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Qu’est devenue Fabienne Kabou, la mère condamnée pour infanticide à Berck-sur-Mer en 2017 ?

Qu’est devenue Fabienne Kabou, la mère condamnée pour infanticide à Berck-sur-Mer en 2017 ?

Mercredi 9 octobre 2024 à 20h55, Arte diffuse Saint Omer, un film d’Alice Diop inspiré de faits réels. Il raconte le procès pour infanticide de Laurence Coly, un personnage fictif inspirée d’une femme bien réelle : Fabienne Kabou.

En 2016, Fabienne Kabou est condamnée pour la première fois à son procès d’assises à 20 ans de réclusion criminelle. L’année d’après, en appel, elle écope de 15 ans. Qu’a-t-elle fait pour finir en prison et être jugée si durement par ses pairs ?

Pour comprendre comment cette jeune femme brillante, d’origine sénégalaise, en est arrivée là, il faut remonter au 19 novembre 2013. Ce jour-là, elle prend le train avec sa petite fille de 15 mois, Adélaïde, direction Berck-sur-Mer.

C’est sur la plage de cette commune qu’elle abandonne sa petite endormie aux vagues. On retrouvera le petit corps quelques heures plus tard, il n’aura pas été avalé par les flots. Cette histoire folle va faire couler beaucoup d’encre. Parmi lesquelles, celle de la plume de la réalisatrice sénégalaise Alice Diop. Touchée et inspirée par cette affaire d’une tristesse innommable, elle réalise Saint Omer en 2022, un long métrage diffusé mercredi 9 octobre 2024 à 20h55 sur Arte.

Pourquoi Fabienne Kabou a-t-elle été condamnée ?
Saint Omer, c’est un huis clos étouffant. Malgré la luminosité de la salle des assises et la brillante qualité des débats, il est difficile de s’extraire de la noirceur de ce que l’on juge. L’assassinat d’un bébé qui n’avait pas d’identité légale. L’affaire Fabienne Kabou fascine par son caractère mystérieux. On peine à comprendre cette femme si intelligente qui n’est pas allée au bout de son cursus universitaire, griffonnait des choses étranges, entendait des voix et invoquait des sortilèges de marabouts pour expliquer son geste.

Lors de son procès, on peine aussi à éprouver de l’empathie pour cette mère meurtrière, qui avait accouché seule, dans l’intimité de sa chambre, sans jamais prendre la peine d’aller déclarer Adélaïde à l’état civil. Et surtout, qui avait étudié les horaires des marées pour s’assurer que sa fille ne s’échouerait pas sur la plage…

« On attendait une femme noyée de solitude, abandonnée à ses tourments de mère sous le regard indifférent de son compagnon ; on a vu apparaître une accusée cassante, autoritaire, affabulatrice et menteuse », écrit Le Monde en juin 2016. Si le quotidien a suivi le procès, il a également donné à Alice Diop le point de départ de son récit imagé de l’horreur.

« Pour Saint Omer, l’obsession vient d’une photo, publiée dans Le Monde en 2015. C’est une image en noir et blanc, prise par une caméra de surveillance : une femme noire, gare du Nord, pousse un bébé métisse emmitouflé dans une combinaison. Je regarde cette photo et je me dis ‘Elle est sénégalaise !' », raconte-t-elle dans le dossier de presse. Saint Omer commençait alors à émerger dans son esprit.

Où est Fabienne Kabou aujourd’hui ?
Pendant des semaines, Alice Diop se passionne pour cette affaire d’infanticide et se rend même au procès dans le but de tenter de comprendre pourquoi cette femme qui lui ressemble a commis l’irréparable. « Je ne m’explique pas cet acte fou qui consiste à aller au procès d’une femme qui a tué son bébé métisse de quinze mois, alors même que je suis également la jeune mère d’un enfant métisse. J’en parle quand même à mes producteurs, qui ont, eux, l’intuition qu’un film se cherche. […] Ce qui a rendu aussi le film très concret, c’est que j’ai été obsédée par le rituel documentaire de la justice.

Le dernier jour du procès, je me suis rendu compte que cette petite fille avait été nommée. Plus que nommée, sa plainte avait été déposée quelque part, elle avait été vue… » C’est à l’issue du premier procès que s’achève le film, mais pas la vie de Fabienne Kabou. Condamnée à 15 ans en appel, la jeune femme n’en purgera que neuf. Le 30 mai 2023, BFMTV annonce la remise en liberté de Fabienne Kabou.

« Elle a bénéficié, le 12 décembre 2022, d’un placement extérieur dans une ferme sociale située dans le sud-ouest de la France. ‘Elle a l’obligation de résider dans cette ferme, d’y travailler et de demander l’autorisation de la justice pour tout déplacement, indique ainsi une source judiciaire.

Et évidemment, elle a également une obligation de soins…' », écrivaient nos confrères. Son avocate, Fabienne Roy-Nansion, a déclaré que « sa détention s’est bien déroulée » et que « la seule chose qui lui avait manqué en prison, c’était sa fille ». Sa peine ayant officiellement pris fin le 28 février 2024, elle est désormais libre, bien qu’obligée de se plier à un suivi socio-judiciaire pendant huit ans.

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