ChineDroits de l'homme

Selon Safeguard Defenders, la Chine utilise des méthodes extra-judiciaires pour rapatrier des « fugitifs »

La Chine utilise des méthodes extra-judiciaires pour rapatrier des « fugitifs » accusés de corruption ou d’autres crimes, avec notamment des « opérations illégales » dans des pays étrangers, accuse un rapport d’une ONG de défense des droits de l’Homme.

Selon l’association Safeguard Defenders, basée à Madrid et fondée par un Suédois jadis incarcéré dans une prison chinoise, la « quasi-totalité » des quelque 10.000 individus officiellement ramenés en Chine depuis 2014 l’ont été par ces moyens.

Ce chiffre ne serait que « la partie visible de l’iceberg », estime l’étude publiée mardi.

Officiellement, les personnes visées le sont dans le cadre de la campagne anti-corruption lancée par le président chinois Xi Jinping afin d’assainir les milieux économiques et politiques.

Mais selon Safeguard Defenders, des personnes critiques du Parti communiste chinois (PCC) feraient également l’objet de pressions pour rentrer en Chine.

Pour faire revenir tous ces « fugitifs », Pékin, en plus des classiques demandes d’extradition, utiliserait en partie des moyens extra-judiciaires.

Des « agents chinois » mèneraient notamment des « opérations illégales » à l’étranger, sous couverture, afin de convaincre, d’intimider voire d’enlever les personnes recherchées, assure Safeguard Defenders.

Dans de nombreux cas, les autorités chinoises harcèlent, voire placent en détention, les proches restés en Chine de ces « fugitifs », afin de pousser ces derniers à rentrer au pays, d’après l’étude.

Certaines personnes recherchées auraient par ailleurs été attirées par ruse dans des pays tiers ayant des accords d’extradition avec la Chine, afin de faciliter leur capture.

Pékin a lancé en 2014 l’opération « Chasse au renard » pour rapatrier les criminels économiques. Elle a ensuite été intégrée à l’opération « Sky Net », lancée en 2015 et plus vaste en termes de personnes ciblées.

La Chine a été accusée d’avoir effectué plusieurs enlèvements.

En 2015, Gui Minhai, un Chinois naturalisé Suédois qui vendait à Hong Kong des livres au contenu salace sur les dirigeants chinois, avait disparu en Thaïlande avant de réapparaitre en détention en Chine.

En 2017, le milliardaire Xiao Jianhua avait subitement disparu d’un hôtel hongkongais. On ignore toujours où il se trouve.

Safeguard Defenders a été fondée par Peter Dahlin, un militant suédois autrefois installé à Pékin (2009-2016) pour former des défenseurs des droits de l’Homme. Il avait été détenu pendant trois semaines pour atteinte à la sécurité nationale, avant d’être expulsé.

Pour son rapport, l’ONG s’est fondée sur ses propres interviews, des documents officiels chinois ou encore des articles de la presse chinoise et étrangère.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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