« Nous considérons être dans notre droit d’utiliser nos armes contre les installations militaires des pays qui autorisent l’utilisation de leurs armes contre nos installations », a affirmé le président russe lors d’une adresse à la nation. Dans son viseur : les pays occidentaux alliés de Kiev.
Plus qu’un avertissement, une menace. Vladimir Poutine a estimé jeudi dans une adresse à la nation que le conflit en Ukraine avait pris un « caractère mondial », en visant les Occidentaux qui ont autorisé l’usage de missiles américains et européens sur le sol russe.
« À partir du moment où (ces missiles ont été tirés sur la Russie), et comme nous l’avions souligné à maintes reprises (au préalable), le conflit provoqué par l’Occident en Ukraine a pris les éléments d’un (conflit) à caractère mondial », a dit le président russe, affirmant cependant que les frappes de missiles occidentaux tirés par l’Ukraine vers le territoire russe avaient échoué.
« Nous répondrons de manière tout aussi forte »
Le visage fermé, Vladimir Poutine n’a voulu laisser aucune place au doute : la Russie se tient « prête » face à tous les scénarios dans le conflit qui l’oppose à l’Ukraine et ses alliés. « Nous avons toujours été prêts, et nous le sommes toujours, à résoudre tous les problèmes par des moyens pacifiques, mais nous sommes également prêts à faire face à tout développement. Si quelqu’un en doute encore, c’est inutile. Il y aura toujours une réponse. »
« Nous considérons être dans notre droit d’utiliser nos armes contre les installations militaires des pays qui autorisent l’utilisation de leurs armes contre nos installations. Et en cas d’escalade d’actions agressives, nous répondrons de manière tout aussi forte », a-t-il également affirmé. Des propos qui ont fait immédiatement réagir la Maison-Blanche qui estime au contraire que « c’est la Russie qui provoque l’escalade » en Ukraine.
Vladimir Poutine a profité de cette allocution martiale pour donner des nouvelles du front. Il a affirmé que les forces russes ont frappé l’Ukraine avec un nouveau missile balistique hypersonique de moyenne portée, peu de temps après un tir sur la ville de Dnipro qui ne portait pas de charge nucléaire. « Nos ingénieurs l’ont appelé Orechnik », a-t-il déclaré.
Selon lui, cette frappe a visé « un site du complexe militaro-industriel ukrainien », « qui produit des équipements de missiles et d’autres armements ». Cette cité du centre de l’Ukraine abrite le groupe Pivdenmach, appelé en russe Ioujmach et datant de l’époque soviétique.
Un missile hypersonique invincible ?
Aux yeux du président russe, ce missile hypersonique est invincible. « Il n’existe aujourd’hui aucun moyen de contrer de telles armes. Les missiles attaquent des cibles à une vitesse de Mach 10, soit 2,5 à 3 km par seconde. Les systèmes de défense aérienne actuellement disponibles dans le monde et les systèmes de défense antimissile créés par les Américains en Europe n’interceptent pas ces missiles », a-t-il martelé avec fierté. Selon les agences de presse russes, le Kremlin avait en amont averti les États-Unis de cette frappe.
Si Poutine hausse une nouvelle fois le ton et se montre si menaçant, c’est aussi parce que Kiev a reçu dimanche l’autorisation de recourir à des missiles de longue portée américains (mais aussi français et britanniques) pour frapper le territoire russe. Une permission qui pourrait changer la donne en permettant à l’Ukraine de frapper directement les bâtiments militaires sur le sol russe et de prolonger sa résistance. Mardi, Moscou avait accusé son voisin d’avoir frappé son territoire avec des « missiles tactiques ATACMS américains », avant de signer un décret élargissant les possibilités de recours à l’arme nucléaire.
« La Russie ne plaisante pas quand elle menace de recourir à l’arme nucléaire et n’hésitera pas à utiliser tous les moyens à sa disposition pour gagner la guerre et arriver en position forte à l’heure des négociations », estimait l’analyste géopolitique Ulrich Bounat quelques minutes avant la prise de parole de Vladimir Poutine.
Avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche et alors que ce dernier a fait des négociations entre les deux belligérants une priorité, l’homme fort de la Russie, conscient des atouts dont il dispose, veut désormais pousser son avantage au maximum.
Par Enzo Guerini, Tom Hollmann et Paméla Rougerie
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