Faits divers

Prétextant un voyage en Europe, le maçon soutire plus de trois millions de francs à son ancien compagnon de cellule

Ibra Niane est maçon de son état. Il a rencontré la partie civile au moment où ils purgeaient ensemble une peine de prison à Rebeuss. Ils ont finalement sympathisé avant que Mouhamadou Sylla ne lui fasse part de son désir de voyager à l’étranger. A leur sortie de prison, Ibra Niane met en contact le plaignant avec une personne dénommée Mamadou Mbaye à qui il versera une somme de trois millions trente mille francs pour un voyage vers l’Europe.

Un faux visa est alors délivré à Sylla qui ne s’en rendra compte qu’au moment de quitter le territoire national. Mamadou Mbaye n’avait pas attendu pour disparaître dans la nature. Longtemps introuvable, Ibra Niane a fini par être alpagué avant d’être mis à la disposition de la justice.

Le procureur a requis six mois de prison ferme contre le maçon escroc qui a été finalement condamné à six mois assortis du sursis.

Récidiviste, Ibra Niane est un habitué de Rebeuss. Au moment où il y purgeait une peine de prison, il a rencontré Mouhamadou Sylla. Celui-ci, très ambitieux, voulait coûte que coûte réussir dans la vie afin d’aider sa famille. Pour cela, il voulait voyager vers l’Europe.

Sylla lui a alors promis qu’une fois dehors, il le mettrait en contact avec un vieux du nom de Mamadou Mbaye qui a l’habitude d’amener des gens dans différents pays européens. Quelques semaines après leur élargissement de prison, la partie civile prend contact avec le prévenu pour lui rappeler sa promesse de voyage.

Un premier rendez- vous est fixé au cours duquel Sylla a remis la somme de 500 mille francs à Niane tout en lui disant qu’il ne connaissait pas encore Mamadou Mbaye.

Un autre jour, après avoir encore reçu 500 mille francs, Ibra Niane lui propose de lui présenter la personne qui pourrait l’amener en Europe. Chose promise, chose faite. Mamadou Mbaye sera accompagné par le prévenu chez le candidat au voyage.

« Ce jour-là, je lui ai dit devant Mouhamadou Sylla que tout l’argent qu’il m’avait donné lui avait été remis. Ce dernier a même confirmé mes propos. Le reste des 3 millions 30 mille a été remis directement par le plaignant au vieux Mamadou Mbaye » a expliqué le prévenu à la barre.

Ces allégations ont été confirmées par la partie civile devant la présidente du tribunal. « J’ai effectivement versé directement quatre fois 500. 000 FCFA au vieux (…) Le jour où je devais partir vers 19 heures je n’arrivais plus à le joindre car le visa était faux. Puisque je n’arrivais plus à le joindre, j’ai alors porté plainte contre Ibra Niane » a-t-il soutenu.

Le maître des poursuites, faisant l’historique des faits, explique que la partie civile devait partir à une foire en Europe mais elle s’est rendue compte que tous les engagements pris n’ont pas été respectés (…) L’argent que le prévenu recevait était destiné à Mamadou Mbaye.

Ce prévenu, sur la base d’une fausse qualité, s’est fait remettre de l’argent. Il s’est comporté comme quelqu’un qui cherchait des clients pour Mamadou Mbaye, en cabale. Ces actes d’intermédiation peuvent ressembler à des actes de complicité. Je sollicite de disqualifier les faits d’escroquerie en complicité.

Puisqu’il n’a pas beaucoup appris de la prison en dépit de plusieurs incarcérations, je sollicite de le condamner à six mois de prison ferme » a requis le maître des poursuites. La défense, quant à elle, a plaidé la bonne foi de son client.

Pour l’excellent avocat Me Kayossi, la partie civile sait que les préposés à la recherche de visas ne sont pas habilités à le faire. « Le procureur a reconnu que mon client a fait une intermédiation qui n’est pas interdite par
la loi.

Mon client savait-il que Mamadou Mbaye envisageait de commettre une entreprise délictuelle ? La réponse coule de source (…) la partie civile et mon client sont naïfs pour n’avoir pas été soupçonneux. Le comportement de mon client est certes fautif mais cette faute est-elle pénale ? » s’est interrogé l’avocat.

En apparence, le tribunal a estimé que la réponse à cette question est « oui » mais a sans doute reconnu la bonne foi du prévenu puisque, après délibération, il l’a reconnu coupable des faits pour lesquels il était poursuivi et l’a condamné à six mois assortis du sursis.

Thierno Assane Bâ

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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