– Les signataires s’interrogent sur « le message d’exemplarité que le Président Macron, son gouvernement et les parlementaires veulent envoyer ? ».
Dans une tribune publiée vendredi sur le site du « Huffington post », un collectif d’une vingtaine de personnalités de quatorze nationalités et d’horizons différentes, universitaires, activistes, journalistes ou écrivains, s’inquiètent du « recul de la démocratie en France ».
En effet, ces experts internationaux « exhortent le président Macron et son gouvernement à abandonner les lois « sécurité globale » et « séparatisme » et « les dérives autoritaires qui portent atteinte aux droits fondamentaux que la France prétend incarner ».
« Depuis plusieurs années, la démocratie paraît reculer un peu partout dans le monde, être en danger, sans tenir ses promesses d’égalité et de garantie des libertés », constatent les auteurs du texte. Parmi eux, on retrouve Noam Chomsky, professeur émérite de linguistique au Massachusetts Institute of Technology (Etats-Unis).
Citant l’exemple de plusieurs pays dérivant vers l’autoritarisme, les signataires dont trois prix Nobel de la Paix, tels que Tawakkol Karman, Alfonso Pérez Esquivel et Jody Williams craignent que la France se retrouve dans le camp de ces pays.
« La France –berceau des droits humains tels que promulgués en 1789– serait-elle en train de rejoindre le camp des pays où la démocratie est fragilisée par le pouvoir lui-même ? Nous y observons malheureusement de violentes atteintes aux droits fondamentaux et un recul démocratique » regrettent encore plusieurs professeurs d’universités.
Par ailleurs, les signataires observent que « la République française et sa devise “liberté, égalité, fraternité” subissent des coups répétés de la part de son Président, de son gouvernement et une majorité de parlementaires français ».
De plus en plus de lois liberticides
Les signataires regrettent les séries de lois liberticides « sans efficacités » depuis 2015, qui ont « des effets pervers sur l’État de droit ou sur les personnes de confession musulmane ». Par ailleurs, ces personnalités ne comprennent pas que « les gouvernements français successifs s’enferment dans une dépendance inquiétante aux ”états d’urgence” ».
Rappelant les lois débattues au Parlement français, à savoir la loi “sécurité globale” et la loi “confortant le respect des principes de la République”, aussi appelée “loi contre le séparatisme”, les auteurs estiment qu’elles « constituent des atteintes sans précédent aux piliers de la République Française menaçant plusieurs droits fondamentaux ».
Toujours selon les auteurs, « outre le piège évident qu’elle représente pour la démocratie française, cette loi contre le séparatisme, ainsi que la loi sécurité globale, constituent des menaces pour la liberté dans le monde ».
Les signataires s’interrogent d’ailleurs sur « le message d’exemplarité que le Président Emmanuel Macron, son gouvernement et les parlementaires français veulent envoyer au moment où les populations souffrent d’un recul global des droits humains, des libertés et de la démocratie dans des dizaines de pays ? ».
La solidarité internationale doit dominer
Pour les signataires « dans un monde globalisé, la nécessité de dépasser les frontières et de faire jouer la solidarité internationale n’est plus à démontrer ». De ce fait, ils appellent la communauté internationale à soutenir la lutte de la société civile française « en dénonçant ces atteintes aux droits humains et aux libertés ».
Sans ambiguïté, les auteurs « exhortent donc le président Macron et son gouvernement d’abandonner les lois sécurité globale et contre le séparatisme afin que la défense de la liberté, de l’égalité et de la fraternité aient encore un sens »
Signataires :
Gráinne de Burca, professeure de droit, New York Univerisity law school (Irlande)
Sébastien Chauvin, professeur associé, Université de Lausanne (Suisse)
Noam Chomsky, professeur émérite de linguistique au Massachusetts Institute of Technology (Etats-Unis)
Angela Davis, écrivaine et professeure émérite de philosophie, Université de Santa Cruz (Etats-Unis)
Alfonso Pérez Esquivel, prix Nobel de la Paix (Argentine)
Franco Fracassi, Journaliste, (Italie)
Sonia Guajajara, femme politique autochtone et présidente de l’APIB (Brésil)
Barbara Havelková, professeure associée de droit, Faculté de droit, Université d’Oxford, chargé de cours en droit, St Hilda’s College, Université d’Oxford (Rép. Tchèque)
Kamel Jendoubi, activiste des droits humains (Tunisie)
Tawakkol Karman, journaliste, prix Nobel de la Paix (Yemen)
Eléonore Lépinard, professeure associée, Université de Lausanne (Suisse)
Frédéric Mégret, Co-directeur, Centre sur les droits de la personne et le pluralisme juridique, Université de McGill (Canada)
Mathias Möschel, professeur de droit, (Autriche, Allemagne)
Fernanda G. Nicola, professeur de droit, directrice du Programme pour les organisations internationales, le droit et le développement Washington College of Law, American University (Italie)
Ruth Rubio Marin, directeur de la Chaire UNESCO en droits de l’homme et interculturalité, Université internationale d’Andalousie (Espagne).
Aminata Dramane Traoré, ancienne ministre (Mali)
Chico Whitaker, altermondialiste et activiste (Brésil)
Jody Williams, prix Nobel de la Paix (Etats-Unis)
Jean Wyllys, ancien député fédéral (Brésil)
Jean Ziegler, universitaire, expert Nations Unies (Suisse)
Iphigénie Kamtsidou, Professeure de Droit Constitutionnel, Université Aristote de Thessalonique (Grèce)
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