Selon un observatoire international, les conflits, violences et catastrophes naturelles ont forcé 35 millions de personnes à se déplacer dans leur propre pays l’année dernière.
Les conflits, violences et catastrophes naturelles en Afrique ont considérablement fait grimper le nombre de personnes forcées de quitter leur foyer et porté à 35 millions le nombre de déplacés dans leur propre pays à la fin de l’année dernière, selon un observatoire international.
Les déplacés internes (PDI) africains représentaient à eux seuls près de la moitié de tous ceux qui, dans le monde, ont été forcés de fuir leur foyer pour trouver refuge ailleurs dans leur pays, explique à l’AFP Alexandra Bilak, directrice du Centre de surveillance des déplacements internes (IDMC).
«Nous avons constaté un triplement du nombre de PDI sur le continent africain au cours des 15 dernières années», souligne-t-elle, ajoutant que «la majorité de ces déplacements internes sont causés par les conflits et la violence, mais sont également déclenchés de plus en plus par des catastrophes» naturelles. Si les PDI reçoivent généralement moins d’attention que les réfugiés qui eux cherchent à se mettre à l’abri dans un autre pays, ils sont beaucoup plus nombreux et leur vie est tout aussi bouleversée.
Le déplacement perturbe les moyens de subsistance, l’identité culturelle et les liens sociaux de communautés entières, les rendant plus vulnérables, a souligné l’IDMC dans un rapport publié mardi. Ces déplacements peuvent aussi chambouler les programmes de développement d’un pays en empêchant les déplacés de générer des revenus, de payer leur loyer ou leurs impôts, alors que dans le même temps, les autorités locales ou nationales doivent fournir des logements supplémentaires, des soins de santé, une éducation et une protection. Autant d’éléments qui génèrent des coûts supplémentaires.
«De nouvelles vagues de violence»
Le rapport montre que l’augmentation des niveaux de conflit et de violence est responsable du déplacement interne de 32,5 millions de personnes en Afrique. Quatre-vingts pour cent d’entre elles ont été déplacées dans cinq pays – la République démocratique du Congo, l’Éthiopie, le Nigeria, la Somalie et le Soudan. Les conflits et la violence «provoquent des schémas cycliques de déplacement, et les personnes qui ont été déplacées par des conflits il y a déjà 10, 15, dans certains cas 20, 25 ans, n’ont pas été en mesure de trouver une solution», explique Alexandra Bilak.
«Elles n’ont pas pu rentrer chez elles», note la directrice, ajoutant que «de nouvelles vagues de violence et de déplacement s’ajoutent aux cas prolongés», poussant le nombre de personnes déplacées internes toujours plus haut. Les déplacements dus aux catastrophes naturelles, en particulier aux inondations, sont également en hausse en Afrique, alors que le changement climatique se fait de plus en plus sentir.
Le nombre de fois où les gens ont été contraints de fuir des catastrophes a été multiplié par six entre 2009 et 2023, passant de 1,1 million de déplacements par an à 6,3 millions, selon l’IDMC. Les inondations ont déclenché plus des trois quarts de ces mouvements, tandis que les sécheresses ont représenté 11% supplémentaires, selon le rapport.
Crises complexes
En outre, les conflits, la violence et les catastrophes naturelles se chevauchent souvent, provoquant des crises complexes, qui voient de nombreuses personnes déplacées à plusieurs reprises ou pendant des périodes prolongées, insiste l’IDMC. L’organisation souligne que la Convention de Kampala de l’Union africaine sur la protection et l’assistance aux personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays est un outil important pour résoudre le problème.
Cette convention, adoptée en 2009 et entrée en vigueur en décembre 2012, a établi une norme internationale en tant que premier, et toujours unique, accord régional juridiquement contraignant portant sur les déplacements internes. Trente-quatre pays africains ont depuis ratifié le traité, et nombre d’entre eux ont mis en place des cadres juridiques et réalisé des investissements importants pour résoudre le problème. Mais les gouvernements ont du mal à faire face. Pour Alexandra Bilak «la clé du problème» c’est de «faire beaucoup plus en matière de consolidation de la paix, de diplomatie et de transformation des conflits».
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