Un projet de port financé par la Chine et consacré à la pêche industrielle fait réagir les défenseurs de l’environnement dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest.
Les pays pauvres sont des proies faciles pour les investisseurs étrangers. En Sierra Leone, c’est un projet de port de pêche financé par la Chine qui inquiète. Car, selon les communautés locales, il menace de détruire une zone de forêt vierge et des plages paradisiaques à une trentaine de kilomètres au sud de la capitale Freetown.
Tommy Gbandewa, propriétaire d’une « écolodge » (auberge écologique) à Black Johnson Beach, mène la résistance. Selon lui, le rivage au sable noir bordé de palmiers abrite des chimpanzés et des espèces d’oiseaux protégées. Les tortues marines y viennent aussi pondre chaque année.
Alors que pour le ministère de la Pêche sierra-léonais, ce projet, financé à hauteur de 45 millions d’euros par des investisseurs chinois, pourrait créer des milliers d’emplois, pour l’instant, la plupart du poisson capturé dans les eaux du petit pays d’Afrique de l’Ouest est congelée par quelque 140 chalutiers étrangers qui débarquent leurs prises ailleurs.
Il y a peu ou pas de bénéfices pour la Sierra Leone, regrette la ministre, Emma Kowa Jalloh, qui assure que le futur port vise à restituer une partie de cette manne aux populations locales. Mais ses détracteurs, confortés par un récent rapport de Greenpeace, craignent aussi que les investisseurs ne sortent de leurs cartons une usine de production de farine de poisson.
Même si l’intention est démentie à la fois par le gouvernement de Freetown et par le conseiller économique et commercial de l’ambassade de Chine, cela ne suffit pas à rassurer. La tension monte et des patrouilles armées ont été aperçues sur le site.
