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«Une cinquantaine de morts» et «plus de 300 blessés» lors des manifestations au Tchad

Paris a condamné ces violences opposant police et manifestants, réunis contre le maintien au pouvoir du président Mahamat Idriss Déby Itno.

Les manifestations meurtrières au Tchad ont fait jeudi 20 octobre une «cinquantaine» de morts à travers le pays, a déclaré le premier ministre Saleh Kebzabo, qui a annoncé la «suspension de toute activité» d’importants groupes d’opposition et un couvre-feu.

«Il y a eu une cinquantaine de morts surtout à N’Djamena, Moundou et Koumra et plus de trois cents blessés», a-t-il affirmé, précisant que le couvre-feu de «18H à 6H du matin» durera jusqu’au «rétablissement total de l’ordre» à N’Djamena, à Moundou, à Doba et à Koumra et a prévenu que le gouvernement «fera régner l’ordre sur l’ensemble du territoire et ne tolèrera plus aucune dérive d’où qu’elles viennent».

Condamnation de Paris
Paris a «condamné» ces violences opposant police et manifestants notamment à N’Djamena, où des centaines de personnes se sont réunies contre le maintien au pouvoir du président Mahamat Idriss Déby Itno, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

«Une manifestation interdite s’est transformée en insurrection. Il y a eu une trentaine de morts dont une dizaine d’éléments des forces de l’ordre et plusieurs blessés. Les manifestants ont attaqué des édifices publics, le gouvernorat, le siège du parti du premier ministre, celui du président de l’Assemblée nationale», avait déclaré à l’AFP Aziz Mahamat Saleh, porte-parole du gouvernement.

«Des violences sont survenues (…) au Tchad, avec notamment l’utilisation d’armes létales contre les manifestants, ce que la France condamne», souligne le Quai d’Orsay. Paris «ne joue aucun rôle dans ces événements, qui relèvent strictement de la politique intérieure du Tchad. Les fausses informations sur une prétendue implication de la France n’ont aucun fondement», ajoute le ministère.

Prolongation pour deux ans de la transition
La crise intervient après la prolongation pour deux ans de la «transition» qui devait s’achever ce jeudi 20 octobre. Mais fin septembre, Mahamat Idriss Déby Itno a finalement été maintenu président jusqu’à des élections démocratiques censées se tenir à l’issue d’une deuxième période de transition. Et auxquelles M. Déby pourra se présenter.

Le 20 avril 2021, à l’annonce de la mort du maréchal Déby, tué par des rebelles en se rendant au front, l’armée avait proclamé son fils Mahamat Déby, général alors âgé de 37 ans, président de la République à la tête d’une junte de 15 généraux, pour une période de transition de 18 mois.

Le nouvel homme fort avait conservé le soutien de Paris, pour qui le Tchad est un point important de sa présence en Afrique. La France avait ainsi été pointée du doigt pour y avoir accepté une transition non constitutionnelle, tout en condamnant dans le même temps un putsch au Mali voisin.

La précision du Quai d’Orsay sur son absence de rôle dans les événements de N’Djamena renvoie aussi au sentiment anti-français qui se développe dans la région, alimenté notamment par des intérêts russes. Le Burkina Faso a connu il y a deux semaines son second coup d’État en neuf mois.

Des intérêts de la France, dont l’ambassade et deux instituts français, avaient été pris à partie par des manifestants favorables aux putschistes. Paris avait dû se défendre d’accueillir l’ancien homme fort et de l’aider à reconquérir le pouvoir.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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