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Rires, larmes et prières au Brésil à l’annonce de la victoire de Luiz Inacio Lula da Silva

Enveloppée dans le drapeau du Brésil, Larissa Meneses laisse éclater sa joie au milieu des centaines de milliers de partisans euphoriques du président élu de gauche, Luiz Inacio Lula da Silva, qui célébraient dimanche soir sa victoire sur l’artère principale de Sao Paulo.

« Je me suis sentie comme étouffée pendant quatre ans, aujourd’hui c’est le moment de rire », lance cette programmatrice informatique de 34 ans sur l’avenue Paulista, lieu emblématique des manifestations de la gauche.

A ses côtés, un groupe entonnait joyeusement « Il est temps pour Jair de partir », une rengaine chantée à gorge déployée par les Lulistes pendant la campagne.

« J’ai gagné, c’est une victoire pour moi, comme tout le monde je pleure de joie », déclare dans la foule Mary Alves Silva, une banquière de 53 ans, avec des autocollants Lula couvrant ses bras et sa poitrine.

Elle estime également que c’est aussi la victoire pour la forêt amazonienne et ses habitants indigènes.

Dans un bar de Copacabana, à Rio de Janeiro, Carolina Freio, fonctionnaire de 44 ans, dit ressentir « une sensation indescriptible » après avoir fondu en larmes à l’annonce officielle de la victoire de Lula, à 50,9% contre 49,1% pour le président sortant d’extrême droite Jair Bolsonaro.

« Il représente tellement de choses : l’égalité des sexes, la liberté. Lula va tout changer », lance-t-elle, submergée par l’émotion.

Dans un bar de Leme, un quartier de Rio de Janeiro, Victoria Cabral, très nerveuse jusqu’à l’annonce des résultats, « ne peut pas comprendre comment la moitié du pays a voté pour Bolsonaro ».

« Mais je pense que l’espoir revient enfin. Ça va au-delà de la politique, on parle d’humanisme. Bolsonaro est raciste, homophobe, voleur, misogyne…. Non pas que Lula soit le candidat idéal, mais il est tellement meilleur », lâche-t-elle.

« Il faut un miracle »
Alors que le résultat se dessinait, les partisans de Bolsonaro réunis dans la capitale Brasilia se sont eux mis à genoux et ont levé les bras pour implorer le ciel en prières.

« Nous avons besoin d’un miracle », lance un orateur au micro, tandis que des larmes de désespoir commencent à ruisseler sur les visages.

« J’espère que le président va rencontrer les généraux, que les choses puissent encore changer », dit un dentiste de 57 ans qui n’a pas voulu donner son nom de famille, sous-entendant une tentative de coup de force.

Ruth da Silva Barbosa, une enseignante de 50 ans, se dit « révoltée » par le résultat. « Le peuple brésilien ne va pas avaler une élection manipulée comme cela et remettre le pays entre les mains d’un bandit ».

A Sao Paulo, l’éventualité d’une réaction violente des bolsonaristes a terni la joie de Larissa Meneses.

Le président sortant, qui a menacé pendant la campagne de ne pas reconnaître sa défaite et qui n’avait dimanche soir pas encore pris la parole, doit encore diriger le pays les deux prochains mois.

« J’ai peur parce que je pense qu’il est capable de tout, mais je pense aussi que la démocratie prévaudra », affirme-t-elle. « J’espère que nous continuerons à résister, à pousser » et « nous irons jusqu’au bout en criant que l’espoir est la dernière chose qui meure ».

William Alves, un homme d’affaires de 37 ans aux cheveux crépus et aux lunettes à monture épaisse, s’attendait à ce que le « résultat soit serré, mais pas à ce point ».

« C’est une victoire dans la douleur mais elle est historique, dit-il, espérant « que la Constitution sera respectée ».

Une bière à la main, Diana Rafaela, une vendeuse de 35 ans, dit célébrer le triomphe sur le « fascisme », mais lance un appel à la prudence. « Maintenant, on doit reconstruire le Brésil, car ce n’est pas du jour au lendemain qu’on va retrouver des emplois, une éducation et du pouvoir d’achat ».

Alors que la fête autour de Lula se poursuivait avec une foule immense, Rogerio Barbosa venu vendre des drapeaux brésiliens près d’une station de métro de Sao Paulo, remballait, désolé, sa marchandise.

« Je suis venu au cas où Bolsonaro gagnerait, pour pouvoir vendre son drapeau », a déclaré l’homme de 58 ans. « Je préférais Bolsonaro, Dieu, la famille. Maintenant je vais voir ce que Lula peut faire pour nous », dit-il fataliste.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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