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Deux vendeurs sénégalais de crack à Paris condamnés à de la prison ferme

Les mis en cause, dont deux se disent Sénégalais, «cuisinaient» la marchandise en Seine-Saint-Denis.

En pleine polémique sur le trafic de drogue dans le nord-est de la capitale, trois vendeurs de crack – jugés en comparution immédiate -, ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Paris à des peines de prison ferme, jeudi 27 mai. Deux d’entre eux se déclarent de nationalité sénégalaise mais un doute subsiste sur leur réelle identité.

Un premier individu, déjà condamné en 2019 pour trafic de stupéfiants, a écopé de cinq ans de prison ferme avec mandat de dépôt et d’une interdiction de paraître à Paris, en Île-de-France et sur le territoire national pendant cinq ans.

Un second individu a été condamné à quatre de prison avec mandat de dépôt. Il a également l’interdiction de paraître à Paris et en Île-de-France pendant cinq ans. Enfin, un dernier individu a écopé de quatre ans de prison, dont un an avec sursis, avec mandat de dépôt.

Les trois mis en cause, deux colocataires et un autre individu, vivaient en Seine-Saint-Denis. C’est là qu’ils «cuisinaient» des résidus de cocaïne à l’aide d’un réchaud avant de revendre la marchandise aux toxicomanes à trois endroits : la porte d’Aubervilliers (au niveau du périphérique), la porte de la Chapelle (Paris 18e) et le jardin d’Éole (à la frontière du 18e et du 19e).

Une surveillance en Seine-Saint-Denis
Cette condamnation intervient au terme d’une enquête du 3e district de police judiciaire qui a débuté fin mars 2021. Lors de surveillances près de points de deal, les policiers ont remarqué deux individus qui étaient systématiquement «abordés» par des toxicomanes.

Les policiers ont alors suivi ces deux individus et, en s’appuyant également sur des caméras de voie publique, ont pu remonter jusqu’à un domicile en Seine-Saint-Denis. Sur place, une surveillance physique a permis d’identifier un troisième individu qui faisait des allers-retours avant d’acheminer la marchandise dans différents appartements. Les enquêteurs ont également mis en place des écoutes.

Les trois individus ont finalement été interpellés lundi 10 mai sur commission rogatoire dans le cadre d’une information judiciaire. Ils ont ensuite été placés en garde à vue puis en détention provisoire dans l’attente de leur jugement. Lors de l’interpellation, les enquêteurs ont saisi 113 grammes de crack (sous forme de galettes et de doses) et 60 grammes de cocaïne, ainsi que du produit de coupe et des balances. La marchandise saisie aurait pu alimenter environ 200 toxicomanes.

Des enquêtes «assez courtes» et au long cours
Depuis plusieurs semaines, l’exaspération des habitants du nord-est de la capitale est au cœur de l’attention médiatique et politique. Ils dénoncent la présence quotidienne de trafiquants de drogue et de toxicomanes sur le lieu de vie.

Pour rappel, en novembre 2020, le parquet de Paris et la préfecture de police avaient réaffirmé leur mobilisation contre le crack. Le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, avait notamment expliqué vouloir mener une «politique pénale déterminée face à une population très précarisée et très dégradée sur le plan sanitaire combinée à une réponse sanitaire et thérapeutique».

Pour cela, le parquet de Paris a mis en place depuis plusieurs années déjà un groupe local de traitement de la délinquance (GLTD), une instance de coordination spécialisée dans la lutte contre le trafic de drogue. Des réunions régulières ont lieu avec la mairie de Paris, les acteurs des transports, la préfecture de police et l’agence régionale de santé pour fixer un cap et s’adapter à la réalité du terrain.

Sur le terrain, les policiers s’efforcent de jongler entre deux temporalités. Des enquêtes «assez courtes» visent les vendeurs de première ligne afin d’assécher le trafic tandis que des enquêtes au plus long cours tentent de remonter les filières et d’identifier les fournisseurs. Les consommateurs, les plus visibles dans l’espace public, sont eux rarement condamnés. Leur prise en charge se fait essentiellement par des interdictions de paraître et des obligations thérapeutiques.

Par Guillaume Poingt

Digital Manager - Chef de projet chez Alixcom Dakar | E-mail: saliou@dakar-echo.com | +221 77 962 92 15

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