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Un rarissime masque Fang mis aux enchères à Montpellier

Des lignes pures, des traits fins et un visage allongé: un rarissime masque du XIXe siècle, apanage d’une société secrète du peuple Fang au Gabon sera mis aux enchères samedi à Montpellier.

Prudemment estimé entre 300.000 et 400.000 euros par la maison de ventes, il pourrait dépasser les attentes.

En 2006, un masque en bois du peuple Fang, haut de 48 cm, avait été acquis à Paris pour 5,9 millions d’euros, un record pour ce type d’objets dont l’esthétique a inspiré les peintres Modigliani ou Picasso.

Celui proposé samedi, haut de 55 cm, en bois de fromager, forme une figure humaine stylisée au large front bombé, aux yeux en amandes et au nez plongeant vers une petite bouche. Le menton courbé vers l’avant, il est entouré d’une barbe de fibres de raphia.

Il a été collecté vers 1917, dans des circonstances inconnues, par le gouverneur colonial français René-Victor Edward Maurice Fournier (1873-1931), en poste à Dakar puis au Moyen-Congo, probablement lors d’une tournée au Gabon, indique le catalogue de la vente. Les analyses l’ont daté du XIXe siècle.

Les descendants du gouverneur l’ont retrouvé au moment de la vente d’une propriété familiale, « dans un grenier » où il dormait depuis les années 1920, et ignoraient tout de sa rareté, a expliqué à l’AFP le commissaire-priseur chargé de la vente, Jean-Christophe Giuseppi, selon qui il n’existe qu’une dizaine de masques de ce type dans le monde.

« Il appartenait à la société secrète du Ngil, des justiciers qui parcouraient les villages pour débusquer les fauteurs de troubles, parmi lesquels figuraient des individus soupçonnés de sorcellerie. Leurs sentences pouvaient aller jusqu’à la mort », a précisé M. Giuseppi.

La vente, qui a fait l’objet d’une large publicité et a figuré à la une de la Gazette Drouot, magazine spécialisé dans les ventes aux enchères, se déroulera dans le sud de la France, mais devrait attirer des collectionneurs internationaux, selon le commissaire-priseur. Il y aura notamment deux donneurs d’ordres en salle et huit reliés à Montpellier par téléphone.

Issu d’une collection privée, il a obtenu une licence d’exportation du ministère de la Culture. La vente publique se déroulera samedi à l’Hôtel des Ventes de Montpellier à partir de 14H00.

Depuis quelques années, un débat existe sur la question des objets et oeuvres d’art africains présents dans les collections des pays européens qui avaient colonisé le continent.

Des pays comme la Belgique et la France ont ainsi entamé des processus de restitution de certaines oeuvres. En novembre 2021, la France a remis 26 trésors royaux au Bénin pillés dans le palais d’Abomey en 1892 par les troupes coloniales.

Dakarecho avec AFP

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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