Société

Des entreprises françaises attaquées, d’autres contraintes de fermer

En proie à de violentes émeutes, le Sénégal connaît l’une de ses pires crises des dernières années après l’arrestation, mercredi, d’un opposant au pouvoir en place. Les entreprises françaises sont depuis prises pour cible, contraintes de baisser le rideau.

Il n’y a plus un seul magasin Auchan ouvert au Sénégal. L’enseigne française dénombrait vendredi 14 attaques contre 32 de ses magasins dans tout le pays. Elle n’est pas seule à avoir été attaquée : Total ou Eiffage ont, eux aussi, vu leurs locaux dégradés. Les écoles françaises ont, elles, fermé vendredi, tout comme Air France et Orange. Sur fond de lassitude envers le pouvoir en place et un ras-le-bol généralisé, la France, premier partenaire commercial et investisseur dans le pays, est pointée du doigt et visée par les manifestants.

« Mercredi, des individus malintentionnés ont saccagé et pillé sept de nos magasins », relève dans un communiqué Papa Samba Diouf, le responsable de la communication d’Auchan Sénégal dans un communiqué relayé sur les réseaux sociaux. Un agent de sécurité a « perdu partiellement deux doigts », ajoute-t-il. Et le responsable, « en tant que Sénégalais », de dénoncer : « Ce n’est pas la France qui a été attaquée, ce sont des Sénégalais (NDLR : employés par Auchan partout dans le pays) qui ont été agressés. »

Le Sénégal, considéré comme un îlot de stabilité en Afrique de l’Ouest, est en proie à des troubles depuis mercredi. L’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko a provoqué la colère de ses partisans, contre laquelle plusieurs manifestations étaient aussi organisées ce samedi en France et à Paris. Elle a aussi libéré, disent de nombreux Sénégalais, l’exaspération accumulée, au moins depuis l’apparition du Covid-19, devant la dégradation des conditions de vie dans ce pays déjà pauvre.

Une défiance croissante contre la France
La pandémie a frappé l’économie de plein fouet, stoppé des années de croissance soutenue et éprouvé durement cette population très majoritaire qui travaille dans le secteur informel. Beaucoup ont perdu leur emploi. Le couvre-feu, les restrictions imposées aux rassemblements ou aux déplacements ont réduit l’activité. Un calme précaire est revenu samedi, jour de relâche, dans Dakar aux rues jonchées de pierres et de cartouches vides de gaz lacrymogène. Officiellement, quatre personnes ont trouvé la mort à travers le pays.

Dans la bouche des manifestants s’expriment aussi la fatigue des épreuves quotidiennes, la lassitude du pouvoir du président Macky Sall et la défiance envers la France, considérée comme un des principaux soutiens de ce dernier. La situation est d’autant plus explosive contre la France que Sonko défend un « patriotisme économique » et dénonce la mainmise qu’auraient les étrangers sur les ressources sénégalaises et la production de richesses qui sortirait du pays sans réduire la pauvreté ni créer d’emplois.

Le ministère des Affaires étrangères en France a tiré l’alarme, vendredi, auprès des expatriés français, recommandant sur son site « de rester très vigilant, d’éviter les déplacements et de se tenir informé de l’évolution de la situation ».

Avec Le Parisien

Digital Manager - Chef de projet chez Alixcom Dakar | E-mail: saliou@dakar-echo.com | +221 77 962 92 15

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