DiasporaEditorial

Il faut agir pour sauver les migrants de l’enfer libyen

La Libye est un enfer pour les migrants. Ils viennent d’Afrique, espérant gagner l’Europe. Et ils y sont ramenés lorsqu’ils sont pris en traversant la Méditerranée. Mais que deviennent-ils alors ? Beaucoup tombent entre les mains de criminels. Dans l’indifférence générale, ils sont pourchassés, incarcérés, maltraités !

Pourtant, depuis les révélations des Nations Unies, personne ne peut ignorer que « d’innombrables migrants et réfugiés ont perdu la vie en captivité, tués par des passeurs après avoir été […] torturés à mort ou laissés mourir de faim ou de négligence médicale.

Dans toute la Libye, des corps […] de migrants et de réfugiés […] sont fréquemment découverts dans des poubelles, des lits de rivière asséchés […] et le désert. » Dans les centres de détention, Médecins sans frontières dénonce aussi les viols, le travail forcé, l’esclavage.

Malgré ces atrocités, des Européens sous-traitent une partie de leur politique migratoire à la Libye. Ils lui demandent non seulement de retenir les migrants mais de les y ramener quand ils quittent la Libye pour l’Europe. Pour cela, la Libye reçoit des financements, on forme et on équipe des garde-côtes Libyens.

La France devrait redoubler d’efforts
En 2017, l’Italie a conclu un accord avec la Libye appuyé par l’Union Européenne. Mais la France est aussi concernée avec la vente de six bateaux pour les garde-côtes libyens. Bien que les Nations Unies s’opposent au renvoi des migrants en Libye car ils n’y sont pas protégés. « La plupart des personnes détenues dans ces centres de détention ont été interceptées par des garde-côtes libyens », observe Médecins Sans Frontières.

Au nom des droits de l’homme, notre pays ne saurait se désintéresser du sort de ceux dont il facilite le renvoi en Libye. La France devrait même redoubler d’efforts pour les tirer de ces lieux inhumains et de plus en plus dangereux, à cause de la guerre et des bombardements. Pris au piège, les migrants détenus ne peuvent s’enfuir.

Mais les appels répétés pour les évacuer de ces centres ont eu peu d’échos. Dès le 28 avril, le pape François demandait que « tout spécialement les femmes, les enfants, les malades soient évacués dès que possible par des couloirs humanitaires ». Les Nations Unies ont pu rapatrier des réfugiés mais pas assez, faute de moyens et malgré leur appel : « Il est urgent que les États se manifestent pour nous aider à évacuer d’autres réfugiés vulnérables, hors Libye. » (1)

Un centre bombardé
Aussi la mort d’au moins cinquante-trois migrants dont six enfants captifs du centre bombardé aux abords de Tripoli cette semaine, nous indigne. Le Conseil de Sécurité a mis trois jours pour le condamner, demander un cessez-le-feu et le respect de l’embargo sur les armes.

Ils se disent « préoccupés par les conditions de vie dans les centres de détention relevant de la responsabilité du gouvernement Libyen. » Mais il ne suffit pas d’être préoccupé, il faut agir pour sauver les migrants de l’enfer libyen, évacuer les camps sans attendre et cesser de faciliter leur renvoi en Libye. Nous ne saurions par notre indifférence et notre passivité devenir indirectement complices de ces crimes.

(1) Le Monde, 5 juillet 2019.

Jeanne Emmanuelle Hutin avec Ouest France

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

Articles Similaires

1 sur 109

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *