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Le ministère de l’environnement prend les devants

Le colonel Boucar Ndiaye, directeur des aires marines communautaires protégées au ministère de l’Environnement et du développement durable, a procédé avec ses hommes à une visite de prise de possession dans la grande zone des Niayes, communément appelée technopole.

Une visite qui fait suite à la signature du décret, le 29 mars dernier, par le chef de L’Etat instituant l’érection de cette zone en réserve naturelle urbaine.

«Il y a urgence à mettre fin à l’encombrement urbain, à l’insalubrité, aux occupations illégales de l’espace public et aux constructions anarchiques des zones inondables comme le technopole de Dakar». Ces propos tenus par le chef de l’Etat à l’occasion de son discours , suite à sa prestation de serment du 2 avril dernier, a été le prétexte trouvé par le Colonel Boucar Ndiaye, directeur des aires marines communautaires protégées au ministère de l’Environnement et du développement durable pour faire une visite de prospection de ce qui constituait jadis le poumon vert du département de Pikine.

Sur une superficie d’environ 300ha, délimitée au sud par la route nationale N1, de la Patte d’oie au Rond-point de Khourounar, à l’Est par la route qui relie le Rond-point Khourou-Nar au collège Canada, au nord par le cordon dunaire qui longe les Hlm Paris et les HLM Las Palmas, à l’Ouest par la bordure de la Patte d’oie Builders, la grande Niaye est une dépression où convergent les eaux provenant de la nappe phréatique et des eaux pluviales.

Avec un rôle écologique sans commune mesure, la zone des Niayes contribue au maintien de la biodiversité en servant d’habitat à des espèces floristiques et faunistiques remarquables, ce qui lui confère le statut de Zone d’importance pour la conservation des oiseaux (Zico). En même temps, elle constitue un lieu de reproduction et d’étapes migratoires pour 239 espèces d’oiseaux.

Mais, depuis quelques années, cet espace vert est en train de perdre son caractère d’antan, pour céder la place à des occupations anarchiques qui étouffent le milieu. Trouvé sur place, Edouard Diatta est un pêcheur à l’épervier qui exerce son activité dans la grande Niaye depuis 2005. Il fait savoir au Colonel Ndiaye que la pêche n’est plus aussi fructueuse qu’à ses débuts dans cette zone. Une situation qui s’explique, selon lui, par le surnombre de pêcheurs dans la zone, mais aussi une exploitation abusive des ressources.

Par ailleurs, Edouard Diatta dénonce devant les hommes du Colonel Ndiaye, que «cet endroit est devenu un dépotoir d’ordures, cumulé à l’activité illicite des charretiers qui viennent prendre le sable pour aller le revendre ».

A quelques 150 mètres, un gardien est en train de prendre son petit déjeuner sous le regard des hommes de la direction de l’environnement. Il explique au Colonel qu’il est là en tant que gardien des terres qui appartiendraient à un certain Boura Diouf.

Des activités de remblaiement au dépôt d’ordures, en passant pour des constructions tous azimuts, cette grande zone des Niayes a perdu toute sa beauté et sa verdure qui faisaient d’elle le poumon vert de Pikine.

COLONEL BOUCAR NDIAYE, DIRECTEUR DES AIRES MARINES COMMUNAUTAIRES «Nous sommes prêts… pour appliquer les dispositions réglementaires en la matière»

« C’est une visite de reconnaissance et de prise de position parce que, désormais, ce site de la grande Niaye de Pikine communément appelé technopole est érigé en réserve naturelle communale, c’est-à-dire une aire protégée dont la gestion doit obéir à des normes. Nous sommes donc venus aujourd’hui pour faire de la prospection et aussi faire une prise de contact avec les occupants du milieu pour sensibiliser, informer du changement de statut du site et aussi informer des dispositions à prendre pour la gestion dans le futur.

C’est ce qui nous a amené à consulter les différentes zones les plus menacées dont celle de la zone située à la cité Fayçal et nous avons remarqué que malgré les sommations des autorités administratives, les activités de remblais continuent. On a remarqué des remblais qui s’accompagnent d’une agression de la nature parce que les palmiers qui étaient ici sont tous terrassés pour la simple raison que les occupants ne sont intéressés que par l’espace pour la construction d’immeubles.

L’autre constat, c’est que la zone est un véritable dépôt d’ordures, outre les activités liées à l’exploitation des végétations. Il est à noter aussi l’absence d’oiseaux dans la zone. Il faut rappeler que la présence des oiseaux est liée à 3 critères fondamentaux : la quiétude, la disponibilité alimentaire dont les poissons et nous avons rencontré par ailleurs des pêcheurs qui viennent quotidiennement pour pêcher, ce qui diminue les proies.

L’autre critère fondamental, c’est la pollution. Il y a des oiseaux qui ne fréquentent pas les zones polluées et on a vu certains oiseaux indicateurs de pollution tels les milans, les corbeaux etc .Il y a aussi le fait qu’il n’y a pas assez d’eau dans la zone due aux activités de remblaiement et aussi à l’absence de pluies régulières, ce qui fait monter la salinité et du coup certains poissons disparaissent donc les oiseaux migrent vers d’autre zones. Quid de l’occupation des terres ?

Certains occupants sont détenteurs de titres légaux. Mais dans le décret de déclassement, il est clairement stipulé que même ces titres légaux peuvent faire l’objet de reclassement dans le domaine public pour des raisons publiques et pour les occupants illégaux, ils devront quitter dans les délais qui leur seront communiqués. Nous allons discuter avec eux sans utiliser la force pour le moment. Mais, il faut signaler que nous sommes venus nous installer pour appliquer les dispositions réglementaires instituées en la matière. Nous allons communiquer, discuter mais cela nous empêchera pas d’appliquer les dispositions, dans la mesure où le Sénégal s’est engagé à travers la convention de Ramsar à protéger les aires humides»

Aissatou DIOP

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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