Dakar-Echo

Pourquoi les écoles de commerce françaises s’exportent en Afrique ?

Pourquoi les écoles de commerce françaises s’exportent en Afrique ?

Des pays avec plus de jeunes et moins de concurrence ? Les établissements français adorent ! En ce moment, les ouvertures vont bon train.

« Le mois dernier, j’échangeais sur nos implantations avec l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire. Il m’a dit : “Vous êtes le troisième acteur de l’enseignement à venir me voir cette semaine…” », relate José Milano, président exécutif du groupe Omnes Education.

Ce qu’il se passe, ce sont d’abord des dynamiques démographiques en miroir, entre la France et les pays d’Afrique. « La France voit sa population vieillir. Dans le même temps, le taux d’insertion de nos jeunes dans l’enseignement supérieur est déjà très élevé. Résultat, la marge de croissance est mince », pose Santiago Garcia, directeur du développement international de Kedge Business School.

Intensifier la présence
Avec son âge médian de 19 ans et de grandes disparités dans l’accès aux universités, le continent africain a des airs d’eldorado. Certains pays du continent accueillent déjà des écoles de commerce françaises. En particulier le Maroc, avec l’Essec, TBS Education et Emlyon. Ou encore le Cameroun, dont la capitale Yaoundé accueille un site du groupe Y Schools, ex-ESC Troyes (Aube). Sans oublier l’Afrique du Sud, où Skema a ouvert un campus.

Le groupe Omnes a jeté son dévolu sur Abidjan. À la rentrée prochaine, plusieurs de ses écoles proposeront leurs cursus dans la capitale ivoirienne. Sa business school, l’Inseec, ouvrira deux bachelors (en finance et marketing) ainsi qu’un MSc (Master of Science). Son école d’ingénieurs, ECE, dispensera son bachelor Digital for Business et un MSc Data & IA.

Le tout destiné à un public local, ou plutôt régional. « Il y a une forte mobilité entre les pays limitrophes de la Côte d’Ivoire. En intensifiant notre présence à Abidjan, nous nous adressons aussi aux jeunes de ces états », annonce José Milano. Avec l’idée de procéder à d’autres ouvertures par la suite.

Sur le plan financier, la pérennité de ces implantations dépendra de la taille de la classe moyenne supérieure locale – cliente traditionnelle des business schools –, – même si les tarifs seront revus à la baisse par rapport à l’Hexagone. Des aides publiques aussi, qu’elles soient internationales (avec des programmes de développement de la Banque mondiale en matière d’éducation, par exemple), ou nationales, certains pays développant des politiques de bourses pour contribuer à la formation des jeunes.

Un gros coup à jouer
Kedge est déjà présente à Dakar (Sénégal) à travers la BEM Management School. Aujourd’hui, elle duplique son modèle à Abidjan, mais aussi à Douala (Cameroun), à Brazzaville (Congo) ainsi qu’à Conakry (Guinée). « L’éducation reste la meilleure manière d’apporter notre pierre à l’essor économique de ces pays, avec lesquels nous avons des liens historiques et culturels évidents », soutient Santiago Garcia. Kedge est d’ailleurs accueillie à bras ouverts par les entreprises désireuses de former leurs futurs cadres. « Pour chaque projet, il s’agit de proposer notre expertise en l’adaptant à des écosystèmes et à des secteurs clés différents. Pas d’ouvrir à tour de bras sans logique territoriale », insiste-t-il.

26 pays africains devraient voir leur population doubler d’ici à 2050
Pour réussir, les écoles misent beaucoup sur leurs diplômés africains formés en France. « Nos alumnis sont une clé de notre déploiement. » Beaucoup d’entre eux sont revenus dans leur pays après leurs études et occupent des fonctions stratégiques », se réjouit le président exécutif d’Omnes. Une manière aussi de mieux saisir la société dans laquelle elles mettent les pieds. « Que ce soit au niveau institutionnel, sociologique ou politique, on ne peut comprendre un pays avec uniquement des expatriés. » « Ce sont les locaux qui nous y aideront », anticipe-t-il.

Nicolas Chalon

Articles similaires

Laisser un commentaire