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Le Covid-19 repart en Algérie, les frontières fermées jusqu’à ce que Dieu libère l’Algérie de ce fléau

Si le pays fait partie de la liste de ceux à qui l’UE veut rouvrir ses frontières, Alger dit observer un « relâchement » de la population face au virus ainsi qu’une recrudescence de contaminations.

A l’approche des vacances, de nombreux Français d’origine algérienne se demandent s’ils pourront bientôt rendre visite à leurs proches de l’autre côté de la Méditerranée. D’autres sont toujours coincés sur place, sans pouvoir revenir dans l’Hexagone.

Or cette semaine, presque un mois après les premières mesures de déconfinement, Alger a fait savoir que les frontières du pays resteraient fermées « jusqu’à ce que Dieu (les) libère de ce fléau ». Une décision qui donne un coup d’arrêt aux espoirs de reprise du trafic aérien et maritime avec l’Europe.

L’Algérie, dont les frontières sont fermées depuis le 19 mars, fait pourtant partie d’une proposition de liste de 14 pays dont les voyageurs seraient admis dans l’Union européenne au 1er juillet. Même si l’UE a pour l’instant reporté sa décision finale sur cette liste, faute d’accord entre Européens sur l’exclusion de certains Etats. Mais selon les chiffres officiels, l’Algérie est aussi en proie à une flambée de foyers d’infection au Covid-19.

En effet, si le bilan global est bien moins élevé que celui de la France, des records de contaminations tombent jour après jour en ce moment, pour un total de 13 571 contaminés avérés et plus de 900 décès depuis le premier cas le 25 février. Pour exemple, 305 nouveaux cas de Covid-19 ont été diagnostiqués en 24 heures dimanche.

Des manifestations interdites ont eu lieu
Mais en Algérie, où le mouvement antirégime « Hirak » se poursuit, la gestion de l’épidémie de coronavirus a pris une tournure très politique. Dimanche soir, le président Abdelmadjid Tebbboune a dénoncé « les comportements de certains citoyens qui veulent faire croire aux autres que le Covid-19 n’est qu’un mythe à visées politiques ». Une accusation ciblant indéniablement le mouvement populaire au moment où ce dernier tente de se remobiliser en province.

Sur les réseaux sociaux, il est vrai qu’une partie de la population s’affiche opposée aux mesures de prévention et affirme que le virus est une invention de l’Etat pour étouffer le Hirak.

Toutes les manifestations sont strictement interdites depuis la mi-mars. Mais plusieurs rassemblements ont déjà eu lieu, même s’ils étaient moins réguliers que les hebdomadaires du vendredi avant le coronavirus.

Un « relâchement » et des sanctions plus fortes
Le président algérien a ordonné « le durcissement des sanctions à l’encontre de tous les contrevenants ». Le port du masque sanitaire est obligatoire depuis le 24 mai et les contrevenants sont déjà condamnés à de fortes amendes.

Abdelmadjid Tebbboune a également exhorté le Premier ministre Abdelaziz Djerrad à prendre des mesures pour « briser la chaîne de contamination et de circonscrire les foyers épidémiques », selon le communiqué du Conseil des ministres. « C’est le résultat d’un relâchement et d’une sorte de laisser-aller en particulier dans certaines wilayas (préfectures) comme Sétif et Biskra », avait estimé jeudi le président du Conseil l’Ordre des médecins Mohamed Bekkat.

Un couvre-feu est en place dans 29 des 48 préfectures du pays. Et le gouvernement a avisé lundi les autorités locales de procéder au « confinement ciblé des localités, communes ou quartiers connaissant des foyers ou des clusters de contamination ».

Un réel danger
Côté professionnel de santé, « tout le monde est à bout de souffle. Les médecins sont au bout du rouleau. Les structures hospitalières sont dépassées », témoigne le patron du Conseil de l’Ordre, jugeant que « les institutions de l’Etat ont été quelque part défaillantes ».

Quant à l’impact économique, beaucoup ont déjà perdu leur unique source de revenus. Pour ceux qui exerçaient des petits métiers dans le secteur informel et n’avaient pas de couverture sociale, « l’impact est terrible », estime même l’économiste Mansour Kedidir : « Ils étaient dans la précarité. Aujourd’hui, ils sont dans l’extrême pauvreté. » Des associations de bienfaisance et des comités de quartier recueillent, à travers tout le pays, des dons pour les plus démunis.

Le trafic aérien n’est lui pas près de reprendre. Air Algérie, la compagnie nationale, elle pourrait perdre 89 milliards de dinars (612 millions d’euros) d’ici la fin de l’année. « C’est une mesure conservatoire qui va très certainement préserver l’Algérie des cas importés. Le Covid-19 est une maladie importée en Algérie par deux immigrés venus de France », rappelle le président du Conseil l’Ordre des médecins.

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