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Indignation internationale contre un projet de loi au Nicaragua menaçant la presse et les membres des ONG

Un projet de loi prévoyant d’enregistrer les correspondants de presse et membres d’ONG comme «agents étrangers» au Nicaragua soulève une indignation internationale croissante, et les appels au président Daniel Ortega pour que le texte ne voie pas le jour se multiplient.

Le texte prévoit que toute entité ou personne, y compris de nationalité nicaraguayenne, qui reçoit des financements de l’étranger de quelque manière que ce soit doit s’enregistrer auprès du ministère de l’Intérieur comme «agent étranger», et être soumis à une surveillance étroite et à des restrictions de ses droits civiques et politiques.

Ces mesures sont nécessaires pour protéger la «souveraineté» du Nicaragua contre les «ingérences étrangères», selon ses promoteurs. Aucune date n’a encore été fixée pour l’examen du texte au Parlement, où le FSLN, la formation de Daniel Ortega, détient la majorité. Une fois enregistrées comme «agents étrangers», les personnes ou institutions concernées devront «s’abstenir (…) d’intervenir dans les affaires ou les sujets de politique intérieure», prévoit le projet de loi. Il leur sera notamment interdit de présenter leur candidature à des élections.

Si elle était adoptée et promulguée, la loi permettrait au gouvernement de Daniel Ortega, selon ses critiques, de contrôler le travail et les activités d’organisations, organes de presse et journalistes considérés comme les adversaires du régime. En outre, le terme «agent étranger», par association d’idées, assimile la personne ou l’entité auxquelles il est appliqué à la délinquance, ou à l’espionnage, les exposant ainsi à la vindicte des partisans du gouvernement, a relevé le Centre nicaraguayen des droits de l’homme (CENIDH).

«Urgence»
Amnesty International (AI) a appelé la communauté internationale a se mobiliser «d’urgence» pour «activer tous les moyens à sa portée afin d’éviter l’adoption de cette loi». Celle-ci, a souligné l’organisation imposerait des restrictions «inacceptables» à la liberté d’association et serait un «instrument de répression» contre les personnes et les entités qui bénéficient de la coopération internationale.

Le sous-secrétaire d’État américain pour l’hémisphère occidental, Michael Kozak, a qualifié sur Twitter le texte «d’insulte» à la démocratie. «Au lieu de protéger la souveraineté (du pays), cette loi vise à criminaliser les médias indépendants et les groupes pro-démocratie. Nous sommes avec le peuple nicaraguayen qui résiste à cette attaque contre la liberté», a ajouté le fonctionnaire américain.

Des députés européens ont adressé une lettre publique au président Ortega pour lui demander de «reprendre ses esprits» et refuser d’approuver le projet de loi. Celui-ci, jugent les eurodéputés, constitue une violation des droits des Nicaraguayens à la vie privée, au travail, à l’information et d’association.

«Loi à la russe»
Le député d’opposition José Ramon Bauza a dénoncé de son côté une loi «à la russe», semblable à celle adoptée à Moscou en 2012, qui visait journalistes et blogueurs. Ce «serait la fin de l’opposition», a-t-il averti. Les organisations internationales de défense des droits de la presse sont également montées au créneau pour défendre les journalistes nicaraguayens.

Le bureau pour l’Amérique latine de Reporters sans Frontières (RSF) a dénoncé «avec la plus grande fermeté» un projet de loi «aberrant, liberticide et inconstitutionnel destiné à censurer et intimider encore un peu plus les médias indépendants dans le pays». «Si ce texte est voté au Parlement, le gouvernement de Daniel Ortega disposera d’un nouvel outil de répression pour réduire au silence les voix critiques», avertit RSF.

«Étiqueter des journalistes et des médias comme agents étrangers fait partie de la tentative systématique du gouvernement du Nicaragua pour restreindre et contrôler le travail des médias indépendants», a averti Natalie Southwick, la responsable pour l’Amérique latine du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé à New York. Elle a appelé le Parlement nicaraguayen à «rejeter cette loi scandaleuse». Le PEN Club (regroupant journalistes et écrivains) a aussi condamné le projet de loi.

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