Espagne

L’Espagne au bord de la crise de nerfs, les hôpitaux au bord de la rupture

Des images filmées dans des hôpitaux de la capitale montrent que le système de santé espagnol est au bord de la rupture face à la pandémie qui a déjà fait plus de 2000 morts dans le pays.

L’Espagne a enregistré lundi 462 nouveaux morts du coronavirus en vingt-quatre heures, portant le total à plus de 2000 décès et poussant le gouvernement à prolonger le confinement jusqu’au 11 avril pour résister à la pandémie.

Le chef du gouvernement, Pedro Sanchez, a annoncé que le Conseil des ministres de mardi demanderait aux députés d’approuver la prolongation de l’état d’alerte pour une nouvelle période de quinze jours jusqu’au 11 avril. Il s’est dit convaincu, dans une conférence de presse, d’obtenir l’accord de la Chambre pour cette mesure «draconienne» mais «efficace». Il a prédit «des jours très difficiles qui vont éprouver jusqu’à la limite notre capacité» de résistance.

M. Sanchez a résisté aux pressions de plusieurs gouvernements régionaux qui demandent qu’il suive l’exemple de l’Italie, qui a décrété samedi l’arrêt de toute activité de production «non essentielle». L’Espagne applique déjà certaines des mesures les plus strictes d’Europe, a-t-il fait valoir.

Les 46 millions d’Espagnols ne peuvent sortir de chez eux, individuellement et en gardant leurs distances, que pour acheter des produits de première nécessité, se rendre au travail quand le télétravail n’est pas possible ou sortir brièvement leur chien.

Mais après une semaine de confinement, la contamination augmente. Le nombre de cas confirmés a grimpé de 3646, à 28’572, dont plus de la moitié ont eu besoin d’une hospitalisation, a précisé le Dr Fernando Simon, directeur du Centre d’alertes sanitaires. 394 personnes ont succombé au cours des dernières vingt-quatre heures, une progression de près de 30% pour atteindre un total de 1720 morts.

Semaine cruciale

Cependant, le Ministère de la santé espère que la courbe de progression du virus s’inversera pendant la semaine qui vient. «Nous pensons que le pic, le jour où la contamination atteindra son maximum et commencera à descendre, arrivera cette semaine», a déclaré le Dr Simon. 2575 patients ont été déclarés guéris, mais 1785 personnes se trouvent en soins intensifs. Le personnel de santé paie un lourd tribut: 3475 de ses membres ont été contaminés, soit près de 12% du total, a indiqué le Dr Simon, qui les a qualifiés de «héros de la société».

Tous les soirs à 20 heures, les Espagnols confinés chez eux se mettent à la fenêtre ou au balcon pour applaudir longuement ces quelque 350’000 médecins, infirmiers et aides soignants dont les premiers sont morts cette semaine.

Face aux critiques des médecins et des autorités régionales sur le manque de moyens de protection, M. Sanchez a énuméré les mesures prises par le gouvernement. 1,5 million de masques supplémentaires devaient être distribués ce week-end, dont 500’000 pour le personnel médical, et 4 millions de plus vont l’être «dans les prochains jours», a-t-il dit, ajoutant qu’il négociait avec la Chine pour en importer davantage.

Les autorités encouragent la production de tests de détection en Espagne pour ne plus dépendre des importations. Le gouvernement engage aussi l’industrie à produire des respirateurs: le constructeur aéronautique Airbus et les chantiers navals Navantia s’y sont mis, a affirmé le premier ministre.

Pour faire face à l’afflux de malades, les autorités ont mobilisé plus de 50’000 personnes en renfort: étudiants en dernière année de médecine et d’infirmerie et professionnels retraités.

«Nous jouons gros»

La région de Madrid est de loin la plus touchée, avec 1021 morts. Elle approche des 10’000 cas (9702) selon le Ministère de la santé, et plusieurs hôpitaux sont débordés. Des images relayées par la presse locale montrent des couloirs remplis de malades, parfois à même le sol. La situation vire au chaos, avec du personnel médical débordé face à l’afflux de patients.

Dimanche, les 641 places dans les unités de soins intensifs de la région étaient pleines. Face à cette saturation des hôpitaux, l’armée a aidé à transformer les pavillons de la foire commerciale de la capitale en un vaste hôpital de campagne où les 200 premiers patients ont été transférés dans la nuit de samedi à dimanche. 1300 lits ont déjà été installés, selon le gouvernement régional, et, à terme, l’hôpital pourrait en compter 5500, ce qui en ferait le plus grand d’Europe.

L’armée va aussi aider à transporter les malades des hôpitaux surchargés vers ceux qui ont encore de la place, a annoncé M. Sanchez. Dans le même temps, les forces de l’ordre renforcent les contrôles pour faire respecter le confinement. «Nous savons que nous jouons gros», a souligné le sous-directeur des opérations de la police nationale, José Angel González. «Cette semaine va être cruciale.» Le numéro deux de la garde civile, Laurentino Ceña, a promis «la fermeté pour que la population respecte les restrictions à la liberté de mouvement parce que de ça dépend la sécurité» de tous.

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