Ukraine

Au 99e jour de la guerre en Ukraine, la Russie contrôle 20% du pays déclare Volodymyr Zelensky

L’armée russe resserre jeudi son emprise dans l’est de l’Ukraine, son objectif prioritaire, au 99e jour d’une guerre qui lui a permis de mettre la main sur 20% du pays, selon Kiev.

Trois mois après le début de l’invasion, les forces russes contrôlent actuellement « environ 20% » du territoire ukrainien, soit près de 125.000 km2, a déclaré jeudi le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Avant l’invasion, les forces russes ou prorusses y contrôlaient 43.000 km2, depuis l’annexion de la Crimée et la prise d’un tiers du Donbass en 2014. Depuis le 24 février, elles ont notamment avancé dans l’est et au sud, le long des mers Noire et d’Azov, contrôlant désormais un corridor côtier stratégique reliant l’est russe à la Crimée.

Après l’échec de leur offensive-éclair pour faire tomber le gouvernement de Kiev, les forces russes se concentrent sur la conquête du Donbass (est) où se joue désormais une guerre d’usure, notamment autour de la ville stratégique de Severodonetsk.

Et la tactique du rouleau compresseur appliquée par Moscou pour grignoter lentement du terrain semble porter ses fruits.

« La situation la plus difficile » concerne Lougansk, l’une des deux régions du Donbass, où « l’ennemi essaye de déloger nos troupes de leurs positions », a souligné le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Valeri Zaloujny, cité dans un communiqué de l’armée publié dans la nuit de mercredi à jeudi.

Severodonetsk, capitale administrative de la région, est désormais « occupée à 80% » par les forces russes et les combats font rage dans les rues, a déclaré le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, dans la nuit de mercredi à jeudi.

« Nouveau Marioupol »
Les dirigeants ukrainiens ont ces derniers jours accusé Moscou de vouloir faire de Severodonetsk un « nouveau Marioupol ».

La pression russe reste également importante sur Donetsk, l’autre région du Donbass, notamment Sloviansk, à quelque 80 km à l’ouest de Severodonetsk. Les habitants de la région manquent notamment de gaz, d’eau et d’électricité, selon Kiev.

« L’ennemi a un avantage opérationnel en termes d’artillerie », a concédé Valeri Zaloujny lors d’une conversation téléphonique mercredi avec le chef d’état-major français des armées, le général Thierry Burkhard, selon Kiev.

Le général ukrainien a plaidé pour la livraison le plus rapidement possible à son pays d’armes « du type de celles de l’Otan ». « Cela sauverait des vies », a-t-il souligné.

Kiev attend notamment des livraisons de systèmes de lance-missiles plus puissants promis par le président américain Joe Biden, en espérant que cela change le rapport de force sur le terrain.

La Russie a affirmé jeudi avoir stoppé l’afflux de « mercenaires » étrangers voulant combattre aux côtés de l’armée de Kiev, à force de leur infliger de lourdes pertes ces dernières semaines.

Selon le ministère russe de la Défense, le nombre de combattants étrangers a été « quasiment divisé par deux », passant de 6.600 à 3.500, et un « grand nombre » d’entre eux « préfèrent quitter » le pays « le plus rapidement possible ».

Dans la nuit de mercredi à jeudi, les forces russes ont bombardé plusieurs lignes de chemin de fer dans la région de Lviv (ouest), où arrivent notamment les armes livrées à l’Ukraine par les pays occidentaux, une aide dénoncée par Moscou.

Risque de crise alimentaire
Les forces ukrainiennes perdent chaque jour jusqu’à cent soldats, a déclaré le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky.

« La situation dans l’est est vraiment difficile (…) Nous perdons de 60 à 100 soldats par jour, tués au combat, et quelques 500 sont blessés », a-t-il détaillé.

Dans le sud, les Ukrainiens s’inquiètent d’une possible annexion des régions conquises par les forces russes, Moscou évoquant des référendums dès juillet.

Sur le plan diplomatique, les pays de l’UE ont approuvé jeudi un sixième paquet de sanctions contre Moscou incluant un embargo, avec des exemptions, sur les achats de pétrole mais renoncé à inscrire sur la liste noire le chef de l’Eglise orthodoxe russe, le patriarche Kirill, sous la pression de la Hongrie.

Le texte doit encore recevoir l’accord écrit de chaque Etat membre en vue de sa publication vendredi au Journal officiel pour permettre l’entrée en vigueur des mesures, a précisé la présidence française du Conseil de l’UE.

Le vice-Premier ministre russe chargé de l’Energie Alexandre Novak a réagi en assurant que les Européens seront les premiers à « souffrir » de cet embargo pétrolier.

« Les consommateurs européens seront les premiers à souffrir de cette décision. Non seulement les prix du pétrole mais aussi ceux des produits pétroliers augmenteront. Je n’exclus pas qu’il y ait un grand déficit de produits pétroliers dans l’UE », a déclaré M. Novak.

Aux Etats-Unis, l’administration Biden a annoncé une nouvelle série de sanctions visant une série de nouveaux oligarques ou membres de « l’élite » de Moscou, dont la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova.

Lors d’une visite à Washington, le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg à Washington, après une rencontre avec le président Biden, a pour sa part estimé que les pays occidentaux doivent se préparer « à une guerre d’usure » sur le « long terme ».

« Nous devons être préparés sur le long terme. Parce que ce que nous voyons est que cette guerre est désormais devenue une guerre d’usure », a-t-il affirmé jeudi à des journalistes.

La guerre en Ukraine « pourrait se terminer demain, si la Russie mettait fin à son agression », avait déclaré mercredi le secrétaire général de l’Otan lors d’une conférence de presse aux côtés du chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.

Mais « nous ne voyons aucun signe dans cette direction à ce stade », avait-il ajouté.

La guerre menée par la Russie en Ukraine va durer encore « de nombreux mois », avait ainsi abondé Antony Blinken.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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