International

Quels sont les pays qui ont voté contre ou se sont abstenus lors de la résolution de l’ONU réclamant le retrait des troupes russes en Ukraine ?

Jeudi soir, sept pays se sont opposés à la résolution de l’ONU réclamant le retrait des troupes russes en Ukraine. 32 ont choisi de s’abstenir et 13 n’ont même pas pris part au vote.

La majorité, mais toujours pas l’unanimité. Un an jour pour jour après l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes, les pays membres de l’Assemblée générale de l’ONU ne parviennent toujours pas à tomber d’accord pour rétablir la paix. Qu’importe si cette résolution « appelant à la fin de la guerre » et réclamant « le retrait immédiat de la Russie » est non contraignante. Sept pays ont voté contre et 32 se sont abstenus.

Rien de bien étonnant, en réalité, puisque Moscou a voix au chapitre. À ses côtés se tiennent les alliés assumés que sont la Biélorussie et la Syrie. Mais aussi l’Érythrée, la Corée du Nord, le Mali et le Nicaragua.

Les votes traduisent la réalité d’un monde multipolaire, avec « des positions étatiques individuelles et potentiellement fluctuantes », entame Johanna Möhring, chargée de recherche au Center for Advanced Security, Strategic and Integration Studies, de l’Université de Bonn.

Des changements par rapport à mars 2022
D’ailleurs, quelques changements notables ont eu lieu entre le vote de la toute première résolution sur le sujet, le 2 mars 2022 (qui demandait à la Russie de mettre fin à son offensive en Ukraine), et celle qui a été adoptée, jeudi soir.

Le Nicaragua – pourtant « hors de la sphère d’influence directe » de Moscou, selon Bertrand Badie, professeur émérite à Sciences-po Paris – est venu grossir les rangs de l’opposition dès le 12 octobre, lorsque l’ONU condamnait les « référendums illégaux » et réclamait la fin de l’annexion des régions de Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson. La traduction d’un « choix de convenance, lié à un besoin d’aide en provenance de Moscou », estime le spécialiste.

Le Mali est quant à lui passé du camp abstentionniste à celui du « contre » lors du dernier vote. Un changement de position qui peut s’interpréter comme « une fuite en avant de la part de la junte au pouvoir », qui s’aligne sur la Russie depuis quelques mois, juge Didier Billion, directeur adjoint de l’Iris (Institut de relations internationales et stratégiques). C’est aussi le signe « d’une forme de défi à l’égard des puissances occidentales et notamment de la France », complète Bertrand Badie.

Certes, la Russie ne parvient pas à rallier « le reste du monde » contre les pays occidentaux amis de l’Ukraine. Pour autant, « les anciennes puissances coloniales et leurs alliées ne peuvent plus influencer les positions d’autres pays comme avant », analyse Johanna Möhring.

Un constat notamment visible avec la France et le Mali, donc, mais aussi, de manière plus nuancée, avec l’Algérie, le Togo, le Gabon, ou encore la République centrafricaine, qui se sont tous abstenus. Le Burkina Faso n’a tout bonnement pris part à aucun des quatre votes sur le sujet.

Une stratégie suivie par le Sénégal ce jeudi. Bertrand Badie y voit « l’échec de la diplomatie française » ainsi que la preuve qu’un « écart se creuse entre ces États et le monde occidental ».

S’abstenir, une manière de s’affirmer
Le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan ou encore l’Ouzbékistan doivent quant à eux composer avec une situation ambiguë, qui se traduit par un refus de se prononcer dans un sens ou dans l’autre depuis un an.

D’un côté, « il y a une volonté de s’émanciper de la tutelle russe », mais en même temps, le pays reste « la grande puissance du secteur », remarque Didier Billion. Il ne faudrait pas se mettre Moscou à dos. L’abstention semble donc la solution la moins risquée.

La Chine fait également partie des pays qui se sont abstenus de voter les quatre résolutions concernant la fin du conflit en Ukraine. Pour Johanna Möhring, c’est le signe que le pays « tente de se servir du système onusien pour prendre une position centrale ».

Pékin « raisonne à long terme », abonde Didier Billion. Bien sûr, il y a « des points de vue convergents » avec Moscou, mais le pays est « gêné aux entournures par cette guerre, qui bouleverse une partie du commerce internationale ».

Pour certaines puissances moyennes, comme l’Inde, ne voter ni pour, ni contre est étonnamment une bonne manière de… s’affirmer. En agissant ainsi, le pays entend « déterminer souverainement sa politique extérieure, en se tenant à l’écart des grands pôles qui prétendent régir le monde », constate le directeur adjoint de l’Iris. Un choix d’autant plus logique que New Dehli a certes des liens anciens avec la Russie mais aussi de bonnes relations avec les États-Unis depuis de nombreuses années.

Pour Bertrand Badie, la « première leçon » à tirer du vote est « une stabilité forte » depuis le début de la guerre : le 2 mars 2022 comme ce jeudi soir, 141 États ont voté en faveur de la résolution. De quoi doucher les espoirs des Occidentaux, qui espéraient une amélioration visible, à l’occasion des un an du conflit.

Lucile Descamps

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

Articles Similaires

1 sur 300

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *