La ville d’El-Geneina, chef-lieu du Darfour-Ouest, paie un lourd tribut dans le bras de fer sanglant qui oppose l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide du général Mohammed Hamdane Daglo.
Entre 10.000 et 15.000 personnes ont été tuées depuis avril au Darfour, dans l’ouest du Soudan, où les paramilitaires alliés à des milices arabes ont commis des violations pouvant relever de «crimes contre l’humanité», selon un rapport d’experts de l’Onu vu lundi 22 janvier par l’AFP.
Les combats font rage depuis le 15 avril 2023 entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) du général Mohamed Hamdane Daglo, ancien numéro deux du pouvoir militaire.
Le conflit a fait plus de 13.000 morts, selon une estimation de l’ONG Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled), sur laquelle se fonde le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) pour son bilan.
«Selon des sources de renseignement, entre 10.000 et 15.000 personnes ont été tuées uniquement à El-Geneina», chef-lieu du Darfour-Ouest, assure le comité d’experts mandatés par le Conseil de sécurité de l’ONU pour surveiller l’application des sanctions contre le Soudan.
«Crimes de guerre ou crimes contre l’humanité»
Le document, transmis aux membres du Conseil mais pas encore officiellement publié, ne donne pas de bilan global, mais décrit dans le détail les violences «ethniques» dans cette ville tombée en juin aux mains des FSR. «Les attaques ont été planifiées, coordonnées et exécutées par les FSR et des milices arabes alliées», qui ont «délibérément visé des quartiers civils (…), des camps de déplacés, des écoles, des mosquées, et des hôpitaux, pillant également maisons et sites d’ONG internationales et de l’ONU», écrivent les experts.
«Les FSR et milices alliées ont délibérément visé la communauté des Massalit», ethnie non arabe majoritaire dans la ville, ajoutent-ils, évoquant également des snipers «placés par les FSR sur les routes principales» s’en prenant «sans distinctions aux civils, y compris femmes, femmes enceintes et jeunes».
De manière plus large, «au Darfour-Ouest», les paramilitaires et leurs alliés «ont systématiquement violé le droit humanitaire international».
Attaques contre les civils, torture, viols, arrestations de masse, déplacements forcés, pillages…: «certaines de ces violations pourraient correspondre à des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité», estiment les experts.
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