Irak

Le Premier ministre irakien Mustafa al-Kazimi indemne après une « tentative d’assassinat » au drone

Le Premier ministre irakien Mustafa al-Kazimi est sorti indemne d’une « tentative d’assassinat » dans la nuit de samedi à dimanche au moyen d’un drone piégé qui a visé sa résidence à Bagdad, une nouvelle escalade dans la crise que traverse l’Irak.

Les Etats-Unis ont aussitôt condamné un « acte apparent de terrorisme » et le président irakien Barham Saleh a évoqué une « tentative de renversement de l’ordre constitutionnel ».

Cette attaque, qui n’a pas été revendiquée dans l’immédiat, est la première à viser la résidence de M. Kazimi, au pouvoir depuis mai 2020. Elle survient au moment où les partis politiques mènent des tractations en vue de former des coalitions parlementaires sur la base des résultats préliminaires des législatives du 10 octobre.

L’Alliance de la conquête, vitrine politique du Hachd al-Chaabi, une influente coalition d’anciens paramilitaires pro-Iran, a vu son nombre de sièges fondre à l’issue du vote et dénonce une « fraude » électorale. Certains partisans du Hachd accusent M. Kazimi d’être « complice » de cette « escroquerie ».

Sur Twitter, Moustafa al-Kazimi a appelé au « calme et à la retenue de la part de tous pour le bien de l’Irak ».

« Agression lâche »
« Ma résidence a été la cible d’une agression lâche. Dieu soit loué, je vais bien », a-t-il ensuite déclaré dans une vidéo où on le voit assis à un bureau.

Selon ses services, cette « tentative d’assassinat ratée » a été perpétrée au moyen d' »un drone piégé ».

Ce sont en fait « trois drones » qui ont été lancés depuis un secteur situé à un peu plus d’un kilomètre à vol d’oiseau de la résidence, ont indiqué deux sources sécuritaires. « Deux drones ont été abattus » par la garde rapprochée de Moustafa al-Kazimi et le troisième a pu faire exploser sa charge.

Une autre source sécuritaire a indiqué à l’AFP que deux gardes du corps du Premier ministre avaient été blessés.

La Zone verte dans laquelle se trouve la résidence est un périmètre ultra-protégé qui abrite l’ambassade américaine et des bâtiments gouvernementaux.

Sur des photos distribuées par les services de M. Kazimi, on pouvait voir des gravats sur le sol et des escaliers extérieurs endommagés.

« Cet acte apparent de terrorisme, que nous condamnons fortement, visait le coeur de l’Etat irakien », a affirmé à Washington le porte-parole du département d’Etat Ned Price.

« Nous (…) avons offert notre assistance dans leur enquête sur cette attaque », a-t-il ajouté.

La mission des Nations unies en Irak a aussi condamné l’attaque dans les « termes les plus forts ».

L’influent leader chiite Moqtada Sadr, dont le courant est arrivé en tête des élections, a évoqué une attaque « contre l’Irak et le peuple irakien ».

La Ligue arabe, le Qatar, les Emirats et les voisins koweïtien, saoudien et jordanien ont également « condamné » cette opération.

Les forces de sécurité ont été déployées en nombre dans la Zone verte et à ses abords, selon un journaliste de l’AFP.

Les offensives contre la Zone verte sont récurrentes et elles ont souvent visé par le passé l’ambassade américaine. Les attaques au drone piégé se sont multipliées ces derniers mois, notamment contre les intérêts américains en Irak.

L’attaque de dimanche survient au moment où l’Irak est secoué par de fortes tensions politiques liées aux élections du 10 octobre, dont les résultats définitifs devraient être publiés d’ici quelques semaines.

En attendant, des partisans du Hachd al-Chaabi observent des sit-ins à deux entrées de la Zone verte pour protester contre les résultats préliminaires.

Déroute électorale
Et des heurts ont mis aux prises vendredi plusieurs centaines d’entre eux avec les forces de sécurité près de la Zone verte. Selon une source sécuritaire, un manifestant a été tué, tandis qu’une source au sein du Hachd al-Chaabi a évoqué « deux morts ».

Qaïs al-Khazali, le chef d’Assaïb Ahl al-Haq, l’un des principaux groupes pro-Iran du Hachd al-Chaabi, a condamné l’attaque et demandé que ses auteurs soient « traduits en justice ».

Une partie des Irakiens accusent le Hachd, qui a combattu le groupe jihadiste Etat islamique et qui est désormais intégré à l’Etat irakien, d’être le relais de l’Iran dans leur pays. Ils lui attribuent la responsabilité des assassinats et des enlèvements de militants anti-pouvoir qui se sont soulevés en octobre 2019.

Malgré sa déroute électorale, cette coalition devrait rester une force politique importante au Parlement, grâce au jeu des alliances et la cooptation des élus indépendants.

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