Haïti

Huit citoyens turcs enlevés par un gang dimanche en Haïti

Huit citoyens turcs ont été enlevés dimanche après-midi par un gang en Haïti, a appris l’AFP lundi 9 mai, un rapt de plus près de la capitale Port-au-Prince où l’activité crapuleuse des gangs a, depuis début mai, aggravé encore une situation sécuritaire déjà critique.

Les ressortissants turcs se trouvaient dans un autocar en provenance de la République dominicaine et à destination de Port-au-Prince quand ils ont été enlevés à l’est de la capitale, entre les communes de Croix-des-Bouquets et de Ganthier, a annoncé à l’AFP lundi le consul honoraire de Turquie en Haïti.

«Pendant leur rapt, pendant qu’ils débarquaient du bus dans lequel ils se trouvaient, ils ont eu le temps de contacter leur organisation», a précisé Hugues Josué. «Ils sont huit et ce sont des coopérants pour une organisation de promotion de l’éducation», a-t-il ajouté.

«Un dossier sensible»
D’autres personnes présentes à bord ont également été enlevées, selon des médias locaux. Les jeunes ressortissants turcs, cinq hommes et trois femmes, sont âgés entre 20 et 26 ans, selon les précisions fournies à l’AFP par le consul honoraire.

L’association haïtienne pour la promotion de l’éducation (Ashape), dont ils sont membres, travaille depuis 2019 dans le pays et fournit des cours de langues et d’enseignement religieux musulman, selon son site internet. En marge de la présentation de son bilan semestriel à la presse lundi midi, Frantz Elbé, directeur général de la police haïtienne, a seulement indiqué que son institution «est informée et (qu’) elle travaille sur ce cas», sans fournir davantage de détails sur ce qu’il considère être «un dossier sensible».

Depuis plusieurs années, l’un des plus puissants gangs d’Haïti, appelé «400 mawozo», contrôle la zone située entre la République dominicaine et Port-au-Prince, où les ressortissants turcs ont été enlevés. En avril dernier, cette bande armée avait séquestré dix personnes dont deux religieux catholiques français.

À l’automne, un groupe de 17 missionnaires nord-américains et des membres de leurs familles, dont cinq enfants, âgés de 8 mois à 15 ans, avait été gardé otage de ce gang pendant plusieurs semaines. Depuis des décennies, les bandes armées sévissent dans les quartiers les plus pauvres de Port-au-Prince, mais elles ont drastiquement accru leur emprise à travers la capitale haïtienne et le pays ces dernières années, multipliant assassinats et enlèvements crapuleux.

Une vingtaine de rapts depuis le début du mois de mai
Plus d’une vingtaine de rapts contre rançon ont été commis par les gangs depuis le début du mois de mai dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince. Lundi, deux hôpitaux caritatifs de la capitale ont annoncé qu’ils fermaient leurs activités «jusqu’à nouvel ordre» suite à l’enlèvement d’une de leurs pédiatres ce jeudi.

«Sans la présence des personnels de santé, victimes à maintes reprises, incapables de se rendre en toute sécurité au niveau des structures sanitaires, les soins de santé ne peuvent être délivrés», précise la note publique signée par Richard Fréchette, président de la fondation Nos petits frères et sœurs, présente en Haïti depuis plus de 30 ans.

Des barricades de pneus enflammés ont, par ailleurs, été dressées dans le centre-ville de la capitale lundi, à proximité de la direction générale des impôts, signe de la colère des employés et riverains suite à l’enlèvement, près de son domicile dimanche, d’un membre de la direction de l’administration publique. Cette recrudescence des cas d’enlèvements intervient après deux semaines de violents affrontements entre gangs, dans la banlieue nord de Port-au-Prince, poussant plus de 9000 habitants à fuir ces quartiers.

Au moins 75 civils ont été tués, dont des femmes et des enfants, lors de ces violences entre deux bandes rivales, a annoncé vendredi l’ONU, qui a rapporté l’existence, citant des sources locales, d’«actes de violence sexuelle, y compris le viol collectif d’enfants âgés d’à peine 10 ans, pour terroriser et intimider les populations locales».

Trois semaines après le début de ces violences, le gouvernement haïtien ne s’est pas encore exprimé sur cette situation ni sur la recrudescence d’enlèvements, un contexte qui plonge les habitants de Port-au-Prince dans une peur constante.

Un troisième suspect inculpé aux États-Unis pour l’assassinat de Jovenel Moise, le président haïtien
Un troisième suspect a été inculpé de complicité de meurtre en Floride pour son rôle présumé dans l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse en juillet dernier, a indiqué lundi 9 mai le ministère américain de la Justice.

L’ex-sénateur haïtien Joseph Joel John, 51 ans, qui a comparu devant un juge de Miami lundi, a été extradé depuis la Jamaïque et est accusé d’avoir conspiré en vue du meurtre ou de l’enlèvement de Jovenel Moïse et d’avoir fourni du matériel dans ce but, selon un communiqué.

Avant lui, le militaire colombien retraité Mario Palacios et le citoyen haïtiano-chilien Rodolphe Jaar ont été inculpés par la justice américaine pour les mêmes faits après avoir été arrêtés à l’étranger et extradés vers les États-Unis.

Le 7 juillet 2021, un commando avait fait irruption dans la résidence privée du président haïtien Jovenel Moïse à Port-au-Prince et l’avait abattu de 12 coups de feu.

Le droit américain est appliqué dans cette affaire car le plan a été en partie organisé sur le sol américain, en Floride, par des ressortissants américano-haïtiens.

Selon la justice américaine, le complot avait pour but initial de simplement kidnapper et détenir le président haïtien, mais il avait finalement été décidé de l’assassiner.

Mario Palacios a plaidé non-coupable des crimes qui lui sont reprochés en février. Les trois accusés encourent la réclusion à perpétuité. Les commanditaires et le mobile exact de l’assassinat demeurent pour l’instant inconnus du grand public.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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