C’est une maladie parfois invisible qui touche les adultes mais aussi de plus en plus les enfants. Et qui peut entraîner de sévères complications. Une bonne hygiène de vie est à recommander.
Il y a quinze à vingt ans le diabète de type 2, dit de la maturité, concernait quelques centaines d’enfants en France. Aujourd’hui, des milliers de jeunes de moins de 15 ans souffriraient de cette maladie, jusqu’alors l’apanage des plus de 60 ans », affirme le professeur Jean-Jacques Altman, diabétologue (Paris).
Conséquence de la malbouffe et de l’obésité chez les enfants, la situation pourrait empirer si les parents ne sont pas informés des risques pour leur progéniture et des moyens de les protéger. « Le diabète de l’adolescent est lié à la malnutrition et à la pauvreté, insiste le professeur Étienne Larger, chef du service de diabétologie à l’hôpital Cochin à Paris. En France, la carte des régions où il y a le plus d’obèses et d’enfants en surpoids se superpose à celle où les populations ont les plus faibles revenus. »
3 millions d’adultes concernés en France
Pour l’adulte, la situation n’est pas glorieuse non plus. Il y a dans l’Hexagone plus de 3 millions de personnes diabétiques de type 2 et, parmi elles, 20 % l’ignorent. Il y aurait aussi 2,5 millions de personnes prédiabétiques, dont près de la moitié deviendront malades.
Des stratégies existent pour prévenir le diabète chez les enfants et chez les adultes à risque ou pour retarder son apparition. Ces conseils, à la portée de tous, reposent sur des règles d’hygiène de vie. Mais si la théorie est connue, l’incitation à la mettre en œuvre reste quasiment nulle.
🚨A l’occasion de la journée mondiale du diabète, @LeCorpusMedical organise une journée de dépistage, de consultation et sensibilisation
Toute personne désirant se faire dépister ou avoir des informations sur le diabète est la bienvenue
🗓 : 14 Novembre 2021
Lieu : Guediawaye pic.twitter.com/cMkoSMNL7c— LCM (@LeCorpusMedical) November 8, 2021
Le diabète, maladie chronique liée à une résistance de l’organisme à l’insuline, et dont c’est la Journée mondiale dimanche*, n’entraîne aucun symptôme au début. En l’absence de diagnostic, elle peut se révéler par ses complications, visuelles (rétinopathie diabétique), rénales (insuffisance rénale), cardio-vasculaires, ou encore plaies des pieds… Le dosage de la glycémie à jeun permet de dépister la maladie et les personnes à risque. Le diabète de type 2 est diagnostiqué lorsque la glycémie (le taux de sucre dans le sang) est supérieure à 1,26 g/l, le prédiabète, lorsqu’elle se situe entre 1,10 et 1,25 g/l.
Deux facteurs de risque majeur sont clairement identifiés, l’âge et le surpoids ou l’obésité. La hausse de l’espérance de vie explique en grande partie l’explosion du nombre de diabétiques, puisque le risque augmente avec le nombre d’années. L’épidémie d’obésité et la sédentarité contribuent également à cette évolution.
Exercices physiques et régimes au cœur de la prévention
« Quelques autres facteurs de risque ont été reconnus, ajoute le professeur Larger. Pour une femme, avoir des ovaires polykystiques ou des bébés avec un poids de naissance élevé ; pour tous, présenter un surpoids, particulièrement localisé au niveau de l’abdomen, ou des antécédents familiaux de diabète. » Si vos deux parents sont diabétiques, votre risque est supérieur de 50 %. « Mais cette hérédité ne tient pas tant à la génétique propre qu’au mode de vie transmis au sein de la famille en termes d’alimentation et d’exercice physique », relève Étienne Larger.
Il n’y a pas de fatalité à en souffrir. De multiples essais d’intervention se sont révélés efficaces pour réduire ou retarder le développement du diabète chez les personnes à haut risque. L’exercice physique et le régime alimentaire sont au cœur à la fois de la prévention et de la prise en charge. « L’exercice physique améliore de façon considérable la sensibilité à l’insuline. On a même pu démontrer son effet dans les cellules à l’échelle moléculaire, plus efficace que tous les médicaments existants», affirme le professeur Altman.
L’étude DPP menée aux États-Unis en 2002 est une référence. Plus de 3 000 personnes à haut risque de diabète ont bénéficié soit d’un placebo, soit d’un médicament antidiabétique, soit d’un programme pour maigrir et faire des exercices quotidiens. Résultat, les volontaires intégrés dans le programme maigrir/exercices physiques étaient ceux qui avaient le moins de risques de devenir diabétiques les trois années suivantes. Des essais similaires en Chine, en Europe du Nord, en Italie, en Espagne ont tous conclu que l’on pouvait éviter ou retarder le diabète par la perte de poids et l’activité physique.
Un programme de prévention pour les prédiabétiques vient d’être lancé en France, dans quelques centres mutualistes, à Mont-de-Marsan, Nevers, Paris et Toulouse, assuré par des équipes pluridisciplinaires de médecins, diététiciens, coachs sportifs. Il devrait prendre en charge 140 patients sur trois ans (rappelons qu’il y aurait 2,5 millions de prédiabétiques). Si la démarche est louable, plutôt qu’attendre la très hypothétique généralisation de ce dispositif, il est conseillé, si l’on fait partie d’un groupe à haut risque de diabète, de se prendre en charge, si nécessaire avec l’aide d’un médecin.
* Federationdesdiabetiques.org.
Martine Perez avec Le Parisien
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