Les obsèques du leader de l’opposition malienne, Soumaïla Cissé, décédé le 25 décembre dernier à Paris des suites de la Covid-19, ont eu lieu vendredi au Palais de la Culture Amadou Hampâté Bâ, en présence du premier ministre Moctar Ouane, de personnalités maliennes et de nombreuses délégations étrangères. C’est hier jeudi que la dépouille du célèbre homme politique malien était arrivée à Bamako.
La cérémonie de ce vendredi a débuté par la lecture du Saint Coran avant les témoignages des membres de la famille du défunt, de ses amis et collaborateurs, des acteurs politiques et du gouvernement. Tous les intervenants ont mis en exergue les qualités humaines de Cissé et son engagement patriotique.
«Tu avais une vision, un projet pour le Mali. Soumaïla, tu as servi le Mali et l’Afrique que tu aimais tant. Avec conviction, foi et engagement, nous (sa famille politique) resterons soudés autour de notre idéal commun. Tu manqueras à chacun d’entre nous», a témoigné Salikou Sanogo, 1er vice-président de l’Union pour la République et la démocratie (URD) le parti fondé par Cissé.
Des milliers de Maliens étaient réunis aujourd’hui à Bamako au Mali
pour saluer une dernière fois la mémoire de Soumaïla Cissé.
Figure politique majeure de la scène politique, l’opposant s’est éteint le 25 décembre en France, à l’âge de 71 ans. pic.twitter.com/tEKJ4gEWfp— Le journal Afrique (@JTAtv5monde) January 1, 2021
Pour le président du Rassemblement pour le Mali (RPM, ex-parti au pouvoir), Bocary Treta, «cette mort intervient à un moment où le Mali pouvait compter sur sa capacité de proposition. Hélas ! Soumaïla Cissé s’en est allé…».
«Votre action publique, depuis quelques dizaines d’années, c’est dans l’intérêt du Mali. Votre mort est un tremblement de terre politique pour ce pays», a reconnu Tiébilé Dramé qui a été le directeur de campagne de Soumaïla Cissé pendant la présidentielle perdue au second tour en 2018. «Soumaïla Cissé est un martyr malien. Qu’il repose en paix», a ajouté celui qui était le ministre malien des Affaires étrangères jusqu’au coup d’Etat du 18 août dernier.
«De Soumaïla Cissé, je garde le souvenir du frère, du patriote et d’un homme d’Etat. Je garde le souvenir d’un cadre compétent», a souligné pour sa part Choguel Kokala Maïga, président du Comité stratégique du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) dont la forte mobilisation a précipité la chute du régime d’Ibrahim Boubacar Kéita le 18 août dernier.
Après la prière du vendredi, Soumaïla Cissé a été accompagné à sa dernière demeure au cimetière de Sogoninko (Commune VI de Bamako) par une foule nombreuse.
Soumaïla Cissé a été un grand acteur de la vie politique du Mali. Plusieurs fois ministre (notamment de l’Economie, Finances et Commerce, Equipement et Aménagement du territoire…) entre 1993 et 2002, et ancien président de la Commission de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’ouest (UEMOA), il a été libéré le 9 octobre dernier (avec la Française Sophie Pétronin et deux otages italiens) par les islamistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) d’Iyad Ag Ghali après plus de six mois de captivité. Il avait été kidnappé le 25 mars dans le nord du pays par des hommes armés en pleine campagne pour le premier tour des législatives organisé le 29 mars 2020.
Député élu à Niafunké (Tombouctou, nord du Mali) en 2013 et 2020, Soumaïla Cissé a été candidat malheureux au second tour de la présidentielle en 2002 (face à feu Amadou Toumani Touré dit ATT), 2013 et 2018 face à Ibrahim Boubacar Kéita. Et de nombreux observateurs faisaient de lui le grand favori de la prochaine présidentielle (2022) qui doit boucler la transition de 18 mois en cours dans ce pays confronté à une crise multidimensionnelle depuis janvier 2012.
Moussa Bolly
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