Six partis turcs d’opposition au régime du président Recep Tayyip Erdogan ont dévoilé lundi 28 février un protocole d’entente pour le retour du pays à un «système parlementaire renforcé», lors du prochain scrutin présidentiel prévu en juin 2023.
Les dirigeants du CHP, le Parti républicain du peuple – principal parti d’opposition (social-démocrate), qui tient les municipalités de Ankara, Izmir et Istanbul -, du Bon parti (Iyi Parti, droite nationaliste), du Parti de la Félicité (Saadet, conservateur), du Parti Démocrate (DP, centre-droite), du Parti de la démocratie et du progrès (Deva) et du Parti de l’avenir, tous représentés au Parlement, sont signataires.
A l’issue du dernier scrutin en juin 2018, qui avait reconduit pour cinq ans le président Erdogan – au pouvoir depuis 2003 -, la Turquie avait basculé d’un régime parlementaire avec premier ministre à un régime présidentiel dans lequel les pouvoirs du chef de l’État sont élargis.
«Hyper-présidence»
La révision constitutionnelle, adoptée par le Parlement puis validée par un référendum populaire, a supprimé le poste de premier ministre, dont les prérogatives ont été transférées au chef de l’État. Ce qui l’autorise notamment à gouverner par décret, à déclarer l’état d’urgence, à dissoudre le parlement et à nommer certains hauts fonctionnaires et magistrats.
Cette «hyper-présidence» s’inscrivait alors dans la reprise en main du pays après la tentative de coup d’État de juillet 2016, menée par des militaires factieux et suivie de vastes purges notamment au sein des forces armées, de la police et des administrations publiques, avec l’arrestation ou le limogeage de dizaines de milliers de personnes.
Confronté à une grave crise économique et à un taux d’inflation officiel proche de 50%, le président Erdogan pourrait être tenté d’avancer la date des élections législatives et présidentielles, redoutent ses adversaires.
Les six partis ont cofondé «l’Alliance de la Nation», par opposition à «l’Alliance du peuple» au pouvoir, entre l’AKP, le parti de la Justice et du développement de Recep Tayyip Erdogan et le MHP (conservateur).
Parmi les absents notables, manque le HDP, ou Parti démocratique des peuples, pro-kurde. L’opposition n’a pas encore publié le nom des candidats pour la représenter à l’élection présidentielle.
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