Politique

Benno Bokk Yaakar et Yewwi Askan Wi dans la tourmente

Haute trahison ! Amateurisme ! Ignorance ! Fourberie ! Corruption ! Aucun de ses maux n’est de trop pour qualifier l’imbroglio politico-juridico-administratif qui entoure le dépôt de la liste Yewwi Askan Wi dans le département de Dakar. En attendant que toutes les équivoques soient levées et les responsabilités situées, Sud Quotidien a tenté de restituer quelques pièces du puzzle dans cette guerre sans merci que se livrent les coalitions Benno Bokk Yaakar et Yewwi Askan Wi.

LE PDF PREND DE L’EAU À DAKAR
Le Plan Déthié Fall que Mamadou Lamine Diallo a surnommé «PDF» est en train de prendre de l’eau. Si l’ancien vice-président de Rewmi de Idrissa Seck avait eu l’ingéniosité de trouver une entente dite du siècle entre Yewwi et Wallu, jusqu’à faire trembler le Palais, la suite est en train d’accoucher une toute petite souris. Entre préséance et autres calculs politiques voire politiciennes qui enjambent les Législatives du 31 janvier 2022, sans occulter une supposée corruption pour éventrer Yewwi, la confection de la liste départementale à Dakar a fini par l’installer dans une tourmente.

Et pour cause, c’est un véritable coup de massue qui s’est abattue sur la coalition Yewwi. Et pourtant, selon des sources dignes de foi proches du PUR et confirmées par certains membres de la conférence de Leaders que Sud Quotidien a contactés durant ce week-end, Yewwi avait retenu au niveau départemental Barthélémy Dias, Fatou Ba, Babacar Mbengue, Ngalgou Bathily, Abass Fall, Ngoné Mbengue et Joseph Sarr.

Sur cette liste susmentionnée, il n’y a pas le nom de Palla Samb et la parité était respectée. Qu’est ce qui s’est alors passé pour que non seulement Yewwi présente à la Direction générale des élections (DGE) une liste qui ne respecte pas la parité. Pis, une liste qui élimine certains noms au détriment d’autres ? Grosse énigme ! Un mystère qui ne devrait pas tarder à être percé.

Selon nos sources, «en présence de Cheikh Youm (PUR) et Pape Diomaye Faye (Pastef), il a été retenu de mettre Ngoné Mbengue de Takhawou Ndakarou au détriment de Palla Samb». «C’est cette liste qui a été remise à Saliou Sarr. Mais, à notre grande surprise, il nous a fait comprendre que sur conseils d’un membre de la DGE, la parité n’est pas respectée à partir de la 5ème position. C’est pourquoi, il a introduit le nom de Palla Samb».

Des arguments que ce dernier a balayé d’un revers de la main. Dans un communiqué qui nous a parvenu, M. Sarr (cerveau de l’affaire) déclare : «depuis quelques jours, un responsable de l’APR et une certaine presse citent mon nom en m’indexant comme «unique responsable» (sic) d’un supposé changement de la liste du scrutin majoritaire du département de Dakar, déposée par Yewwi Askan Wi.

Je tiens à informer l’opinion nationale et internationale, que n’étant pas le mandataire national de Yewwi, je ne peux en aucun cas déposer une liste de cette coalition, encore moins à en changer le contenu». Et d’ajouter, «toutes ces allégations mensongères relèvent de la diffamation dirigée contre ma personne. En conséquence, je me réserve le droit, au besoin, de saisir les juridictions compétentes».

FARBA NGOM SUSPECTÉ
En attendant de vider le «cas» Saliou Sarr, des membres de la coalition Yewwi suspectent un coup de Farba Ngom qui a laissé entendre que tous les coups sont permis en politique pour gagner des élections en dehors de l’agression et de la violation des textes et lois. Ce qui leur aurait mis la puce à l’oreille et réveillé leur étonnement, c’est la sortie du député-maire de Agnam qui, selon eux, aurait été la première personnalité à évoquer le nom du Saliou Sarr.

Ce qui leur fait penser au coup de Djibril Ngom, du nom de l’ex-mandataire de Yewwi qui avait trahi son parti (Pastef/Les Patriotes) lors des investitures des Locales du 23 janvier 2022 et risqué sa forclusion à Matam. «C’est quand même paradoxal que Farba Ngom soit la première personne à citer le nom de Saliou Sarr. Comment il a su que c’est Saliou Sarr qui est allé déposer la liste de Yewwi ?», s’interroge un membre de la conférence des Leaders de la coalition Yaw qui s’étonne même du fait que Saliou Sarr ne cite pas nommément Farba Ngom au lieu de déclarer dans son édit «un responsable de l’APR».

UN DUEL SUPPOSÉ ENTRE BARTHÉLÉMY DIAS ET KHALIFA SALL
Par ailleurs, d’autres indiscrétions soutiennent que l’acte de Yewwi aurait été savamment orchestré. Et pour cause, Barthélémy Dias et son mentor, Khalifa Ababacar Sall, ne seraient plus en odeur de sainteté. Selon des sources de Sud Quotidien, l’actuel maire de Dakar penserait à être candidat à l’élection présidentielle de 2024 parce qu’il serait déjà convaincu que Khalifa Sall serait hors course.

Ayant déjà pris des galons avec son nouveau statut de maire de Dakar, Dias-fils pourrait se positionner déjà en cas de refus du camp du pouvoir de voter une loi d’amnistie devant faire retrouver à Khalifa Sall ses devoirs civiques afin qu’il puisse être et électeur et éligible. Là aussi, ceux qui soutiennent cette théorie plus que loufoque, citent la sortie de Farba Ngom. «Si c’est un complot au sein de Yewwi, parce que les gens ne veulent pas que tu (Barthélémy Dias) sois député, c’est ton problème», avait lâché le fidèle parmi les fidèles de Macky Sall.

YEWWI BRANDIT LA FORCLUSION TOTALE DE BENNO
Si Benno poursuit sa communication sur la forclusion de la liste départementale de Yewwi au niveau de Dakar, cette dernière coalition, elle, estime que la coalition majoritaire ne devrait même pas compétir, puisqu’elle serait frappée par une forclusion totale. Les camarades de Ousmane Sonko et Khalifa Ababacar Sall brandissent l’arrêt du Conseil Constitutionnel relatif à la jurisprudence Malick Gakou lors de la Présidentielle de 2019. Le juge dans son dernier considérant avait écrit : «considérant qu’il y a lieu de rappeler que le sieur Malick Gakou ayant présenté une liste de 67.842 parrains au moment de la déclaration de candidature, a dépassé le nombre de parrainage autorisés par la loi lors du dépôt, soit 62.820 électeurs ; que ce DEPASSEMENT SUFFIT À RENDRE SA CANDIDATURE IRRECEVABLE».

Restant dans le parallélisme des formes, la coalition Yewwi soutient que Benno Sambou a déposé 55328 parrains en lieu et place de 55.327 réclamés par la loi. Sauf que leur enthousiasme risque d’être refroidi par l’éclairage de Moundiaye Cissé qui était l’invité du Jury de dimanche hier, 15 mai, sur les ondes de IRadio. Selon le coordonnateur des organisations de la société civile pour les élections : «Malick Gakou n’avait pas été recalé à cause de surplus”. “(…) Il y avait des régularisations à faire, par le leader du Grand Parti, sur le nombre de parrains retenus de son dépôt par le Conseil constitutionnel. C’est ce défaut de régulation qui était la source de sa forclusion».

Et d’ajouter comme conseils, «ce que YAW devait faire, c’est d’attaquer l’arrêté du 22 avril 2022 du ministère de l’Intérieur », suggère le président de l’Ong 3D, qui exhorte les responsables de Yewwi à déposer un recours auprès du Conseil Constitutionnel, au cas où, ils pensent qu’il y a violation de la loi. Pour rappel, l’arrêté du ministre de l’Intérieur numéro 006527 en date du 22 avril 2022 portant «mise en place d’un dispositif de contrôle des parrainages en vue des élections législatives du 31 juillet 2022» en son article 6 alinéa 1er stipule «qu’il s’agit de contrôler principalement le nombre global de parrains recueillis et de le confronter aux dispositions de l’arrêté qui fixe le maximum et le minimum de parrains requis.

Le surplus de parrains est considéré comme nul et non avenu et n’est pas tenu en compte au moment du contrôle des parrainages». C’est d’ailleurs l’argument juridique qu’avait brandi Aminata Touré. Mais la bataille est loin d’être terminée. Puisque qu’au niveau de Yewwi la publication de cet arrêté, qu’ils soutiennent ignorer l’existence même, dans le journal officiel, poserait un problème entre sa date de publication et celle de dépôt de la liste par le mandataire de Benno.

D’ailleurs au moment où nous mettions sous presse, la coalition Yewwi avait envisagé de tenir une conférence de presse ce lundi à partir de 15 heures à son siège. Auparavant, Déthié Fall va passer à la DGE à partir de 9 h pour informe-t-on, déposer les retraits sur a liste de Dakar suivie d’une déclaration

Abdoulaye THIAM

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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