Jeudi matin, des centaines de migrants avaient été évacués pour être acheminés vers la Sicile en bateau, Salvini accusant les autorités de vouloir les « cacher » avant son arrivée.

Le sénateur italien a fait de l’arrêt de l’immigration et de la fermeture des frontières aux clandestins la pierre angulaire de son programme. Lampedusa, territoire italien le plus méridional, est régulièrement au coeur des débats sur les enjeux migratoires en Italie.

La Lega se présente aux législatives du 25 septembre avec ses alliés Forza Italia (droite), et Fratelli d’Italia (nationaliste). Leur alliance est donnée favorite face à une gauche fragmentée.

« Abandonnés »
Alors qu’il était ministre de l’Intérieur en 2019, Salvini a empêché plusieurs navires humanitaires transportant des migrants de débarquer en Italie.

Cette décision lui vaut des poursuites en Sicile pour séquestration et abus de pouvoir. Un procès dont il a fait une tribune politique.

« Le seul ministre à avoir bloqué les débarquements (et il est jugé!) », titre le parti dans un post sur sa page Facebook.

Les sondages suggèrent que l’immigration est moins une préoccupation pour les Italiens que les questions économiques, avec la forte inflation qui pèse sur le pouvoir d’achat et les factures énergétiques.

Si l’alliance de droite est favorite, Salvini et sa Lega sont à la traîne dans les enquêtes d’opinion. Le parti Fratelli d’Italia dirigé par Giorgia Meloni, qui appelle également à un « blocus naval » pour endiguer les arrivées de migrants en Méditerranée, a pris les devants.

La petite ville de Lampedusa est réputée pour ses magnifiques plages mais sa situation plus proche de la Tunisie que de la Sicile l’a placée en première ligne de la migration vers l’Europe.

Sur place, nombre d’habitants se plaignent du manque de services publics, à commencer par les infrastructures sanitaires, malgré les visites régulières de responsables politiques.

« Rien n’a changé, c’est toujours la même musique », déplore Salvatore Maggiore, fleuriste de 47 ans. Il regrette que les promesses ne soient « jamais tenues ». « Nous sommes abandonnés par l’Etat ».

42.000 arrivées
La Méditerranée centrale est la voie migratoire la plus meurtrière au monde, avec près de 20.000 morts et disparitions depuis 2014, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

L’Italie a enregistré plus de 42.000 débarquements de migrants depuis le 1er janvier, contre près de 30.000 au cours de la même période l’année dernière et 14.400 en 2020.

Et le rythme ne semble pas devoir ralentir. Les ONG SOS Méditerranée, Médecins sans frontières (MSF) et Sea-Watch ont secouru plus de 1.000 personnes en mer ces derniers jours.

Le navire Geo Barents de MSF transporte actuellement 659 personnes, dont plus de 150 mineurs.

Après neuf jours de mer, les autorités italiennes l’ont autorisé à accoster dans le port de Tarente, a annoncé MSF jeudi. « Cette période prolongée de blocage en mer est une des plus longues jamais éprouvées par notre équipe. Cela ne doit pas se reproduire », a tweeté l’ONG.

Dans une déclaration conjointe diffusée mercredi, les ONG ont appelé l’UE à reprendre ses activités de recherche et de secours pour les aider à répondre à l’afflux de migrants.

L’UE a mis fin à son opération controversée de lutte contre le trafic d’êtres humains en Méditerranée en 2020, la remplaçant par l’opération Irini sur le maintien de l’embargo des Nations unies sur les armes à destination de la Libye.

« La suppression des moyens européens de recherche et de sauvetage (…) s’est avérée meurtrière et inefficace pour prévenir les traversées dangereuses », a regretté Xavier Lauth, directeur des opérations de SOS Méditerranée.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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