Après la nomination des magistrats du Pool judiciaire financier, le changement des patrons de la Section de recherches de la gendarmerie, de la Dic et de la Su, et la fin des audits, les nouveaux chefs de parquet affûtent leurs glaives pour le début d’une traque du gibier voleur de l’ancien régime jusque dans ses derniers retranchements.
Le Premier ministre Ousmane Sonko a annoncé hier le début de la reddition des comptes dès la semaine prochaine. Ce qui permet de penser que les audits de l’Inspection générale d’Etat (Ige) et des autres corps de contrôle de l’Etat sont terminés. En réalité, le dernier acte préparatoire au lancement de cette vaste traque aux ripoux, détourneurs et autres prévaricateurs a été lancé il y a deux semaines avec les changements intervenus à la tête de certains services de la Police nationale.
Car, si les magistrats devant mener cette traque ont été nommés lors du vaste chamboulement intervenu à l’occasion du dernier Conseil supérieur de la magistrature, il fallait aussi que les services sur lesquels ils devront s’appuyer pour mener les enquêtes soient « nettoyés » de leurs responsables nommés par l’ancien régime et qu’ils ont servi avec zèle.
Pour une collaboration huilée entre les officiers de police judiciaire et les nouveaux chefs de parquet, « Le Témoin » a appris qu’il fallait impérativement changer les patrons de la Division des investigations criminelles (Dic) et de la Sûreté Urbaine de Dakar (Su) après que le patron de la Section de recherches de la gendarmerie nationale a, lui, été remplacé dès l’arrivée au pouvoir des nouvelles autorités.
Désormais, aussi bien la Dic, la SU que la DPJ qui les chapeaute ont été assainies ! Et la traque aux voyous financiers de l’ancien régime peut donc être enfin lancé…
En recevant, hier, le personnel de différents services de la Primature pour s’entretenir avec eux de leurs conditions de travail, le Premier ministre Ousmane Sonko a annoncé le début des explications judiciaires ou, plutôt, de la reddition des comptes. « Dès la semaine prochaine, et qui va étaler autant qu’il faudra, toute personne épinglée de près ou de loin dans des malversations financières va devoir s’expliquer devant la justice.
D’ailleurs, c’est ce souci qui anime la politique de l’Etat sur la rationalisation des budgets et institutions. Les gens ne peuvent pas se permettre n’importe quoi sur le foncier, sur le patrimoine bâti, sur les marchés publics, sur les concessions et dans tous les domaines pour amasser des milliards et en sortir indemnes. Non !
Le gouvernement va répondre à la demande du peuple sénégalais qui veut savoir comment ses deniers publics ont été gérés » a indiqué le chef du gouvernement. Ousmane Sonko a révélé d’ailleurs avoir pris des mesures conservatoires pour empêcher les personnes concernées de quitter le territoire national même si quelques-uns parmi elles ont réussi à passer à travers les mailles du filet. Des délinquants financiers qui ne perdent rien pour attendre.
Toujours est-il que le Premier ministre semble être la voix la plus autorisée pour.annoncer que l’heure de la reddition des comptes a sonné ! D’ailleurs, les nouveaux chefs de parquet et de juridiction récemment nommés et censés recevoir les dossiers ont été tousinstallés.
Donc il ne restait que la nomination attendue des chefs de la Division des investigations criminelles (Dic) et de la Sûreté Urbaine de Dakar (Su) pour une collaboration efficace et parfaitement huilée entre les nouveaux parquetiers, les juges d’instruction et les officiers de police judiciaire disposant des brigades de recherches et d’interpellations.
Rappelons-le, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, avait ordonné la publication des rapports de la Cour des comptes et de l’Ofnac pour les années 2019 à 2023. En parallèle, il avait déployé les Inspecteurs généraux d’État (Ige) dans plus de 70 directions, agences et fonds publics pour réaliser des audits. Ces missions avaient pour but de détecter d’éventuelles erreurs, fraudes, vols, irrégularités, surfacturations, détournements de fonds publics, ainsi que d’identifier les responsables et complices de ces possibles « carnages » financiers afin de les traduire devant la justice.
Ce n’est que la première vague des audits !
D’ailleurs, « Le Témoin » a appris que la première vague des audits est terminée. Dans le lot des structures auditées, la Société nationale d’exploitation du Train express régional (Senter), le Fonds de soutien à l’Energie (Fse), la Commission d’attribution des licences de pêche, les Fonds pour la pêche artisanale, Air Sénégal, l’Aide à la Presse nationale, le Fonds d’appui à l’édition (Fae), l’Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux (Apix), l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass (Aibd), Handling (2as), le Fonds d’entretien routier autonome (Fera), La Poste, la Société africaine de raffinage (Sar), ainsi que les budgets Coupe du Monde (Qatar 2022), Coupe d’Afrique des Nations (Can 2024), Loterie nationale sénégalaise (Lonase), Caisse des dépôts et consignations (Cdc), Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp), Office des lacs et cours d’eau (OLAC), Conseil exécutif des transports urbains durables(Cetud), Agence autonome des travaux et gestion des routes (Ageroute), Autoroute Ila Touba, et le Building administratif de Dakar, entre autres.
Les résultats des audits de l’Ige s’ajoutent aux rapports de la Cour des Comptes et de l’Ofnac destinés au Parquet de la République et au Pool judiciaire financier (Pjf). Que la chasse commence !
Pape Ndiaye, le témoin
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