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Qui est Xi Jinping ?

A l’arrivée de Xi Jinping au pouvoir fin 2012, nombre d’observateurs prédisaient qu’il serait le plus progressiste des dirigeants communistes de l’histoire de Chine, en raison de son profil discret et de son passé familial.

Dix ans plus tard, ces prédictions se sont avérées erronées, ce qui prouve à quel point l’homme de 69 ans, qui vient d’obtenir vendredi un inédit troisième mandat de chef de l’Etat, était alors méconnu.

Dirigeant le plus puissant depuis le fondateur du régime Mao Tsé-toung, Xi Jinping s’est patiemment attelé à la consolidation de son pouvoir, bâillonnant toute dissidence, son désir de contrôle s’immisçant désormais dans nombre de sujets socio-économiques.

Séjour forcé à la campagne au contact de la rude vie paysanne, lente montée des échelons, travailleur acharné… Son parcours est inlassablement loué par l’historiographie officielle du Parti communiste chinois (PCC).

« Je conteste l’idée reçue selon laquelle Xi Jinping se bat pour le pouvoir dans le seul intérêt du pouvoir », déclare à l’AFP Alfred L. Chan, auteur d’un livre sur la vie du dirigeant chinois.

« Je dirais qu’il cherche le pouvoir (et en use) comme d’un instrument (…) pour réaliser sa vision » pour son pays, souligne-t-il.

Un autre biographe, Adrian Geiges, ne pense pas que Xi Jinping soit motivé par un désir d’enrichissement.

« Il a vraiment une vision de la Chine, il veut que la Chine devienne le pays le plus puissant du monde », assure-t-il à l’AFP.

« Mûrir plus tôt »
Au coeur de cette vision se trouve le Parti communiste, avec ce que Xi Jinping appelle le « rêve chinois » ou la « grande renaissance de la nation chinoise », victime pendant un siècle et demi d’invasions étrangères puis de troubles politiques intérieurs.

Son enfance ne laissait pas présager d’une telle ascension au sein du PCC.

Son père Xi Zhongxun, un héros révolutionnaire devenu vice-Premier ministre, a été pris pour cible par Mao Tsé-toung pendant la Révolution culturelle (1966-1976).

« Xi Jinping et sa famille ont été traumatisés », selon M. Chan.

L’adolescent perd son statut du jour au lendemain et l’une de ses demi-soeurs se serait suicidée à cause de ces persécutions. Il a lui-même déclaré avoir été ostracisé par ses camarades de classe.

A tout juste 15 ans, Xi Jinping est envoyé comme beaucoup de jeunes urbains de son âge à la campagne, participant aux durs travaux agricoles et dormant dans une habitation creusée à flanc de colline.

« L’intensité du travail m’a choqué », a-t-il déclaré plus tard.

Il a aussi raconté au journal américain Washington Post en 1992 les séances publiques de critiques au cours desquelles il devait dénoncer son père durant la Révolution culturelle.

« Même si vous ne comprenez pas (ce qui se passe), vous êtes forcés de comprendre », confiait-il alors. « Cela vous fait mûrir plus tôt ».

Femme soprano
Pour le biographe Alfred L. Chan, cette jeunesse à la dure lui a donné une certaine « solidité » mentale.

Aujourd’hui, la grotte dans laquelle il a séjourné à la campagne est devenue une attraction touristique, qui sert également à la propagande pour souligner sa préoccupation pour les plus pauvres.

Lors d’une visite de l’AFP en 2016, un habitant avait dressé le portrait d’un Xi Jinping quasi légendaire, lisant des livres lors de ses pauses entre les travaux agricoles.

Avant d’être acceptée, sa demande d’adhésion au PCC a été rejetée plusieurs fois, à cause de l’héritage paternel.

D’abord chef du PCC dans un village en 1974, Xi Jinping a commencé à un niveau très bas, gravissant progressivement les échelons.

Il devient gouverneur de la province du Fujian en 1999, puis chef du Parti pour le Zhejiang en 2002 et enfin pour Shanghai en 2007.

Son père a été réhabilité à la fin des années 1970 après la mort de Mao Tsé-toung, ce qui a très probablement facilité l’ascension politique de Xi Jinping.

Après avoir divorcé de sa première femme, il a épousé la soprano superstar Peng Liyuan en 1987, à une époque où elle était beaucoup plus connue que lui.

« Grand choc »
Cai Xia, une ancienne cadre du PCC qui vit en exil aux Etats-Unis, estime qu' »il souffre d’un complexe d’infériorité, sachant qu’il est peu éduqué par rapport aux autres hauts dirigeants du PCC ».

Xi Jinping s’est par contre toujours considéré « comme un héritier de la révolution », selon M. Chan.

En 2007, il a été nommé au comité permanent du Bureau politique, la plus haute instance décisionnelle du parti.

Lorsqu’il a remplacé l’ex-dirigeant Hu Jintao cinq ans plus tard, rien ne laissait présager de ses actions en matière politique: réduction de la marge de manoeuvre des médias, baisse de la liberté académique dans les universités, mise au pas de l’opposition à Hong Kong…

Aidé par un discours patriotique voire parfois nationaliste, Xi Jinping a su tirer parti de ce récit d’une Chine ascendante, qui revient à sa juste place dans la communauté internationale, pour asseoir sa légitimité auprès de la population.

« La chute de l’Union soviétique et du socialisme en Europe de l’Est a été un grand choc » pour lui, estime M. Geiges, ajoutant que M. Xi attribue cet effondrement à l’ouverture politique.

« Il a donc décidé que cela ne devait pas arriver à la Chine (…) C’est pourquoi il veut une direction forte du Parti communiste, avec un dirigeant fort. »

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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