Faits divers

Les juges français demandent le renvoi en correctionnel de Lamine et Pape Massata Diack

Les juges d’instruction chargés de l’enquête pour corruption ont demandé un procès contre l’ancien patron de la Fédération internationale d’athlétisme, Lamine Diack, et son fils Papa Massata Diack.

Trois ans et demi après l’ouverture d’une enquête visant plusieurs figures de l’athlétisme mondial, les juges d’instruction du pôle financier de Paris ont rendu leur ordonnance de renvoi.

Dans ce texte long de 90 pages daté du 19 juin, Renaud Van Ruymbeke, Stéphanie Tacheau et Charlotte Bilger demandent un procès contre l’ex-patron de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), le Sénégalais Lamine Diack, et son fils Papa Massata Diack, soupçonnés d’être au coeur d’un système de corruption pour couvrir des cas de dopage d’athlètes russes.

Celui qui fut l’influent président de la fédération internationale d’athlétisme entre 1999 et 2015, devra répondre de « corruption active et passive », « abus de confiance » et « blanchiment en bande organisée » devant le tribunal correctionnel de Paris. Agé de 86 ans, Lamine Diack est actuellement sous contrôle judiciaire, en France, avec l’interdiction de retourner au Sénégal. Le procès ne devrait pas se tenir avant plusieurs mois.

Au terme de vastes investigations, les juges ont donc suivi les réquisitions du parquet national financier (PNF). Initiée en 2015 par le PNF, cette enquête aux ramifications internationales a exploré tous les recoins d’un pacte de corruption présumé, sur fond de dopage institutionnel en Russie : Lamine Diack aurait obtenu des fonds russes pour des campagnes politiques au Sénégal, en échange de l’indulgence des services antidopage de l’IAAF. Le pacte aurait aussi permis de faciliter des négociations avec des sponsors et des diffuseurs russes, avant les Mondiaux d’athlétisme à Moscou en 2013.

« Le report des sanctions en échange de contreparties financières a été négocié par Lamine Diack avec Valentin Balakhnichev, à la fois président de la fédération d’athlétisme russe (ARAF) et trésorier de l’IAAF », écrivent les juges dans leur ordonnance dont a eu connaissance l’AFP.

Les Diack, un « tandem au coeur de la corruption »
Outre Lamine Diack, le juge a renvoyé sur le banc des prévenus cinq autres protagonistes dont le fils de l’ancien président de l’IAAF, Papa Massata Diack, ex-puissant conseiller à l’IAAF en charge du dossier des droits marketing, aux montants colossaux. Soupçonné d’avoir joué un « rôle central » dans ce système, il est notamment poursuivi pour « blanchiment en bande organisée », « corruption active » et « complicité de corruption passive ». Réfugié à Dakar, il n’a toutefois jamais pu être interrogé par la justice française, qui a lancé un mandat d’arrêt contre lui.

A propos du père et du fils, les magistrats parlent de « tandem », « au coeur de la corruption russe ». Selon eux, l’instruction a permis de montrer que « Papa Massata Diack n’a pu s’enrichir dans des proportions considérables au préjudice de l’IAAF qu’avec l’appui constant et éclairé de son père qui ne peut en laisser la seule responsabilité à son fils, consultant introduit et mandaté par lui. Il [Lamine Diack] a, contrairement à ce qu’il soutient, joué un rôle actif (…). »

Mais le cas russe n’est qu’une facette du dossier. Poursuivi pour « abus de confiance », Lamine Diack se voit épinglé par les magistrats qui le considèrent comme un maillon central dans le détournement de millions d’euros en marge de contrats de sponsoring. « La répartition des rôles était claire : le père dirigeait la Fédération et le fils, mandaté par son père, négociait les contrats. Seule l’interaction entre eux a permis au fils de s’enrichir pendant des années avec l’appui du père. »

Autres acteurs présumés, l’ancien conseiller juridique de Lamine Diack, Habib Cissé, soupçonné d’avoir joué les intermédiaires entre l’IAAF et l’athlétisme russe, et l’ancien chef antidopage de l’IAAF Gabriel Dollé, sont renvoyés pour « corruption passive ». Côté russe, Valentin Balakhnichev et Alexeï Melnikov, qui fut l’entraîneur en chef des courses de fond à l’ARAF, doivent répondre de corruption passive et active, ainsi que blanchiment aggravé pour le premier, et de corruption passive pour le second. Tous deux sont sous le coup d’un mandat d’arrêt des juges.

Dans cette tentaculaire affaire de corruption sportive, un autre enquête, visant l’attribution de plusieurs compétitions internationales, dont les Jeux olympiques de Rio 2016 et Tokyo 2020 ou les Mondiaux d’athlétisme au Qatar, est encore en cours. Les Diack père et fils monopolisent là aussi l’attention des magistrats.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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