Les Etats-Unis réunissent mardi en Allemagne une quarantaine de pays alliés pour armer davantage l’Ukraine face à l’envahisseur russe, qui a mis en garde contre un risque « réel » de Troisième guerre mondiale.
Alors que la guerre en Ukraine génère des tensions sans précédent entre la Russie et l’Occident, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a agité la menace d’une extension du conflit pouvant dégénérer en guerre mondiale.
« Le danger est grave, il est réel, on ne peut pas le sous-estimer », a-t-il dit, cité par l’agence Interfax, au lendemain d’une visite en Ukraine des responsables américains des affaires étrangères et de la défense, Antony Blinken et Lloyd Austin.
M. Austin réunit mardi, sur la base américaine de Ramstein en Allemagne, les représentants d’une quarantaine de pays pour « générer des capacités supplémentaires pour les forces ukrainiennes », selon le chef du Pentagone.
« Ils peuvent gagner s’ils ont les bons équipements, le bon soutien », a affirmé M. Austin.
Le président Zelensky a lui estimé que la victoire ukrainienne n’était qu’une question de temps.
« Lutte pour la liberté »
« Grâce au courage, à la sagesse de nos défenseurs, grâce au courage de tous les Ukrainiens, de toutes les Ukrainiennes – notre Etat est un véritable symbole de la lutte pour la liberté », a-t-il claironné dans son adresse de lundi soir.
Les Etats-Unis ont annoncé lundi une nouvelle aide militaire pour l’Ukraine de 700 millions de dollars, qui porte leur assistance à 3,4 milliards.
Ils fournissent désormais des armes lourdes pour contrer les forces russes qui se concentrent sur l’est et le sud de l’Ukraine, après avoir échoué à s’emparer de Kiev.
M. Austin a dit vouloir « voir la Russie affaiblie à un degré tel qu’elle ne puisse plus faire le même genre de choses que l’invasion de l’Ukraine ».
Selon le ministre de la Défense britannique Ben Wallace, Moscou a perdu à ce jour « approximativement 15.000 hommes » en Ukraine, un chiffre invérifiable par des sources indépendantes. Moscou n’a donné aucun bilan depuis le 25 mars, lorsqu’elle avait affirmé avoir perdu 1.351 soldats.
L’armée russe a indiqué avoir frappé une centaine de cibles en Ukraine lundi, notamment des installations ferroviaires dans le centre du pays.
De son côté, le ministère ukrainien de la Défense a indiqué que l’armée russe continuait de renforcer ses défenses antiaériennes, de reconstituer les pertes liées à l’offensive précédente et de bombarder des infrastructures.
D’après la même source, l’armée russe regroupe ses forces dans le sud et a tenté d’avancer en direction de Zaporojjia (est), mais a subi des pertes et n’y est pas parvenue.
La Russie affiche son objectif de s’emparer de la totalité du Donbass, grand bassin industriel de l’est – que les séparatistes pro-russes contrôlent partiellement depuis 2014 – et de prendre le contrôle total du sud de l’Ukraine, où les combats sont aussi quotidiens.
Azovstal toujours pilonnée
La situation semble bloquée dans le port stratégique de Marioupol, à la pointe sud du Donbass, presqu’entièrement contrôlé par les Russes mais où sont toujours coincés quelque 100.000 civils selon Kiev.
Les forces russes continuent d’y pilonner le vaste complexe métallurgique Azovstal, où sont retranchés les derniers combattants ukrainiens avec selon eux près de 1.000 civils, a indiqué mardi à l’aube sur Facebook le commandant militaire ukrainien de Donetsk, Pavlo Kirilenko.
« Les bombardements continuent constamment, à l’artillerie lourde et à l’aviation », a-t-il indiqué. « Nous ne pouvons compter que sur nos propres forces », a-t-il ajouté.
Dans le reste du Donbass, l’armée ukrainienne a affirmé lundi avoir repoussé une série d’attaques russes dans les régions de Donetsk et de Lougansk, où beaucoup de localités, comme Roubijné, sont quotidiennement sous les bombes.
Moscou a accusé Kiev d’avoir empêché les civils de quitter Azovstal. Mais l’Ukraine affirme qu’aucun accord sur des couloirs humanitaires qui permettraient de les évacuer n’a été conclu avec la Russie.
Dormir dans des souterrains
Les combats se poursuivent aussi dans la région de Kharkiv, dans le nord-est, avec un « encerclement partiel » de la deuxième ville du pays, selon le ministère ukrainien de la Défense. Les bombardements obligent les civils à dormir depuis des semaines dans des souterrains.
« C’était effrayant la première semaine, après on s’est habitué », a raconté à l’AFP Alex, 14 ans, qui dort avec sa famille dans un parking souterrain.
« En semaine, le matin, je rentre chez moi pour faire mes devoirs, puis je reviens ici pour déjeuner, jouer à des jeux, aux cartes, au téléphone », a-t-il raconté. « Nos parents ne nous disent pas les détails de la guerre » mais « nous savons que la guerre continue ».
Guterres à Moscou
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres est attendu mardi à Moscou après s’être rendu lundi en Turquie, pays qui tente de jouer les médiateurs dans le conflit. Il doit se rendre ensuite à Kiev.
Le président russe Vladimir Poutine doit par ailleurs s’entretenir au téléphone mardi avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, a indiqué l’agence russe Ria Novosti, citant le porte-parole du Kremlin Dimitri Peskov.
Ankara tente actuellement d’organiser un sommet à Istanbul entre MM. Poutine et Zelensky, bien que les responsables turcs admettent que les perspectives de tels pourparlers restent actuellement faibles.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a affirmé vouloir poursuivre des négociations avec l’Ukraine, mais accusé le président Zelensky de « faire semblant » de discuter avec Moscou.
« C’est un bon acteur (…), si on regarde attentivement et on lit attentivement ce qu’il dit, vous allez y trouver un millier de contradictions », a affirmé M. Lavrov.
Mais « nous continuons de mener des négociations avec l’équipe » ukrainienne « et ces contacts vont se poursuivre », a-t-il ajouté.
Le conflit a anéanti toute coopération entre la Russie et les Occidentaux, qui enchaînent sanctions et expulsions de diplomates. Lundi, Moscou a annoncé l’expulsion de 40 diplomates allemands, en représailles à une mesure similaire prise récemment par Berlin.
Et le Royaume-Uni a annoncé l’abolition de tous les droits de douane et quotas sur les importations de produits ukrainiens, pour « soutenir la lutte de l’Ukraine contre l’invasion brutale et non provoquée de Poutine », a déclaré la secrétaire britannique au Commerce international, Anne-Marie Trevelyan.
Dakarecho avec AFP
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