AfriqueInternational

Vladimir Poutine promet de livrer l’Afrique en céréales si l’accord sur les exportations ukrainiennes n’était pas reconduit

Le président russe s’est engagé ce lundi à accorder la priorité à la coopération avec les États africains, lors d’un discours à la conférence parlementaire internationale Russie-Afrique à Moscou.

Vladimir Poutine a affirmé ce lundi accorder la «priorité» aux relations avec les pays africains, Moscou étant à la recherche de nouveaux partenaires pour faire face aux sanctions internationales pour cause de conflit en Ukraine. «Je tiens à souligner que notre pays a toujours accordé et continuera d’accorder la priorité à la coopération avec les États africains», a déclaré Poutine à Moscou lors d’un discours devant des représentants africains.

«Notre pays est déterminé à poursuivre la construction d’un partenariat stratégique au plein sens du terme avec nos amis africains, et nous sommes prêts à façonner ensemble l’agenda mondial», a poursuivi le président russe. Poutine a estimé que la Russie, comme l’Afrique, «défendent les valeurs morales traditionnelles » en «résistant à l’idéologie néocoloniale imposée de l’étranger ».

Livraison de céréales
Le président russe Vladimir Poutine a promis de livrer l’Afrique en céréales si l’accord sur les exportations ukrainiennes n’était pas reconduit dans deux mois, à l’issue de l’extension annoncée samedi par son homologue turc Recep Tayyip Erdogan.

«Si nous décidons en fin de compte de ne pas prolonger cet accord dans 60 jours, alors nous sommes prêts à livrer depuis la Russie gratuitement tout le volume qui était destiné ces derniers temps aux pays les plus nécessiteux d’Afrique», a-t-il déclaré lors d’un discours à Moscou devant des responsables africains.

Selon lui, la Russie «remplit consciencieusement toutes ses obligations, tant dans l’approvisionnement en nourriture, engrais, carburant et autres produits critiques pour les États du continent, contribuant ainsi à assurer leur sécurité alimentaire et énergétique». Il a une nouvelle fois réitéré ses critiques envers les Européens, les accusant de s’accaparer les céréales qui quittent les ports ukrainiens.

«Seules 3 millions de tonnes de céréales ont été expédiées vers l’Afrique et 1,3 million vers les pays les plus pauvres d’Afrique», a-t-il affirmé, contre «12 millions de tonnes envoyées de Russie» vers le continent.

Le président russe a affirmé, dans son discours, que Moscou «décidera de sa participation future» à l’accord céréalier, qui a été prolongé samedi jusqu’au 18 mai, uniquement si «une mise en œuvre juste et complète» de celui-ci est «assurée».

Plus tôt lundi, le ministère russe des Affaires étrangères avait conditionné la continuation de Moscou à l’accord notamment à «la reconnexion» de la banque Rosselkhozbank au système de paiement international Swift, «l’abolition des restrictions sur l’assurance et la réassurance» des navires, ou encore «le déblocage des avoirs étrangers et les comptes des entreprises russes associés à la production et au transport de denrées alimentaires et d’engrais».

«Sans progrès dans le respect de ces exigences (…) notre participation à (l’accord) sera suspendue», a mis en garde le ministère russe. En l’état actuel, «l’accord continue de fonctionner pendant les deux prochains mois dans les paramètres existants, sans aucun changement dans les ports concernés», a-t-il enfin précisé dans ce communiqué.

Accentuer la coopération
Selon Poutine, la Russie prévoit d’accentuer la coopération avec les pays africains dans le domaine de l’énergie, de la médecine et de doubler les quotas d’étudiants africains dans les universités russes. Sur fond de sanctions occidentales liées à son offensive en Ukraine, Moscou cherche actuellement des soutiens en Asie et en Afrique, où de nombreux États n’ont pas ouvertement condamné l’intervention militaire russe.

La Russie avait déjà multiplié ces dernières années les initiatives sur le continent africain, visant à se poser comme alternative aux anciennes puissances coloniales. Elle y a signé de nombreux partenariats économiques et militaires et le groupe paramilitaire russe Wagner s’est implanté dans plusieurs pays, notamment en Centrafrique, où il a contribué à éroder l’influence française.

Prochain sommet Russie-Afrique en juillet
Le prochain sommet Russie-Afrique, le deuxième du genre, doit se tenir du 26 au 29 juillet à Saint-Pétersbourg. Poutine a assuré lundi préparer «très sérieusement» cette rencontre et invité les dirigeants africains et des organisations régionales à y prendre part.

Lors du premier sommet du genre, en 2019, Vladimir Poutine s’était félicité d’avoir «ouvert une nouvelle page» des relations avec l’Afrique, un continent d’où la Russie s’était largement retiré après la chute de l’URSS.

Cette réunion avait vu la présence de représentants des 54 pays africains, dont 43 chefs d’État. La déclaration commune adoptée à son issue dénonçait notamment les «diktats politiques et le chantage monétaire».

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

Articles Similaires

1 sur 492

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *