Société

L’incroyable incurie de nos services de renseignements et de sécurité

Les événements qui se sont produits le mercredi 27 novembre à Louga et le vendredi 28 à Dakar doivent amener le gouvernement à revoir l’opérationnalité sur le terrain de ses services de renseignements et de sécurité.

En effet, ces deux cas ont été l’occasion pour certaines personnes averties, de rappeler qu’au Sénégal nos frontières sont poreuses ‘’ parce que n’importe qui venant de n’importe où il veut peut entrer dans le territoire national, en sortir et même le traverser souvent sans être appréhendé encore moins inquiété.

Malgré la ceinture de contrôle sécuritaire nationale qui vient d’être renforcée au niveau des localités frontalières par l’implantation de légions, de compagnies, d’escadrons de surveillance, de brigades et de bureaux et postes de gendarmerie ainsi que des postes frontaliers de police, le dispositif sécuritaire national présente des failles extrêmement préoccupantes. Surtout au moment où le péril djihadiste est à nos portes ! S’il n’est pas déjà infiltré à l’intérieur de nos frontières…

Le procès du maitre coranique Cheikhouna Guèye dit Khadim et ses acolytes tenu le 27 novembre dernier au tribunal de grande instance de Louga sous une forte tension est illustratif de ce manque de réactivité de nos forces.

Les services de renseignement ont « péché » pour ne pas dire failli à leur mission d’alerte en n’avertissant pas qui de droit en vue de faire prendre les dispositions préventives de sécurité nécessaires pour parer à toute éventualité.

Au départ, des talibés enchainés par leur maitre coranique à Ndiagne avec l’aval de leurs parents. Ces dernier et le maître coranique ont été arrêtés par la gendarmerie de Coki pour enquête préliminaire, puis déférés au parquet de Louga.

Cette arrestation avait suscité beaucoup de réactions, une vaste polémique, des pressions, des déclarations souvent incendiaires d’indignation, des appels à la mobilisation de souteneurs des personnes interpellées tant à l’enquête à la brigade de gendarmerie de Coki qu’au tribunal de Louga lors de leur déferrement.

Autant de choses qui auraient dû amener les services de renseignements de Louga, voire les forces de sécurité en général, de pré- voir un procès sous haute tension. Des dispositions auraient donc dû être prises afin de prévenir et d’empêcher tout débordement qui pourrait survenir.

Pour ce faire, un important dispositif sécuritaire dissuasif devait être mis en place, ce qui aurait permis d’éviter ce qui s’est passé, ce mercredi, au tribunal de Louga.

Malheureusement, tel n’a pas été le cas, et que donc ce qui devait arriver arriva avec le saccage du palais de justice de la capitale du Ndiambour. Or, ce qui s’est passé le jour du procès était bien prévisible, la couleur ayant été annoncée à travers diverses menaces tant voilées, déguisées qu’ouvertes.

Le saccage du tribunal de Louga
Hélas, les dispositions idoines n’ont pas été prises pour sécuriser le tribunal car, le jour du procès, c’est une camionnette L200 contenant une douzaine de policiers que l’on a vu patrouiller, circuler, se frayer souvent le passage au milieu de la foule, faire des va-et-vient sur l’avenue qui mène vers la gouvernance.

D’ou la grande surprise des forces de sécurité, en très faible effectif, qui ont été prises de court et au dépourvu.

C’est ainsi que, dès que les juges ont annoncé que le délibéré aurait lieu le 4 décembre sur fond de refus d’accorder la liberté provisoire aux prévenus dans les liens de la prévention, la barrière de protection des policiers dressée devant les portes a été attaquée par une foule en furie qui a brutalisé les quelques policiers présents dont des ASP.

Ainsi, la devanture du hall du tribunal a été mise à sac, tout a été saccagé, vitres brisées, portes en aluminium défoncées, bancs renversés, en somme rien n’a été épargné par les manifestants qui ont exigé la libération immédiate des prévenus.

Ce n’est qu’à la suite de cette attaque, on ne peut brutale et surprenante, qu’un renfort de forces de sécurité, dont des gendarmes, a été sollicité. Mais ce n’était que pour constater les dégâts.

La prouesse de Guy Marius et Cie
Pour le cas de Dakar, comment peut-on imaginer que Guy Marius Sagna et ses quelques compagnons comme Babacar Diop, entre autres, puissent menacer d’aller au palais et arrivent à le faire comme promis. Ce ni vu ni entendu jusqu’aux grilles du palais, sans en être empêchés ni inquiétés par les forces de sécurité notamment les policiers en civil qui pullulent aux environs du palais présidentiel.

Les marcheurs ayant déjoué leurs plans et bravé l’interdiction préfectorale pour atteindre leur objectif, c’est-à-dire les grilles du palais présidentiel, ont assurément gagné leur pari même s’ils ont été arrêtés par la suite.

Ainsi ils se sont donnés rendez-vous devant le portail du palais en ordre dispersé empruntant différentes avenues jusqu’à se retrouver devant le palais au nez et à la barbe des forces de sécurité.

Il a fallu que Guy Marius Sagna soit maitrisé, conduit et gardé manu militari par les gendarmes du palais dont un béret rouge pour que les policiers arrivent pour l’embarquer en direction du commissariat central où l’ont rejoint ses camarades arrêtés par la suite.

Là aussi, les failles des forces de sécurité, notamment des services de renseignements, étaient béantes. Dans ces conditions, il est permis de se demander si réellement le Sénégal est en sécurité face au terrorisme qui le menace de tous bords. En effet, si un simple Guy Marius Sagna peut se déguiser et se faufiler à travers les avenues de Dakar jusqu’à atteindre le palais sans aucun soupçon ni intervention des forces de sécurité, alors que ferait-on avec un terroriste qui tenterait d’en faire autant ?

En tout cas, les deux cas de Louga et de Dakar méritent une réflexion approfondie devant aboutir à une prise de nouvelles dispositions et mesures sécuritaires par l’Etat afin de renforcer la sécurité au Sénégal, il va de l’intérêt de tous.

Car le chef de l’Etat aura beau dépenser des milliards de francs pour acheter des radars hypersophistiqués et aussi des fusils d’assaut ultramodernes, sans compter les vedettes à la pointe du progrès commandés en France, tout cela ne saurait nous défendre quand les forces de défense et de sécurité font preuve d’un laxisme incroyable, pour ne pas dire si elles passent leur temps à dormir ou à surveiller l’opposition !

Mbargou Diop,

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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