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De nouvelles règles pourraient priver d’indemnisation 75% des passagers de vols retardés ou annulés

De nouvelles règles pourraient priver d’indemnisation 75% des passagers de vols retardés ou annulés

Dans un communiqué commun, dix associations de consommateurs françaises s’inquiètent des discussions au sein de l’UE sous la pression des compagnies aériennes, qui veulent alléger leurs obligations en la matière.

Les passagers bientôt moins protégés en cas de retard ou d’annulation de leur vol ? Alors que les compagnies aériennes et la présidence polonaise de l’UE font pression pour alléger les règles d’indemnisation, dix associations de consommateurs françaises tirent la sonnette d’alarme dans un communiqué publié ce mercredi 30 avril.

Ces changements constitueraient «des reculs majeurs», «inacceptables et incompréhensibles», estiment les associations dont l’UFC-Que Choisir et la Fnaut, qui représente les usagers des transports.

Aujourd’hui, en complément de diverses prises en charge (hôtel, repas…), les passagers de l’Union européenne ont droit à une indemnisation dès trois heures de retard, de 250 à 600 euros selon la longueur du trajet, sauf en cas de «circonstance exceptionnelle  ». Elle est aussi due en cas d’annulation du vol en dernière minute, en plus du remboursement du billet.

Un «bond en arrière»
Des mesures qui coûteraient «huit milliards d’euros par an» aux compagnies, dénonce leur lobby Airlines for Europe. Elles ont reçu le soutien inattendu de la présidence tournante polonaise de l’UE.

Les associations de consommateurs françaises s’agacent d’un potentiel «bond en arrière [qui] serait assurément un très mauvais signal adressé aux consommateurs alors même que leur confiance est essentielle au secteur».

Dans le détail, affirment-elles, «le projet de révision prévoit de reculer ce seuil de déclenchement à 5 heures minimum, voire 9 heures dans certaines conditions et en fonction de la distance des vols», ce qui exclurait l’essentiel des retards et priverait d’indemnisation «les trois quarts des passagers victimes de retard». Les associations dénoncent aussi la volonté d’élargir le champ des circonstances exceptionnelles ne donnant lieu à aucune compensation.

Les dix associations s’inquiètent également d’un potentiel durcissement du délai pour demander son indemnisation, qui serait ramené à quelques mois seulement et exigerait une démarche proactive des consommateurs. Dans les faits aujourd’hui, l’indemnisation reste méconnue d’une grande partie des voyageurs qui ne la demandent jamais.

Quant à ceux qui la réclament, ils doivent souvent passer par des sites spécialisés réalisant les démarches à leur place contre une commission, certaines compagnies rechignant quasi systématiquement à les verser jusqu’à leur condamnation au tribunal, espérant décourager leurs passagers par une procédure juridique longue et complexe.

Par Thibaut Déléaz

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