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Sarahmée remet les pendules à l’heure

Depuis la sortie d’Irréversible, en 2019, la rappeuse Sarahmée récolte les fruits de plusieurs années de travail acharné pour faire sa place dans le cœur des Québécois, et elle a décidé qu’il était temps de vanter ses accomplissements.

Sur son nouvel album, Poupée russe, elle roule les mécaniques. « J’ai du charisme pour 10, j’ai la meilleure équipe… », clame-t-elle sur la chanson Sourde, empruntant à l’esprit egotrip caractéristique du rap.

Au bout du cellulaire, Sarahmée explique : « J’avais envie de prendre la place qui me revient. De dire les choses que j’ai accomplies, de remettre certaines pendules à l’heure, de replacer mon parcours. Les gens m’ont écoutée, mais je pense qu’avec cet album, ils vont plus m’entendre. »

Pourquoi le faire maintenant ?
« J’attendais de faire mes preuves, dit-elle. Certains m’ont connue il y a deux ans, mais ça ne fait pas deux ans que je fais de la musique. Ceux qui pensent que je l’ai eu facile parce qu’ils me voient beaucoup dans les médias, c’est faux. C’est 15 ans de travail et on n’a pas volé ce qu’on a aujourd’hui. Si on a de la reconnaissance, c’est parce qu’on a travaillé énormément avec mon équipe depuis le début. On n’a pas abandonné. »

Populaire
Il est incontestable que l’étoile de la rappeuse brille de plus en plus fort.

Elle comptait parmi les juges de la première saison du concours de rap télé La fin des faibles, à Télé-Québec, l’hiver dernier. En juin, elle faisait partie du panel d’animateurs du grand spectacle de la Fête nationale. Aussi à l’animation, elle a amorcé, cet été, le tournage d’un documentaire qui la mènera à la rencontre de collectifs de femmes dans une douzaine de pays pour le compte de TV5.

La parution d’Irréversible, il y a deux ans, a changé la donne, estime Sarahmée. Tout à coup, on l’invitait dans les festivals et ses chansons tournaient à la radio.

Le grand coup a cependant été donné quand elle a participé au numéro d’ouverture du gala de l’ADISQ.

« J’ai senti un changement, j’ai senti que les gens me voyaient et qu’ils trouvaient que ce que je faisais était intéressant. Ce soir-là, je suis allée chercher du monde qui ne me connaissait pas du tout. »

Ces gens qui viennent d’embarquer dans le train Sarahmée peuvent être rassurés. Musicalement, Poupée russe se présente comme une évolution du son d’Irréversible, bricolé encore une fois avec ses collaborateurs, Thomas Lapointe et Diego Montenegro.

Une suite d’Irréversible
Pas de grande révolution ici, plutôt un raffinement. Le rap de Sarahmée demeure dansant, quoique plus posé, de l’aveu de sa créatrice, et puise ses grooves dans le trap et l’afrobeat.

« Je voulais une richesse musicale. Il y a des chansons qui finissent avec de gros solos de guitare électrique ou de gros drums. Je voulais qu’on s’éclate et que chaque chanson nous mette dans une ambiance différente, mais malgré lui, Poupée russe est devenu une suite d’Irréversible. »

Comme sur son album précédent, Sarahmée a distribué des invitations. On peut ainsi entendre les voix de Nyssa Seych sur le hit radio Elle était partie, de même que celles de Maky Lavender (Tout quitter), Chilla (Vilipendées) et de la nouvelle idole du rap queb, Fouki.

« On s’était vus à l’ADISQ et il m’a dit de lui faire signe si jamais j’avais quelque chose, qu’il serait super down de faire une chanson avec moi. Je lui ai envoyé Quand la route est longue et il a aimé le beat. »

Le Sénégal dans la mire
La prochaine étape pour Sarahmée ? Conquérir son pays d’origine, le Sénégal.

La commande est de taille. Même si elle a des amis sur place qui se chargent de distribuer sa musique et que ses clips y sont vus à la télé, la concurrence dans le rap est féroce dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.

« Il y a même des beefs [querelles, NDLR] entre rappeurs. C’est la capitale du rap en Afrique de l’Ouest, il y a des concerts dans les stades et les amphithéâtres à longueur d’année. […] J’aimerais le développer, mais il faudrait que je vive sur place. Je me suis dit que j’aimerais y passer un mois ou deux par année pour que les gens me voient et faire des concerts sur place. »

CÉDRIC BÉLANGER

Photo: Chantal Poirier

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